A cause de cette carence, la fréquence des chimiothérapies a ralenti.
Ce fut le cas à la clinique gouvernementale de son Chiapas natal, dans le sud du pays. Cela continue aujourd'hui à l'hôpital pour enfants "Federico Gomez", à Mexico, où elle a été admise.
Les médicaments sont venus à manquer en septembre et octobre 2018, puis en février 2019. A cela s'est ajouté la fermeture, en août 2019, de sept des 17 usines du plus important producteur et distributeur de méthotrexate au Mexique, un élément majeur des traitements administrés.
"Le nouveau gouvernement avait pourtant promis qu'il n'y aurait plus d'interruption des traitements", explique à l'AFP le père de Dhana, Israel Rivas. "Ce n'est pas le cas".
Et la situation s'aggrave. "Il n'y a pas eu une seule chimiothérapie possible en janvier", ajoute-t-il d'une voix nouée par l'inquiétude.
Dhana n'est pas la seule. Des parents de jeunes cancéreux ont pris contact avec son père via les réseaux sociaux. Ensemble, ils dénoncent la pénurie de méthotrexate, de vincristine et d'autres médicaments pour traiter cette maladie à travers le pays.
"A Federico Gomez, il y a 530 enfants concernés, mais dans tout le Mexique, il y en a beaucoup plus", s'emporte M. Rivas.
Il fait état de messages de parents vivant à Tijuana (nord), Oaxaca (sud), Puebla (centre), Mérida (est), Guadalajara (ouest), Minatitlan (sud), Acapulco (sud).
Selon les chiffres du ministère de la Santé, quelque 7.000 mineurs sont chaque année atteints de cancer.
S'ils bénéficient d'un traitement complet et rapide, le taux de survie peut dépasser 57,5% des cas.
Le Cancer n'attend pas
Mais pour Crisanto Flores, le père de Cristal, 3 ans et demi, le manque de médicaments est une option inconcevable.
De condition modeste, il a été contraint de déménager à Mexico afin que sa fille puisse y être soignée.
Et en janvier, il a traversé l'un des moments les plus critiques de la maladie de sa fille: le principal traitement nécessaire à la chimiothérapie de Cristal a manqué.
"Si la vincristine n'est pas disponible, la maladie va gagner du terrain", explique-t-il. La petite a déjà perdu l'usage d'un oeil.
Emmanuel Garcia, en Basse-Californie (nord), et Alejandro Barbosa, à Jalisco (ouest), vivent à près de 2.000 km l'un de l'autre.
Tous les deux se battent pour obtenir des médicaments.
"À Jalisco, il y a trois hôpitaux publics touchés par la pénurie de médicaments. Nous en achetons auprès de distributeurs certifiés par le gouvernement qui les convoient de l'étranger, ce qui est très coûteux", explique M. Barbosa de l'association "Nez rouge".
Le prix de la vincristine a grimpé en flèche en raison de la pénurie. En moins d'un an, il est passé d'environ 440 (22 euros) à 2.220 pesos (110 euros).
Emmanuel Garcia a lui aussi rejoint le groupe des parents depuis décembre.
"Et qu'en est-il des autres dans le sud du Mexique ?", s'insurge-t-il.
Une pénurie sans fin
Pour se faire entendre, le 22 janvier, un groupe de parents d'enfants malades a bloqué l'accès à l'aéroport de Mexico.
Le lendemain, le président Andrés Manuel Lopez Obrador a été contraint d'aborder le sujet, mais sans rien proposer.
"Nous ne manquerons jamais de médicaments", a-t-il promis sans plus de détails. Le gouvernement explique en partie la pénurie par le démantèlement de l'ancien système d'achats gouvernemental qui était rongé par la corruption. Ces personnes et les entreprises "volaient (l'Etat) depuis longtemps", a déclaré le chef de l'Etat.
Des manifestations réunissant quelques familles ont eu lieu ces derniers jours, mais sans grand écho.
A Merida, capitale du Yucatan (sud-est), Flor Gonzalez, mère d'un enfant cancéreux, Remi, vit dans l'attente.
"Les médecins appliquent des traitements incomplets", dit-elle en relatant le cas d'un enfant qui a rechuté en raison du recours à un médicament de substitution.
Au Mexique, plus de 26,4 millions d'enfants n'ont accès à aucun type de sécurité sociale.
Une "assurance populaire", en place depuis 2003 et annulée en 2020, était l'un des programmes permettant à ces enfants de se faire soigner.
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