Le tremblement de terre, qui a été ressenti dans plusieurs pays voisins, s'est produit vendredi à 17H55 GMT dans la province d'Elazig et a été mesuré à une magnitude de 6,7 par l'institut américain USGS.
A la mi-journée samedi, le ministre turc de l'Intérieur Süleyman Soylu a indiqué que le bilan provisoire était de 22 morts et plus de 1.000 blessés, ajoutant que 39 personnes avaient été extraites vivantes des décombres.
Parmi elles, une femme a été retrouvée quelque 17 heures après la secousse dans les gravats d'un immeuble du quartier de Mustafa Pasa à Elazig, selon un journaliste de l'AFP.
Dans ce quartier populaire aux rues poussiéreuses où deux immeubles résidentiels se sont effondrés, plusieurs centaines de personnes étaient rassemblées samedi, observant les secouristes dans l'odeur âcre émanant de braseros de fortune.
"Trois de mes proches sont coincés dans les décombres. Que Dieu nous vienne en aide. Nous ne pouvons rien faire, sauf prier", confie Mustafa, qui habite le quartier et a préféré passer la nuit dehors, par crainte des répliques.
"J'étais chez moi pendant le séisme. C'était tellement long !", dit-il. "Ma femme et mes deux enfants criaient. Moi, j'étais incapable de bouger", raconte-t-il, ajoutant que des voisins pris de panique ont sauté par la fenêtre.
"Fin du monde"
Juchés sur l'amas de béton plié et de poutres fracassées de l'un des deux immeubles de quatre étages écroulés à Mustafa Pasa, une vingtaine de secouristes déblaient méticuleusement les gravats, un seau à la fois.
Visage pressé contre une barrière de la police, Ayse Sönmez pleure en silence. "Ma soeur aînée", murmure-t-elle en désignant la ruine, incapable d'en dire davantage.
En face, une pelleteuse déblaie les décombres de l'autre immeuble, qui semble s'être effrité. Un canapé dépasse du monticule, au sommet duquel trône un couvercle de poubelle en plastique rose.
Postée devant une supérette non loin, Hayriye Durmaz, 32 ans, dit avoir vu les deux immeubles s'affaisser. "C'est comme si la fin du monde était arrivée", dit-elle en se frottant les mains pour les réchauffer. "Les voitures s'arrêtaient, les gens en descendaient et récitaient des prières".
Elle est interrompue par une autre ambulance quittant la scène sirènes hurlantes.
Plusieurs immeubles alentour, fissurés par la secousse, ont été évacués par précaution.
Si la plupart des habitants de Mustafa Pasa louent le travail des secouristes, certains accusent les autorités de chercher à minimiser la gravité de la situation.
"On nous dit que quatre personnes sont coincées sous les décombres de cet immeuble. Mais à moi seul, j'ai cinq proches qui y sont toujours !", lance ainsi Suat, 45 ans. "Il y avait quatre étages et trois appartements par étage. Je vous laisse imaginer le nombre de personnes".
2.000 secouristes
Selon la présidence turque, environ 2.000 secouristes ont été dépêchés dans la province d'Elazig et celle voisine de Malatya, elle aussi durement touchée.
Des gymnases, des écoles et des bibliothèques ont ouvert leurs portes pour accueillir les personnes ayant fui leurs maisons après le séisme.
Immédiatement après le tremblement de terre vendredi, des internautes s'en sont pris au "laxisme" des autorités en matière de normes antisismiques, une accusation que rejette le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan.
Samedi, le bureau du procureur d'Ankara a annoncé l'ouverture d'une enquête visant les auteurs de "provocations" sur les réseaux sociaux.
La ville d'Elazig, dont l'agglomération compte quelque 350.000 habitants, dont une importante communauté kurde, est régulièrement secouée par des tremblements de terre.
La Turquie est située dans une des zones sismiques les plus actives du monde. En 1999, un séisme de magnitude 7,4 avait frappé le nord-ouest du pays, faisant plus de 17.000 morts, dont un millier à Istanbul.
Le dernier puissant séisme à frapper la Turquie (7,1 sur l'échelle de Richter) s'était produit en 2011 dans la province de Van (est), faisant plus de 600 morts.
En septembre, un séisme de magnitude 5,7 avait touché Istanbul, la capitale économique du pays.
Les experts estiment qu'un tremblement de terre majeur peut à tout moment toucher cette ville de plus de 15 millions d'habitants, où l'habitat, souvent anarchique, n'est que rarement aux normes antisismiques.
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