Avec 3.239 tués, la mortalité routière dans l'Hexagone a atteint un chiffre "historiquement bas", s'est réjoui le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner, lors d'un déplacement près d'une autoroute dans l'Essonne. Le nombre d'accidents corporels et de blessés est également en baisse.
Des résultats qui sont le fruit "d'une politique volontariste", a-t-il martelé, en défendant l'abaissement de 90 à 80km/h de la vitesse maximale sur les routes secondaires.
Au total, "336 vies ont été sauvées" depuis l'entrée en vigueur de cette mesure en juillet 2018 sur 400.000 km de routes, a affirmé le ministre.
Statistiquement, la mortalité a quasiment stagné en 2019: la Sécurité routière a comptabilisé neuf morts de moins qu'en 2018 en métropole, soit une très légère baisse de 0,3%.
Onze morts ont par ailleurs été recensés en trottinettes, un chiffre mesuré pour la première fois en 2019.
En incluant l'Outre-mer, où l'abaissement à 80km/h ne s'applique pas partout et où la mortalité et les accidents augmentent, le bilan atteint 3.493 morts, soit cinq de plus qu'en 2018, deuxième année la moins meurtrière de l'histoire.
La référence reste l'année 2013 et ses 3.427 morts en France.
Après une hausse continue de la mortalité jusqu'en 2017, le gouvernement d'Edouard Philippe avait instauré l'abaissement à 80km/h, une mesure impopulaire dans de nombreux départements et parmi les "gilets jaunes".
Dans la foulée, l'année 2018 avait été marquée par une nette baisse de la mortalité dans l'Hexagone.
"Satisfaction: les routes de métropole n'ont jamais été aussi sûres qu'en 2019", a tweeté le Premier ministre. "Pas d'auto-satisfaction: la tendance n'est pas assez bonne en Outre-mer et nos routes emportent encore la vie de 9 Français chaque jour."
Départements frondeurs
Ce bilan provisoire de la Sécurité routière intervient précisément au moment où certains départements commencent à revenir aux 90km/h, conformément aux dérogations prévues par la loi mobilités promulguée fin décembre.
C'est notamment le cas dans la Creuse et le Cantal dès ce samedi. Selon un recensement de l'AFP en décembre, 25 départements avaient fait savoir leur intention de repasser aux 90 km/h.
"L'emballement politique et un peu politicien que nous avions connu au moment de la mise en place des 80km/h n'existe plus, sauf dans quelques départements", a estimé M. Castaner, en invitant les réfractaires "à évaluer aussi dans la durée les conséquences" d'un retour aux 90 km/h.
Aux termes d'une circulaire de l'Intérieur, les élus locaux doivent motiver leur décision et respecter certaines conditions avant de prendre une telle décision.
"Le 80km/h ne marche pas. S'il est censé sauver des vies, il doit faire mieux que l'époque où on roulait à 90, sinon ça n'a pas de sens", a réagi le délégué général de l'association 40 millions d'automobilistes, Pierre Chasseray, en référence à l'année 2013.
La mesure "ne fait baisser les morts que dans un département sur deux à peu près. Si ça fonctionnait, ça devrait marcher partout", argue-t-il.
Pour avoir moins de tués, il propose de "s'attaquer aux vraies problématiques de sécurité routière : alcool, stupéfiants, portable", en privilégiant "la prévention, comme en Angleterre", l'un des champions européens en nombre de tués par habitant.
Les départements réfractaires "nient l'impact de la vitesse sur le nombre de tués et envoient un mauvais signal, qui fait courir un risque majeur de remontée de la mortalité", rétorque Chantal Perrichon, présidente de la Ligue contre la violence routière.
L'amélioration observée "a été réduite par la casse des radars", ajoute-t-elle.
Au plus fort de la crise des "gilets jaunes", 75% du parc avait été endommagé, avait reconnu en juillet M. Castaner.
Mme Perrichon regrette "que l'administration s'obstine à les remplacer, au lieu de généraliser le contrôle par des radars embarqués dans des voitures banalisées comme en Angleterre".
Après une première expérience en Normandie, ce dispositif va être déployé en Centre-Val de Loire, dans les Pays de la Loire et en Bretagne.
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