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Six mois après, des manifestants hongkongais sans regret malgré les sacrifices

Une a perdu son travail, les autres ont été mutilés, condamnés ou contraints à l'exil... Mais six mois après le début de la contestation pro-démocratie à Hong Kong, aucun de ces manifestants ne regrette son engagement.

Six mois après, des manifestants hongkongais sans regret malgré les sacrifices
Un manifestant lance le 17 novembre 2019 un cocktail molotov vers la police à l'université polytechnique de Hong Kong - Anthony WALLACE [AFP/Archives]

Sans précédent depuis la rétrocession à Pékin de l'ex-colonie britannique, le mouvement avait débuté le 9 juin, quand une foule estimée par les manifestants à un million de personnes avait envahi les rues de la mégapole pour dénoncer un projet, désormais enterré, de légalisation des extraditions vers la Chine.

L'exécutif local aligné sur Pékin est resté inflexible et la mobilisation a élargi ses revendications pour exiger des réformes démocratiques, et dénoncer les atteintes du pouvoir central chinois au principe "Un pays, deux systèmes", censé garantir les libertés hongkongaises.

En première ligne dans la gestion de cette crise, les forces de l'ordre ont opposé une réponse de plus en plus musclée à des manifestants désormais habitués à jeter cocktail Molotov et projectiles en tout genre.

Professeur à l'Ecole diocésaine pour filles, un établissement d'élite, Raymond Yeung rallie très tôt la contestation. Il est présent le 12 juin aux abords du Conseil législatif (Legco), le Parlement hongkongais, quand une manifestation gigantesque dégénére.

"Comment contribuer davantage?"

Un noyau dur de protestataires, décidés à en découdre, pénètrent ce jour-là dans la cour extérieure du LegCo, où devait être débattu le texte sur les extraditions, en jetant bouteilles, pavés et barres de fer sur les policiers.

Les forces de l'ordre ripostent à grand renfort de lacrymogènes contre ces radicaux avant de s'en prendre aussi à la foule pacifique, massée aux abords du complexe, une contre-attaque qui a contribué à attiser la rancoeur de la popultation contre sa police.

Encore aujourd'hui, Raymond Yeung ne sait pas exactement ce qui l'a atteint au visage ce jour-là, si c'était une balle en caoutchouc ou des projectiles en sachet.

Une chose est néanmoins certaine: ses yeux ont reçu de multiples éclats de verre provenant de ses lunettes pulvérisées. Sa vision à l'oeil droit n'est plus que de 30%.

Arrêté pour participation à une émeute, il a ensuite été libéré.

Aujourd'hui, il re regrette rien.

"Pas un jour ne s'écoule sans que je me demande comment je peux contribuer davantage à la cause", dit-il à l'AFP. "L'argent et les plaisirs matériels sont importants, mais plus aussi importants qu'avant."

"Je ne souris plus beaucoup"

Ryan, un étudiant de 19 ans, tient le même discours, lui qui naguère passait son temps sur les jeux vidéo ou à regarder du foot.

Il fait partie des 6.000 manifestants qui ont été arrêtés en un semestre de colère. Il a écopé d'une amende de 5.000 HKD (570 euros) pour avoir endommagé une poubelle.

"Avant ce mouvement, on disait que j'étais quelqu'un d'enjoué et d'optimiste, mais certains me trouvent désormais pessimiste", dit-il à l'AFP.

"Je ne souris plus beaucoup. J'ai du mal à sourire, car je pense aux autres manifestants qui ont été tabassés par les flics, qui ont été arrêtés mais pas encore libérés."

Il est en froid avec son père, un partisan du gouvernement, et nourri de réelles inquiétudes sur l'avenir du mouvement.

"Je me sens vraiment démuni", dit-il. "Je ne sais pas ce qui va se passer. C'est comme traverser une rivière en se risquant sur chaque pierre."

Pour beaucoup, la vie ne sera plus jamais la même.

Ancien employé du consulat de Grande-Bretagne, Simon Cheng s'est exilé à Londres après avoir été arrêté pendant deux semaines en août par les autorités chinoises.

"Les Hongkongais sont coriaces"

Pékin l'a accusé d'avoir sollicité les services de prostituées quand lui affirme avoir été torturé par des agents chinois qui entendaient lui arracher des informations sur les manifestations à Hong Kong.

"Je suis en exil et il est probable que je ne puisse jamais rentrer à Hong Kong", a-t-il dit à l'AFP dans un message sur Telegram.

Mais lui non plus n'a pas de regret.

"Je peux finalement être vraiment moi-même, m'exprimer, travailler librement, faire ce que je veux de ma vie, être un militant de la démocratie et des libertés."

Ancienne hôtesse de l'air, Rebecca Sy a perdu son travail, quand Pékin a fait pression sur les compagnies aériennes pour sévir contre les employés exprimant leur soutien au mouvement.

C'est en larmes qu'elle avait pris la parole en août devant les médias pour raconter que Cathay Dragon l'avait confrontée à ses publications sur Facebook où elle commentait la crise politique.

Elle aussi reste positive: "Nous écrivons chaque jour l'histoire depuis juin."

"Le gouvernement chinois pense que nous nous épuisons et que tout va se +régler+, mais il ne réalise pas à quel point les Hongkongais sont coriaces."

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