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L'Ethiopie s'enfonce dans la crise après les assassinats politiques

L'Ethiopie, théâtre de violences politico-ethniques ayant provoqué le déplacement de plus de deux millions de personnes, s'enfonce un peu plus dans la crise après les assassinats samedi du chef d'état-major de l'armée et de hauts responsables de la région Amhara.

L'Ethiopie s'enfonce dans la crise après les assassinats politiques
Le drapeau ethiopien est à moitié baissé en signe de deuil sur cette place d'Addis Abeba, le 24 juin 2019 - EDUARDO SOTERAS [AFP]

Que s'est-il passé?

Samedi après-midi, une réunion rassemblant les plus hauts responsables de la région Amhara a été prise sous le feu d'hommes armés.

Le président de la région Ambachew Mekonnen et un de ses conseillers sont décédés plus tard dans la journée de leurs blessures. Le procureur général de la région Migbaru Kebede a succombé lundi matin.

Quelques heures après l'attaque de Bahir Dar, dans une attaque séparée mais "coordonnée", selon les autorités, le chef d'état-major des forces armées éthiopiennes, le général Seare Mekonnen, a été tué par son garde du corps à son domicile d'Addis Abeba alors qu'il "menait l'opération" de réponse à la première attaque.

Un général à la retraite qui lui rendait visite a également été abattu.

L'éventuel lien entre les deux attaques ainsi que leurs motifs restent à éclaircir, mais de nombreux éléments pointent vers une manifestation, au plus haut niveau politico-militaire, des tensions ethniques qui secouent le pays.

Qui sont les auteurs?

Les autorités éthiopiennes accusent le chef de la sécurité de la région Amhara, le général Asaminew Tsige, d'avoir organisé l'attaque de Bahir Dar et d'avoir joué un rôle dans celle d'Addis Abeba. En fuite, il a été tué lundi par des policiers dans la périphérie de Bahir Dar.

M. Asaminew, un ethno-nationaliste Amhara, la deuxième ethnie la plus importante du pays après l'ethnie Oromo, a passé près d'une décennie en prison pour un présumé complot remontant à 2009, mais il a été libéré en 2018 dans le cadre de vastes programmes d'amnisties entrepris par l'ex-Premier ministre Hailemariam Desalegn, et poursuivis par l'actuel Premier ministre Abiy Ahmed.

Sa vision militariste et belliqueuse - il avait entrepris de former des milices Amhara dans l'optique d'affrontements avec des membres d'ethnies voisines, tels les Tigréens au nord et les Oromo au sud -, aurait valu à Asaminew Mekonnen de se trouver sur la sellette, estiment les observateurs.

"Il est possible que son éviction imminente, soutenue par le gouvernement fédéral (...) ait provoqué cette attaque mortelle", estime William Davison, expert du think tank International Crisis Group.

Pourquoi la région Amhara?

Les ethnies Oromo et Amhara ont été à l'avant-garde de deux ans de manifestations qui ont provoqué la chute du prédécesseur de Abiy Ahmed. M. Abiy a dès lors entrepris d'ouvrir l'espace démocratique, notamment en légalisant des groupes dissidents et en améliorant la liberté de la presse.

Mais cet assouplissement a également permis une expression plus libre des nationalismes et tensions ethniques, qui ont souvent pour enjeu des terres ou des ressources, et se sont traduites par des violences meurtrières dans le deuxième pays le plus peuplé d'Afrique (plus de 100 millions d'habitants).

"Abiy Ahmed est très bon dans ses relations avec l'étranger, et c'est quelqu'un de très malin, mais malheureusement pour lui, sa compréhension du fonctionnement de la politique éthiopienne n'est pas assez bonne", estime le chercheur français Gérard Prunier, spécialiste notamment de l'Ethiopie.

"Il a beaucoup trop sous-estimé la puissance des nationalismes ethniques, et en particulier celui des Amhara", poursuit le chercheur.

Il note que les Amhara, qui ont longtemps dirigé l'Ethiopie, notamment avec ses empereurs, ont très mal vécu la perte du pouvoir après la chute de la junte militaire communiste du Derg en 1991 au profit de la coalition du Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien (EPRDF).

S'agit-il d'une tentative de coup d'Etat?

Les autorités éthiopiennes ont affirmé dans la nuit de samedi à dimanche qu'une "tentative orchestrée de coup d'Etat s'est produite contre l'exécutif du gouvernement régional de l'Amhara", une des neuf régions autonomes d'Ethiopie dessinées sur les bases d'un fédéralisme ethnique.

Or, les observateurs s'accordent pour dire que si les intentions des auteurs restent peu claires, de nombreux traits caractéristiques d'un coup d'Etat sont absents de l'enchaînement des évènements de samedi.

"Il n'y a pas eu de tentative de coup d'Etat, car cela implique d'importants mouvements de troupes, ou la prise de contrôle de points stratégiques comme les aéroports ou les médias", souligne M. Prunier.

Les prochains défis de M. Abiy?

"Clairement, M. Abiy et son gouvernement doivent restaurer l'ordre et s'assurer que la situation ne se détériore pas, ou qu'elle ne devienne pas instable dans d'autres régions sensibles", soutient William Davison.

"M. Abiy, le gouvernement fédéral et la coalition au pouvoir doivent commencer par reconnaître l'ampleur de la crise politique", ajoute-t-il. "Il s'agit de la première étape en vue de régler les problèmes (...), et créer les conditions pour des élections (législatives) réussies l'année prochaine".

Pour M. Prunier, la tâche s'annonce très difficile, voire impossible, car la coalition de l'EPRDF sur laquelle s'appuie Abiy Ahmed "est moribonde". "Les partis qui la compose sont devenus très minoritaires au sein des ethnies qu'ils sont sensés représenter".

Les mouvances les plus populaires sont désormais nationalistes, remarque-t-il, craignant que la tenue d'élections en 2020 ne mette encore plus le feu aux poudres.

Et de conclure: "la situation en Ethiopie commence dangereusement à ressembler à celle de la Yougoslavie juste avant que n'y éclatent les guerres".

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