Le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a annoncé cette décision rarissime lors des voeux du syndicat Unsa-Police. Il a déclaré "soutenir" la proposition du directeur de la police nationale de "démettre de ses fonctions" M. Illy.
Une décision qui devait prendre effet "dans la journée", selon une source proche du dossier.
M. Illy fait l'objet d'une enquête administrative de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN). Il est notamment soupçonné d'avoir utilisé son chauffeur et sa carte bancaire de service pour des activités et des frais non professionnels lorsqu'il était le DDSP du Bas-Rhin, selon une source proche du dossier.
Jean-François Illy, 55 ans, chevalier de la légion d'honneur et décoré de la médaille d'honneur pour acte de courage et de dévouement, a été en poste dans le Bas-Rhin de fin 2012 à début 2019. A Strasbourg, il a notamment eu à gérer l'attentat du marché de Noël le 11 décembre 2018, qui avait fait cinq morts et une dizaine de blessés, et la traque de l'assaillant Chérif Chekatt, abattu deux jours plus tard par les forces de l'ordre.
"Commissaire courage"
Il s'était également illustré plus tôt dans sa carrière alors qu'il était commissaire divisionnaire à Sarcelles (Val-d'Oise): Jean-François Illy avait en effet été surnommé "commissaire courage" par les médias après avoir été roué de coups par des jeunes qu'il tentait de calmer, lors des émeutes à Villiers-le-Bel en novembre 2007.
Il avait été gravement blessé et le président Nicolas Sarkozy, accompagné de la ministre de l'Intérieur de l'époque, Michèle Alliot-Marie, s'étaient alors rendus à son chevet.
Mais l'été dernier, un banal audit de la DDSP du Bas-Rhin par l'IGPN a précipité sa chute. Selon une source proche du dossier, cet audit a mis au jour des "anomalies" dans l'usage des voitures de l'administration, des cartes essence, des cartes achat ou encore de badges autoroutiers. Une enquête administrative est alors diligentée, toujours en cours, qui a mis en lumière d'importantes irrégularités estimées à plusieurs milliers d'euros, sur plusieurs années.
"Extrêmement craint au sein des personnels" de la DDSP du Bas-Rhin, M. Illy y menait "un management de la terreur, qui a conduit à ce que personne ne parle et qu'il y ait une sorte d'omerta autour de tout cela", a commenté une source policière locale.
"Narcissique"
Il "dirigeait tout d'une main de fer, toutes les décisions étaient prises par lui, aucune hiérarchie intermédiaire ne décidait. Il prenait tout pour lui, voulait être informé tout le temps, en direct, jour et nuit. Tout était centré sur son décisionnel", a ajouté cette source, reconnaissant toutefois que "d'un point de vue policier, il n'y avait pas grand-chose à lui reprocher".
"On est satisfait de la décision: que ce soit un tout petit gardien de la paix ou un grand directeur, elle montre que tout le monde est soumis aux mêmes règles", s'est réjoui pour sa part Emmanuel Georg, secrétaire régional Alsace d'Unité SGP Police FO, qui entretenait des relations très conflictuelles avec M. Illy.
"Personne n'osait venir nous voir pour nous dire: +il se passe cela+, personne ne nous donnait de preuve parce qu'ils savaient qu'ils s'exposaient à des coups de gueule sans nom", a déploré M. Georg, évoquant un "management archaïque".
DDSP adjoint des Bouches-du-Rhône du 2010 à 2012, M. Illy y a également laissé le souvenir d'un homme "narcissique" qui pouvait parfois "complètement péter les plombs" et faisait preuve "d'acharnement sur les subordonnés qui ne lui revenaient pas", selon une source policière à Marseille.
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