Avec cet universitaire - professeur d'histoire - de 52 ans sans étiquette politique, l'île volcanique de 365.000 habitants qui votait samedi a fait le choix de la continuité, douze ans après la faillite spectaculaire de ses banques en 2008, et à l'aube d'une nouvelle crise économique mondiale due au coronavirus.
"Je suis honoré et fier", a déclaré le vainqueur à l'AFP en marge de sa soirée électorale au Grand Hôtel de Reykjavik. "Pour moi, le résultat de cette élection est la preuve que mes concitoyens ont approuvé ma conception de cette charge. Et m'ont donné un mandat pour continuer à exercer mon rôle de la même façon que ces quatre dernières années", a commenté celui qui a réalisé le deuxième score le plus élevé à une présidentielle en Islande.
Selon les résultats finaux, Gudni Johannesson a récolté 92,2% des 168.821 voix exprimées, contre 7,8% pour son adversaire de droite populiste, Gudmundur Franklin Jonsson. Soit peu ou prou le score prédit par les sondages ces dernières semaines.
Une tendance écrasante qui a été uniforme à Reykjavik et en province.
Gudmundur Jonsson a rapidement reconnu sa défaite samedi soir. "J'envoie mes félicitations à Gudni et sa famille", a-t-il dit, reconnaissant n'avoir jamais vraiment cru faire un score à deux chiffres.
Ils étaient 252.217 électeurs à être invités à se rendre dans les bureaux de vote. La participation, qui avait atteint 75,7% en 2016, est ressortie en baisse à 66,9%.
"Choix facile"
Dans le régime parlementaire de l'île nordique, le chef de l'Etat a un rôle essentiellement protocolaire. Un seul véritable pouvoir lui revient, et il est important: un droit constitutionnel de bloquer la promulgation d'une loi et de la soumettre à référendum.
C'est dans le sillage de la crise financière de 2008 que cette forme de veto présidentiel avait été employée pour la première fois. Le président conservateur Olafur Grimsson avait déclenché deux référendums, en 2010 et 2011, sur un accord d'indemnisation des clients étrangers lésés par la faillite de leur banque, Icesave.
Après la Serbie dimanche dernier, et avant la Pologne et la France ce dimanche, l'Islande était le deuxième pays à organiser une élection depuis le début des mesures de confinement en Europe.
En dehors de mesures de précaution (distanciation de deux mètres et gels hydroalcooliques dans les bureaux), l'épidémie, pratiquement éteinte depuis des semaines dans l'île nordique, n'a pas eu d'impact.
Johannesson, plus jeune président élu depuis l'indépendance en 1944, a joui d'une forte popularité depuis son arrivée au poste en 2016. Il l'avait alors emporté face à huit candidats, avec 39,1% des voix.
"Je crois que ça a été le choix le plus facile de ma vie pour voter. J'avais décidé depuis longtemps" a confié une de ses électrices, Ragnhildur Gunnlaugsdóttir, 47 ans. "Pourquoi changer quand c'est bien", abonde Helga Linnet, une autre électrice quadragénaire.
Contrairement à son prédécesseur Grimsson, qui n'hésitait pas alimenter la controverse partisane, M. Johannesson a insisté sur le consensus pendant son bail à la résidence présidentielle de Bessastadir.
Consensus
Son unique rival peinait lui à fédérer avec son côté polémiste. Dirigeant depuis l'Islande un hôtel au Danemark, cet ex-agent de change à Wall Street de 56 ans s'était engagé en politique en 2010 en créant le parti de droite populiste Haegri graenir.
Dans un pays où le gros des pouvoirs repose sur le gouvernement et l'actuelle Première ministre de gauche écologiste Katrin Jakobsdottir, l'opposant Jonsson voulait rendre la fonction présidentielle plus active, en utilisant par exemple davantage le référendum.
Ce qui pour beaucoup serait une entorse à la tradition. "Je suis très content (...) parce que cela signifie que 92% des Islandais veulent ce type de président qui ne prend pas parti et est juste neutre", a expliqué Hjálmtýr Heiddal, un des électeurs interrogés à l'AFP au lendemain du scrutin.
Sans énorme enjeu, la présidentielle islandaise peut revendiquer une place à part dans l'histoire de l'égalité hommes-femmes. En 1980, elle avait conduit à l'élection de la première femme chef d'Etat au monde, en la personne de Vigdis Finnbogadottir, 90 ans aujourd'hui.
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