Le porte-parole du gouvernement, Yoshihide Suga, a confirmé mardi la mort de 50 personnes, tandis que deux autres étaient en arrêt cardio-respiratoire, un terme employé au Japon pour évoquer un décès pas encore officiellement constaté par un médecin.
Par ailleurs, 14 personnes étaient toujours portées disparues.
De fortes pluies devaient persister dans les prochains jours et traverser le pays d'ouest en est, a prévenu l'Agence météorologique japonaise, tout en abaissant d'un cran son niveau d'alerte inondations et glissements de terrain, qu'elle avait auparavant élevé au maximum.
"C'est une course contre la montre", a résumé Yutaro Hamasaki, un responsable de la région de Kumamoto, la plus durement frappée par les inondations dès samedi matin dans l'île de Kyushu, interrogé par l'AFP. "Nous devons vraiment accélérer la cadence car le temps presse. Nous n'abandonnerons pas".
Le Premier ministre Shinzo Abe a annoncé le doublement des effectifs de secours mobilisés (policiers, pompiers, gardes-côtes et membres des Forces japonaises d'autodéfense), passés à 80.000.
Chaussures flottantes
Des cours d'eau en furie ont balayé des ponts et rendu des routes impraticables à Kyushu, forçant les secouristes à intervenir en canots ou en hélicoptère seulement.
A Omuta (nord-ouest de Kyushu), des dizaines d'enfants ont passé la nuit de lundi à mardi à l'étage de leur école primaire, après l'inondation du rez-de-chaussée du bâtiment. Ils ont été secourus mardi matin.
"Les armoires à chaussures ont été emportées (par les eaux, NDLR) et des chaussures flottaient", a témoigné une fille de 11 ans interrogée par un journal local. "Des enfants pleuraient parce qu'ils s'inquiétaient de ne pas pouvoir rentrer à la maison et les fortes pluies leur faisaient peur".
Kentaro Oishi, qui propose habituellement des excursions de rafting aux touristes à Hitoyoshi, a expliqué à l'AFP avoir été appelé en renfort pour aider des habitants bloqués par les eaux. "Je fais du rafting depuis 20 ans, mais je n'aurais jamais imaginé" naviguer dans les rues de la ville".
Parmi les personnes décédées figurent 14 résidents d'une maison de retraite n'ayant pu évacuer alors que les eaux envahissaient le bâtiment.
"Tout le rez-de chaussée était inondé, nous n'avons pas pu y accéder. Certains (des résidents, NDLR) avaient réussi à se réfugier au premier étage. Je n'avais jamais rien vu de tel", a témoigné un secouriste à la télévision publique NHK.
Cloisons en carton
Les évacuations étaient encore compliquées par la crainte du coronavirus, même si le Japon a été relativement épargné jusqu'à présent par la pandémie, avec moins de 1.000 décès pour près de 20.000 cas au total.
La nécessité d'observer une distance physique a ainsi diminué la capacité d'accueil des centres d'hébergement d'urgence, alors que les recommandations d'évacuation - non obligatoires - concernent des centaines de milliers de personnes.
Dans la ville de Yatsushiro, les autorités ont transformé un gymnase en refuge, où les familles étaient séparées par des cloisons en carton pour prévenir la propagation du virus, a constaté un photographe de l'AFP.
Selon des médias locaux, certains habitants ont préféré dormir dans leurs voitures, par crainte d'être infectés dans un refuge.
Pour la vie économique locale déjà durement éprouvée par l'effondrement du tourisme à cause de la pandémie, cette catastrophe naturelle tombe au pire moment.
"Ce magnifique endroit a été bouleversé du jour au lendemain", a déclaré à l'AFP Yuji Hashimoto, responsable de l'office du tourisme de Yatsushiro, ville réputée pour ses onsen.
"Les dégâts dépassent l'entendement (...). C'est une double peine, alors que notre ville souffrait déjà de l'impact du coronavirus", a-t-il déploré.
La saison des pluies bat actuellement son plein dans l'archipel nippon, une période à hauts risques en matière d'inondations, coulées de boue et glissements de terrain.
Le changement climatique joue également un rôle car une atmosphère plus chaude retient davantage d'eau, accroissant le risque et l'intensité de précipitations extrêmes.
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