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De la gauche radicale au FN: des "trajectoires singulières" valorisées par un parti en refondation

"Avez-vous déjà été membre d'un autre mouvement politique?" La "grande consultation" par questionnaire des adhérents du FN s'adresse notamment à des militants venus de l'autre bout de l'échiquier politique: des "transfuges" de la gauche radicale, que le parti met régulièrement en avant, se targuant d'être transpartisan.

De la gauche radicale au FN: des "trajectoires singulières" valorisées par un parti en refondation
Ancien du Nouveau parti anticapitaliste (NPA), Aurélien Legrand, vice-président du groupe FN au Conseil régional d'Ile-de-France, le 14 octobre 2015 à La Plaine-Saint-Denis - MIGUEL MEDINA [AFP/Archives]

En lançant il y a deux semaines cette consultation, ouverte jusqu'à vendredi et destinée à faire émerger "un nouveau Front" en vue du congrès de mars, le FN avait présenté à la presse ses "ambassadeurs de la refondation".

Sur ces 18 "nouveaux visages", cinq sont des transfuges: deux issus de la droite, un du PS et deux de la gauche de la gauche. "Davy Rodriguez, sa cravate rouge en témoigne, nous vient du Front de gauche (FDG)", souriait alors le porte-parole Sébastien Chenu (lui-même ex-UMP). "Aurélien Legrand, lui, vient du NPA".

Valorisés, ces anciens de la gauche radicale sont-ils nombreux? "C'est un phénomène qui a commencé avec l'émergence politique de Marine Le Pen et s'est vraiment accentué lorsqu'elle a pris la présidence du parti", mais il n'est pas "de grande ampleur" et relève davantage de "trajectoires singulières", analyse Sylvain Crépon, sociologue spécialiste du militantisme FN. Les transfuges issus de la droite sont statistiquement plus nombreux.

Encarté à la LCR en 2007, Aurélien Legrand participe à la fondation du NPA, avec "l'ambition de créer le socialisme du XXIe siècle". Mais déçu, il claque la porte trois ans plus tard.

Enseignant "en banlieue", il réfléchit notamment aux "questions d'immigration et d'identité". Tombé "fortuitement" sur un discours de Marine Le Pen "consacré à la question sociale", il embrasse ses idées jusqu'à adhérer au FN, en 2014.

"Le système capitaliste se sert de l'immigration pour peser à la baisse sur les conditions de travail", argue le désormais vice-président du groupe FN au conseil régional d'Ile-de-France. "Le FN défend le droit des travailleurs. Français."

Comme lui, la dizaine de transfuges interrogés par l'AFP disent avoir été progressivement attirés par un discours "social", sur la "défense des travailleurs" et des "oubliés du système". Autre argument omniprésent: la perte de souveraineté française dans l'Union européenne.

"Conversion idéologique"

Toutefois, l'extrême gauche se fonde sur "la dimension universelle de l'humain, la référence à l'égalitarisme, à l'antiracisme", relève Sylvain Crépon.

Alors quand ces transfuges "franchissent le pas (du FN), il y a déjà eu une conversion idéologique". "Ils viennent beaucoup moins pour la question sociale que pour la question identitaire", présentée comme la solution aux problèmes des Français notamment par "la lutte contre l'immigration, les travailleurs détachés".

Davy Rodriguez a co-fondé le FN de Sciences Po Paris. "Quand j'étais au Front de gauche, j'avais déjà un peu de mal avec l'idée qu'il faille continuer à accueillir autant d'immigration", admet-il.

Pour lui, "impossible d'assimiler (...) les nouvelles populations" qui "se réuniss(ent) sur le plus petit dénominateur commun, l'islam, et la provenance géographique africaine".

Plusieurs interviewés apprécient au FN une certaine approche du terrain.

André, ancien "responsable de la propagande" du PCF dans les années 70, aime avant tout "aller au combat". Au FN, il a repris le porte-à-porte et mène ses propres campagnes. Il avoue être "toujours animé par le même démon".

"Le FN a peu à peu monopolisé la situation du parti qui veut tout chambouler", observe le politologue Pascal Perrineau.

De plus, il est "quasiment le seul parti qui propose des aventures politiques", note Sylvain Crépon. "Si vous êtes bosseur, intelligent, on va tout de suite vous confier des responsabilités", alors qu'à "l'extrême gauche, on a une carrière relativement marginale".

"Aymeric Merlaud (responsable FN de Maine-et-Loire) a tout un tas de projets pour moi", raconte Xavier Charrier, ancien militant communiste, adhérent FN depuis 2017, qui envisage de se présenter aux municipales.

"Avoir milité au NPA", par exemple, "c'est une école de la prise de parole, de l'organisation de manifestations", note le politologue Jean-Yves Camus.

"Stratégie de communication"

Le Front national est aussi "à la recherche de profils qui pourraient lui apporter une certaine respectabilité", analyse l'historienne Valérie Igounet, qui a co-enquêté pendant deux ans à Hayange où le maire FN, Fabien Engelmann, est un ancien de Lutte ouvrière.

"Des hommes qui proviennent d'une certaine gauche peuvent +dédiaboliser+ le parti et (...) donner une légitimité à son discours social ou prétendument social", détaille-t-elle, précisant que les premières mesures de Fabien Engelmann, élu en 2014, ne constituent pas "une politique sociale".

"Je crois que je suis le précurseur", estime Fabien Engelmann.

La médiatisation de ces transfuges contribue à une "stratégie de communication" pour "préempter l'idée que désormais le FN incarnerait les intérêts des ouvriers, avec un raccourci qui laisserait entendre qu'autrefois, l'extrême gauche (était) le représentant unique de la classe ouvrière", explique Joël Gombin, spécialiste du vote FN.

Au deuxième tour de la présidentielle, seulement 7% des électeurs de Jean-Luc Mélenchon se sont reportés sur Marine Le Pen (sondage Ipsos/Sopra Steria).

Pour Joël Gombin, le parti veut s'"ouvrir dans toutes les directions pour laisser penser que tous les milieux sociaux s(ont) pénétrés par l'adhésion au FN", ce qui sert son discours "ni droite ni gauche". Objectif? "Diluer ce qui reste assez profondément une identité marquée à la droite de la droite."

Mais il arrive que les convertis ne s'y retrouvent pas: José Evrard, ancien communiste élu député FN, a rejoint lundi les Patriotes de Florian Philippot.

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