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Décision attendue au procès des médias ayant dénoncé les "agressions" de Denis Baupin

Rarement un procès en diffamation se sera à ce point retourné contre son instigateur: la justice dira ce vendredi si elle relaxe, comme l'a demandé la procureure, les journalistes poursuivis pour avoir donné la parole à des femmes accusant l'ex-député Denis Baupin d'agressions sexuelles et de harcèlement.

Décision attendue au procès des médias ayant dénoncé les "agressions" de Denis Baupin
L'ex-vice-président de l'Assemblée nationale Denis Baupin à Paris le 2 décembre 2015 - MARTIN BUREAU [AFP/Archives]

Il voulait "laver son honneur" mais n'est jamais venu à l'audience. L'absence de l'ancien élu écologiste a été tancée par la représentante du parquet, qui avait le 9 février salué "le courage" des femmes venues à la barre, au prix d'une douloureuse et nécessaire exposition publique.

"La seule qualité de ce procès aura été de mettre en oeuvre une impérieuse lutte contre le silence" qui entoure les violences sexuelles, avait conclu la magistrate, avant de demander la relaxe du site d'informations Médiapart et de la radio France Inter.

Au fil des débats, le procès de la presse s'était mué en charge contre l'ancien vice-président de l'Assemblée nationale. Huit femmes ont raconté des "SMS salaces", des "gestes déplacés" et des "agressions": "les deux mains sur les seins", le "pied coincé dans la porte", "une caresse très douce ressentie comme une grande violence".

L'audience a été le théâtre d'une douloureuse introspection au sein d'un parti revendiquant ses combats pour le féminisme et la parité.

Un affrontement entre la génération des pionniers comme Dominique Voynet qui n'ont "rien vu" et la jeune garde qui a regretté la "complaisance avec la violence". A l'image d'une Cécile Duflot en pleurs, livrant pour la première fois publiquement le récit d'une agression qu'elle avait tue jusqu'alors: "une abdication en rase campagne", a regretté l'ancienne secrétaire nationale des Verts.

"Un NON avec un smiley"

Les médias poursuivis avaient eux salué la "fin de l'omerta" pour des femmes en butte à la domination masculine. Pour Ellen Debost, une des prévenues, ce procès fut un moment où une parole déjà libérée "a commencé à être écoutée".

Et pourtant, cette affaire avait vocation à ne jamais arriver au tribunal.

Tout commence le 9 mai 2016, quand Mediapart et France Inter publient les premiers articles faisant état d'accusations d'agressions sexuelles ou de harcèlement par quatre femmes anonymes et quatre élues écologistes: Isabelle Attard, Annie Lahmer, Elen Debost et Sandrine Rousseau.

Le lendemain, la justice se saisit. Denis Baupin nie, arguant de "jeux de séduction" entre "adultes". Son avocat porte plainte pour diffamation le 11 mai.

En mars 2017, le parquet de Paris classe son enquête sans suite, considérant que si certains des faits dénoncés étaient "susceptibles d'être qualifiés pénalement", ils sont "cependant prescrits".

Au procès des médias, l'avocat de l'ancien élu écologiste, Me Emmanuel Pierrat, a plaidé une "drague lourdingue" qu'on "ne peut pas qualifier pénalement" et tout tenté pour pour décrédibiliser l'enquête journalistique et les témoignages.

"Parole contre parole, on ne peut pas trancher", avait lancé Me Pierrat, qualifiant le témoignage de Cécile Duflot de "vengeance" politique.

Une lecture du dossier qui avait suscité un rappel sévère de la procureure: "On ne fait pas le procès de M. Baupin. On ne peut pas non plus tordre l'enquête pour dire qu'il est innocent", avait-elle dit, ajoutant que la justice aurait bel et bien poursuivi l'ancien élu si les faits n'avaient pas été prescrits.

La défense avait de son côté dénoncé "un prédateur" et une "forme d'impunité" prolongée par son absence. "Un NON avec un smiley ne se transforme pas en oui", avait expliqué Isabelle Attard, la première à avoir parlé à Mediapart. "Nous sommes libres de disposer de notre corps. C'est ça le consentement et c'est ça que Denis Baupin n'a jamais compris."

Dans ce premier procès en France de l'ère post #MeToo, "il y a un verrou français à faire sauter", avait plaidé le directeur de publication de Médiapart, Edwy Plenel, venu défendre une enquête "minutieuse" et "exemplaire".

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