Dans un entretien avec l'AFP à Barcelone, Ng réfléchit à l'avenir du mouvement de protestation dans le territoire semi-autonome situé au sud-est de la Chine.
En proie depuis juin 2019 à sa pire crise politique depuis sa rétrocession à la Chine en 1997, l'ex-colonie britannique a été ces derniers mois le théâtre de heurts violents avec la police.
"Je comprends pourquoi une partie de cette violence se produit, c'est la nature humaine", dit le juriste, écrivain et chroniqueur, paraissant beaucoup plus jeune que ses 48 ans, interviewé dans un hôtel.
"Quand la police te frappe si souvent et si agressivement, elle te pousse à répliquer", explique-t-il.
"Beaucoup de manifestants pensent que sans escalade (de la violence), il est très difficile d'attirer l'attention du gouvernement et de la communauté internationale mais je ne suis pas d'accord", tranche-t-il, alors que les protestataires de Hong Kong s'interrogent sur la meilleure stratégie à adopter.
"La violence est presque addictive", relève-t-il. Mais "les médias finalement se lasseront de couvrir la même histoire: visages en sang et cocktails Molotov dans les rues de Hong Kong".
"Et une fois qu'ils seront blasés, la seule façon d'attirer encore leur attention, ce sera d'augmenter le degré" de violence...
Or "je ne veux pas que cela arrive à Hong Kong", insiste l'avocat. "Une des valeurs fondamentales du mouvement lancé en 2014 est la désobéissance civile non violente et nous voulons vraiment poursuivre ça".
Né à Hong Kong, Jason Ng avait émigré avec sa famille au Canada. Après s'être formé à Toronto, aux Etats-Unis et en Italie, il est revenu en 2005 dans sa ville natale.
Ancien président à Hong Kong de l'association d'écrivains Pen club international, il coordonne actuellement un groupe d'avocats, en défense des droits humains.
Dès 2014 il s'était impliqué dans les manifestations d'étudiants ayant abouti au "Mouvement des Parapluies" et s'est lié d'amitié avec l'une de ses figures, Joshua Wong.
Tous deux publieront la semaine prochaine un livre conjoint.
Trop petit face à Goliath
Après des années de protestations massives et pacifiques, qui n'avaient pas permis d'obtenir de grandes concessions de Pékin, les manifestants ont adopté en novembre des tactiques plus agressives, avec des protestations et affrontements quasi quotidiens avec la police, ayant abouti à 7.000 arrestations.
Regardant en arrière, Ng valorise les succès obtenus: le retrait "miraculeux" en septembre du projet de loi du gouvernement local qui devait autoriser les extraditions vers la Chine ou la victoire écrasante des candidats pro-démocratie aux élections locales de fin novembre.
Depuis, "le mouvement de protestation a décliné", constate-t-il. "Beaucoup de gens disent que les choses se calment, que le mouvement peut être terminé, mais je ne suis pas d'accord".
"Je pense que les gens ont besoin de temps pour assimiler ce qui s'est passé au cours des sept derniers mois (...) Il est très important d'avoir ce temps de réflexion, avant de continuer".
À Barcelone, où les séparatistes catalans suivent avec fascination les évènements de Hong Kong, Jason Ng a rendu visite en prison à l'indépendantiste catalan Jordi Cuixart, condamné à neuf ans de prison pour son rôle dans la tentative de sécession de la Catalogne en 2017.
Il a également donné une conférence sur la désobéissance civile avant de se rendre en Norvège, où il participera à un concours littéraire.
"Ce n'est pas que nous ayons besoin d'un soutien international, c'est en réalité le seul moyen pour notre mouvement de l'emporter. Nous pensons que le seul avantage que nous ayons sur la Chine, c'est la pression internationale", affirme-t-il.
"Notre population de 7,5 millions d'habitants par rapport au total de la Chine est négligeable. Et notre contribution économique diminue chaque jour. Hong Kong à elle seule n'a pas de pouvoir pour lutter contre Goliath".
"C'est réconfortant de voir que le monde nous écoute, conclut-il. Mais au-delà de son attention, nous voulons son soutien".
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