Présidentielle: Hollande, le rendez vous avec la France?

TD: La gauche a-t-elle connu une poussée au premier tour de l’élection présidentielle ?

MB: "Pas vraiment. Certes les candidats de gauche ont totalisé 43,8% des suffrages exprimés le 22 avril dernier au lieu de 36,4% le 22 avril 2007, soit 7,4 points de plus. La gauche connaît donc une forte progression. Mais la gauche éliminée le 21 avril 2002 obtenait alors 42,9% des suffrages exprimés. Il s’agit donc beaucoup plus d’un rattrapage, d’une remise à niveau, que d’une véritable  poussée."

Peut-on parler d’échec pour Jean-Luc Mélanchon ?

"Avec 11,1% des suffrages exprimés, Jean-Luc Mélanchon, le candidat de la gauche de la gauche, est loin derrière Marine Le Pen. Il a donc perdu son pari de la devancer. Néanmoins, Jean-Luc Mélanchon réalise un score supérieur à ceux des candidats d’extrême gauche et du PC réunis en 2007. Sans doute a-t-il été perçu par une partie de la gauche plus comme le candidat du souhaitable que comme le candidat du réalisable."

Où est passée l’extrême gauche ?

"L’extrême gauche a quasiment disparu : 1,2% des suffrages exprimés pour Philippe Poutou et 0,6% pour Nathalie Artaud, soit, au total, 1,8%. L’électorat d’extrême gauche a été d’autant plus facilement siphonné par la rhétorique anticapitaliste de Jean-Luc Mélanchon que l’extrême gauche est orpheline. Elle a perdu ses deux figures emblématiques : Olivier Besancenot et Arlette Laguiller."

Le succès de premier tour de François Hollande est-il celui du vote utile ?

"Oui, incontestablement. Il ne faut pas perdre de vue qu’à gauche le traumatisme du 21 avril 2002 reste très fort. Avec 28,1% des suffrages exprimés, François Hollande améliore de 2,5 points le score de Ségolène Royal en 2007. Il est parvenu à enrayer la percée électorale de Jean-Luc Mélanchon."

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