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"Tout maintenant est mort ici": la frustration des habitants à la frontière gréco-turque

Dans son champ d'abricotiers en fleurs, à quelques encablures de la frontière gréco-turque, Dimitris Boudikas se désole de la fermeture du poste frontalier de Kastanies, qui a mis un terme aux va-et-vient constants avec Edirne, attraction locale en Turquie voisine.

"Tout maintenant est mort ici": la frustration des habitants à la frontière gréco-turque
Des habitants dans un café du village grec de Kastanies, à la frontière avec la Turquie, le 7 mars 2020 - ANGELOS TZORTZINIS [AFP]

"C'est la première fois depuis des décennies que Kastanies ferme. Je crains que ça dure des mois", déplore ce septuagénaire, qui souligne "l'amitié" entre Edirne et Kastanies, à 7 km l'une de l'autre, de part et d'autre de la frontière.

Pour faire pression sur l'Europe dans le conflit en Syrie, la Turquie a décidé fin février d'ouvrir ses portes au passage des migrants, malgré la déclaration de 2016 entre Ankara et Bruxelles, qui avait endigué les flux migratoires.

Première victime de la politique d'Ankara, le village de Kastanies, dont le poste frontière (Pazarkule côté turc) a fermé, théâtre récemment d'incidents violents impliquant les forces policières turques et grecques ainsi que les milliers de migrants piégés.

A 500 mètres du verger de Dimitris Boudikas, la clôture et les barbelés du poste-frontière. A l'horizon, on aperçoit le minaret de la mosquée de la ville d'Edirne (Adrianoupolis en grec), qui attire habituellement des centaines de Grecs frontaliers avides de ses produits bon marché.

"Nous avions l'habitude d'y aller tout le temps, il y a un grand marché, j'avais des collègues jardiniers turcs, c'était notre quotidien", raconte Apostolos Lymperidis, qui tient une pépinière, en face de la ferme de Boudikas.

Sur la place du village de Kastanies, Mary Rossi, propriétaire d'un café, les yeux rivés sur le téléviseur, suit les nouvelles.

"La situation est grave, je ne crois pas que le problème va se régler rapidement", estime celle qui répond aux nombreux médias locaux et étrangers venus couvrir les incidents à la frontière.

Les Turcs d'Edirne "venaient ici pour boire ou manger, nous avions l'habitude d'aller souvent en face pour faire des courses, maintenant que la douane est fermée, tout est mort ici", déplore-t-elle.

Une théière orientale en bronze orne le comptoir de son café, "le cadeau d'une femme turque venue récemment visiter Kastanies avec sa famille", explique-t-elle.

Cible "facile"

A l'extrémité du nord-ouest de la Grèce, Kastanies, qui compte 600 habitants, reste l'un des villages les plus isolés du département frontalier d'Evros, bordé par le fleuve éponyme.

Du côté grec, seul centre urbain à attirer les villageois, la ville d'Orestiada de 18.000 habitants se trouve à 18 km.

Plus au sud, Kipi, le second poste frontalier entre la Grèce et la Turquie, est pourtant resté ouvert depuis le début de la crise. Pour Athènes, les migrants étaient "poussés" vers Kastanies par la Turquie.

Pour Dimitris Boudikas, c'était plus "facile pour la Turquie d'inciter les migrants à venir aux portes de Kastanies", car la fermeture de Kipi ou du poste-frontière turc avec la Bulgarie, "passages habituels des camions routiers, aurait causé l'écroulement du commerce turc" avec l'Europe.

Compte tenu des bonnes relations entre Ankara et Sofia, la Grèce, qui a des relations historiquement délicates avec la Turquie voisine, apparaît pour beaucoup comme une cible facile pour Ankara pour faire pression sur Bruxelles.

Il y a toujours eu des groupes de migrants qui traversaient la frontière et n'étaient que "de passage de Kastanies, à destination de Thessalonique (métropole du nord de la Grèce) puis d'Athènes pour aller ensuite en France ou en Allemagne", raconte Mary Rossi.

Dimitris Boudikas se rappelle d'une dizaine de personnes noyées dans le fleuve Evros il y a quelques années "en tentant de le traverser".

Mais maintenant, la situation "est plus dangereuse", renchérit Mary Rossi. "On dit qu'il y a des milliers de migrants qui attendent de passer et on ne peut pas y faire face".

Mais la commerçante dit se sentir "en sécurité": "Heureusement, il y a plein de policiers et de militaires envoyés pour sécuriser les frontières".

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