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La France en pleine "guerre du loup"

Furtifs et rusés, ils ne se laissent entrevoir que par les caméras piège, les yeux luisants dans la nuit. Ces loups qui fascinent les amoureux de la nature depuis leur réapparition en France sont devenus la hantise des éleveurs de brebis, qui somment le gouvernement d'agir.

La France en pleine "guerre du loup"
Les loups qui fascinent les amoureux de la nature depuis leur réapparition en France sont devenus la hantise des éleveurs de brebis, qui somment le gouvernement d'agir - JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN [AFP/Archives]

"En une nuit, on a perdu 10% de notre troupeau", confie à l'AFP Claire Lapie, éleveuse de 32 ans, à Séderon, dans la Drôme (sud-est).

Alors que l'espèce s'était éteinte dans les années 30 et restait cantonnée depuis aux contes pour enfants, le "canis lupus" est revenu depuis 25 ans sur le sol français, où il gagne du terrain comme dans toute l'Europe. Et déchaîne les passions.

Quelque 10.000 têtes de bétail ont été tuées cette année, 10% de plus qu'il y a un an. L'Etat finance 80% des mesures de protection et dédommage les pertes, mais en partie seulement.

Dans les collines de calcaire parsemées de genêts et de buis roussis par la sécheresse à Séderon, Claire Lapie élève des brebis depuis trois ans avec son compagnon Yann Rudant, 32 ans lui aussi.

"Une attaque de loup, on savait qu'un jour ça nous tomberait dessus. L'idée de la +part du loup+, une ou deux brebis, on l'accepte. Mais là, découvrir 15 brebis, mangées, égorgées ou agonisantes. C'est un cauchemar", raconte cette ancienne bergère fluette et brune.

Rien n'y a fait, ni le parc électrifié, ni les deux imposants chiens patous qui veillent. Et le jeune couple, qui s'est endetté sur douze ans pour acquérir 150 bêtes et construire une vaste bergerie de bois pour les mises bas, vit depuis dans l'angoisse d'un nouveau carnage.

'Exponentiel'

"Le nombre d'attaques est exponentiel", souligne Véronique Chauvet, éleveuse et maire du village de Saint-Auban-sur-l'Ouvèze, à quelques kilomètres de là, qui a perdu huit brebis en octobre.

"Il y a un grand découragement et une grande détresse. On se sent impuissant", dit cette édile proche de la retraite, inquiète pour l'avenir des cinq jeunes éleveurs de sa commune de 220 habitants.

Le pastoralisme, pratiqué par des milliers d'éleveurs en France et encouragé par l'Etat pour lutter contre l'embroussaillement et limiter les risques d'incendie dans ces régions arides, serait-il menacé ? Oui, estime Véronique Chauvet: "Si ça continue, dans dix ans, l'élevage va disparaître dans nos régions."

Spécialiste des prédateurs, Farid Benhammou explique que "dans les territoires où il y a toujours eu des loups", comme la Roumanie ou la Pologne, "on fait avec. On met ça au même plan qu'un accident, un troupeau qui tombe dans un ravin, une maladie ou bien un orage".

'Colonisation'

"Mais dans toutes les nouvelles zones de colonisation - en France ou certaines régions d'Italie ou d'Espagne - il y a de grosses tensions", souligne-t-il.

Strictement protégé par la Convention de Berne (1979) et une directive européenne de 1992, le canidé a gagné le nord des Alpes, mais aussi le sud méditerranéen et les Pyrénées orientales, frontalières de l'Espagne.

Une progression suivie de près par l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS).

Au volant de son 4x4, Cédric Arnaud, inspecteur de l'environnement de l'Office, sillonne les contreforts des Alpes-de-Haute-Provence. Parmi ses missions: collecter poils et excréments laissés par les loups, qui permettront de déterminer leur ADN et de les répertorier.

Comme ses collègues, il va aussi hurler au loup sur les crêtes chaque année au mois d'août pour tenter, en écoutant les réponses, de recenser les louveteaux nés au printemps.

Tous ces éléments, complétés par les images des caméras piège, permettent à l'ONCFS d'évaluer le nombre d'individus, estimé autour de 360 cette année, contre 292 un an plus tôt.

Pour freiner la progression du prédateur et tenter d'apaiser la colère des éleveurs, l'Etat a autorisé depuis 2004 l'abattage d'un certain nombre de loups - 40 cette année - mais dans des conditions très strictes.

Ces tirs dits "de prélèvement" sont jugés trop timides par les éleveurs, qui réclament plus de latitude. Les défenseurs du loup, eux, les pensent inefficaces car déconnectés des attaques.

"Il faut apprendre au loup à ne pas venir interférer avec les activités d'élevage. Mais un loup mort est un loup qui n'a rien appris", souligne Farid Benhammou. Effrayer ou blesser légèrement un loup par des tirs lors des attaques serait plus efficace, plaide-t-il.

Le débat sera tranché dans le futur "Plan loup" 2018-2023, dont les négociations tumultueuses reprennent mardi.

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