A Paris, sur une place de l'Etoile quasiment vide, Emmanuel Macron a présidé une cérémonie placée sous le signe du Covid-19, comme dans le reste du monde occidental, en cette année qui marque les 75 ans de la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Ses prédécesseurs Nicolas Sarkozy et François Hollande étaient notamment là, ainsi que le Premier ministre Edouard Philippe, la maire de Paris Anne Hidalgo et le chef d'état-major François Lecointre. Les mesures de distanciation ont été appliquées, évitant le port du masque aux responsables présents.
A l'issue de ce long week-end de trois jours, le pays entamera la sortie de deux mois de confinement d'une grande majorité de la population, mesure inédite et globalement respectée sur l'ensemble du territoire, permettant une nette décrue de l'épidémie. "Un processus très progressif, au minimum sur plusieurs semaines, pour sortir doucement mais sûrement du confinement", a souligné Edouard Philippe.
Selon le dernier bilan officiel jeudi soir, le virus a causé 25.987 décès depuis le 1er mars, soit 178 de plus sur les dernières 24 heures, dont 9.601 dans les établissements médico-sociaux et les Ehpad (+29).
La pression sur les services de réanimation continue de s'alléger, avec 186 patients atteints du Covid-19 en moins. Le total repasse ainsi pour la première fois sous la barre des 3.000 malades dans ces services, à 2.961.
"Confinement sur soi"
A partir de lundi, la France sera "divisée en deux", selon l'expression du Premier ministre.
Vu la circulation du virus et le risque de saturation dans les hôpitaux, quatre régions (Ile-de-France, Hauts-de-France, Grand Est et Bourgogne-Franche-Comté) sont classées en rouge sur la carte établie par le ministère de la Santé, ainsi que le département de Mayotte, où le déconfinement est même renvoyé au-delà du 11 mai et où le gouvernement va envoyer des moyens supplémentaires.
Cela place 32 départements au total et près de 27 millions d'habitants dans un confinement encore très contrôlé.
Et dans tout le reste du pays, en vert sur la carte, "il faut se garder de penser que tout est réglé, qu'il n'y a plus besoin de se laver les mains, qu'on peut s'embrasser, etc.", a mis en garde sur franceinfo la virologue Marie-Paule Kieny, membre du comité analyse recherche et expertise (Care) chargé de conseiller le gouvernement.
Pour éviter une nouvelle flambée de l'épidémie, "il faut absolument" que les gens "appliquent les gestes barrière, c'est-à-dire qu'ils passent d'un confinement chez soi à un confinement sur soi, penser que soi-même on doit se protéger, on doit protéger les autres", a insisté cette ancienne sous-directrice générale de l'OMS.
"Peu de marge"
"Il faut qu'on retrouve de l'oxygène pour, dans l'hypothèse où une deuxième vague arriverait, qu'on soit prêt. On a trois à quatre semaines devant nous, il faut les mettre à profit pour libérer voire créer des lits de réanimation", a déclaré de son côté sur TF1 Philippe Juvin, chef du service des urgences de l'hôpital parisien Georges Pompidou. "La situation reste tendue, nous avons assez peu de marge de manoeuvre", a-t-il averti.
La France "est prête pour tester massivement" les personnes présentant des symptômes du coronavirus ainsi que celles avec lesquelles elles ont été en contact, a assuré jeudi le ministre de la Santé, Olivier Véran.
Tout en desserrant l'étau, le gouvernement maintient ou instaure de nombreuses obligations dont le port du masque dans les transports en commun sous peine de 135 euros d'amende.
L'Etat va d'ailleurs mettre à partir de lundi "10 millions de masques à disposition des opérateurs de transport pour qu'ils les distribuent à leurs usagers", dont 4,4 millions pour l'Ile-de-France, selon le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner.
"Serrer les dents"
Car la situation s'annonce particulièrement délicate dans la région capitale, où le respect des règles de distanciation dans les transports publics va réduire drastiquement la capacité. Une attestation d'employeur sera requise pour circuler aux heures de pointe (6H30 à 9H30 et 16H00 à 19H00), selon la présidente de la région Valérie Pécresse.
Dans la région, "il faut serrer les dents trois semaines de plus", une phase décisive "pour savoir si on est capable d'étouffer le virus", a déclaré au Parisien Aurélien Rousseau, directeur général de l'Agence régionale de Santé.
Concernant les masques, le maire de Nice Christian Estrosi en a imposé le port dans l'espace public dans sa commune à partir de lundi, mais le Conseil d'Etat avait déjà retoqué en avril une décision similaire à Sceaux (Hauts-de-Seine).
Sur le plan économique, le déconfinement a commencé dès vendredi à la SNCF pour les trains grandes lignes, avec un redémarrage du service à 20%. Là aussi, avec port du masque obligatoire.
Dès lundi, ce sont "400.000 entreprises qui représentent 875.000 emplois qui vont rouvrir", a détaillé le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, citant salons de coiffure, commerces d'habillement, fleuristes et librairies.
Les centres commerciaux de plus de 40.000 mètres carrés pourront rouvrir, sauf en Ile-de-France, où M. Véran a demandé aux entreprises "de recourir au maximum au télétravail" et aux habitants de limiter leurs déplacements au strict nécessaire.
Et selon le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, "un million d'enfants" reprendront dès mardi le chemin de l'école, dans "80% à 85%" des 50.500 établissements du pays.
L'exécutif joue gros. La cote de confiance d'Emmanuel Macron chute de cinq points à 34% et celle d'Edouard Philippe s'effrite de deux points (34% également), selon un sondage mensuel Elabe diffusé jeudi.
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