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Faire le "tri" entre les malades, fardeau quotidien des réanimateurs

Coronavirus ou pas, choisir de placer ou non un malade sous respirateur artificiel est le lot quotidien des médecins réanimateurs. Mais l'épidémie actuelle risque de les contraindre à un "tri" à grande échelle soulevant des questions éthiques.

Faire le "tri" entre les malades, fardeau quotidien des réanimateurs
Un service de réanimation dans un hôpital de banlieue parisienne, en 2013 - FRED DUFOUR [AFP/Archives]

La pandémie de Covid-19 a déjà fait plus de 12.000 morts dans le monde et plus de 290.000 cas sont officiellement répertoriés.

Et les malades graves nécessitent une réanimation très lourde, provoquant une saturation des hôpitaux dans certains pays, qui pourraient s'étendre à d'autres. Dans ces conditions, quel patient doit bénéficier d'un respirateur ?

Des consignes de bonnes pratiques existent depuis longtemps, veulent rassurer les réanimateurs.

"On ne part pas de zéro, ce sont des décisions qu'on prend tous les jours", explique à l'AFP Bertrand Guidet, chef du service de médecine intensive réanimation à l'hôpital Saint-Antoine, à Paris.

Pour faire ce choix, trois critères d'évaluation, qui s'appliquent aussi pour le coronavirus: "le souhait du patient", son état de santé général et la gravité de la maladie, précise-t-il.

Concernant le souhait du malade, le médecin appelle d'ailleurs les familles à en discuter en amont, parce que la réanimation est "très lourde" pour les cas graves de covid-19, avec des séquelles importantes possibles en cas de survie notamment pour les plus fragiles.

"Vous vous retrouvez pendant trois semaines avec une machine qui respire pour vous, vous êtes endormis, vous êtes paralysés avec des curares", insiste-t-il.

Ainsi, qu'il y ait ou non assez de place, la réanimation peut être "déraisonnable", insistent les experts, notant que les malades peuvent alors être orientés vers les soins palliatifs.

Mais en cas de crise, des tremblements de terre aux vagues d'attentats, et bien sûr pour le coronavirus, les critères de réanimation peuvent se durcir, avec un afflux de patients face à des moyens limités.

"Oui, on va être appelé à prioriser les malades. Si on reprend les termes du président (français) Emmanuel Macron, on est en guerre, et bien ça s'appelle du tri, comme sur le champ de bataille où on laisse des blessés graves parce qu'on pense qu'ils vont mourir", souligne le Dr Guidet.

"A ce moment-là, on donne le respirateur à celui qui a le plus de chance de survie", explique à l'AFP le Dr Philippe Devos, réanimateur à Liège, en Belgique.

"Poids moral énorme"

"Dans la mesure des moyens disponibles, on essaiera que ce ne soit pas de la loterie", poursuit-il, mettant en avant un ensemble de critères à associer, comme l'âge et les maladies sous-jacentes.

Alors que le nombre de malades se multiplie, il faut également "tenir dans la durée", souligne le Dr Guidet. "Il ne faut pas que les malades qui se présentent maintenant soient privilégiés par rapport à ceux qui vont arriver dans une semaine ou 15 jours, il ne faut pas tout saturer tout de suite".

En Italie, pays désormais le plus touché au monde, les hôpitaux sont déjà saturés et les médecins font ce qu'ils peuvent.

"On ne peut pas tenter d'obtenir un miracle (...) On essaie de sauver seulement ceux qui ont une chance", racontait récemment au Corriere della Serra Christian Salaroli, réanimateur dans un hôpital de Bergame. "On décide par âge, par condition de santé. Comme dans toutes les situations de guerre".

Début mars, face à la saturation des hôpitaux italiens, la Société italienne d'anesthésie, réanimation et soins intensifs envisageait même une limite d'âge pour l'admission en soins intensifs.

Une recommandation qui ne fait pas l'unanimité. "L'âge seul, non", martèle le Dr Guidet, racontant avoir admis en réanimation une malade grave du Covid-19 âgée de 85 ans, sans aucun antécédent et parfaitement autonome jusque-là. Alors qu'un quarantenaire atteint d'une cirrhose au dernier degré et qui continue à boire n'y aurait pas sa place.

Ce sont les mêmes principes que pour les listes d'attentes des greffes d'organe, commente Arthur Caplan, de l'école de médecine Groceman de l'Université de New York.

"Des gens meurent tous les jours depuis des décennies parce qu'ils ne peuvent être transplantés", souligne le spécialiste de bioéthique à l'AFP. "Nous n'avons pas assez d'organes (...), le système est d'en donner à la personne qui a le plus de chance de s'en sortir".

Mais pour le coronavirus, malgré les règles ou recommandations, à la fin, c'est le réanimateur aux commandes qui prendra la décision, parfois en pleine nuit et en urgence, seul ou en équipe, estime-t-il.

Un "poids moral énorme" à porter, souligne le Dr Devos. "On fait de la médecine pour soulager les gens. Pas pour faire des choix sur qui peut vivre".

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