En ce moment

Gérardmer (France) (AFP). Les couturières des Vosges, gardiennes d'un savoir-faire fragile

Ouvrières d'une terre de textile qui a vu le nombre d'emplois divisé par 10 en trente ans, les couturières des Vosges sont devenues gardiennes d'un savoir-faire précieux, qui séduit jusqu'au Moyen-Orient.

Gérardmer (France) (AFP). Les couturières des Vosges, gardiennes d'un savoir-faire fragile
Une couturière de Blanc des Vosges, à sa table de travail, le 25 janvier 2016 à Gerardmer - AFP
"Si on fait de beaux produits, c'est parce que derrière il y a des gens qui savent les faire", lance sans ambages Jean-François Birac, le PDG de Blanc des Vosges, entreprise spécialisée dans le linge de maison et fondée en 1874. A l'étage de l'usine, à Gérardmer depuis toujours, le patron se félicite que la marque ait quadruplé son chiffre d'affaire en 15 ans - et 20% du chiffre d'affaire est désormais réalisé à l'étranger, notamment en Asie du Sud-Est et au Moyen-Orient. "On est restés sur l'ADN de la marque, la garantie, le savoir-faire. Les Vosges, c'est une région connue pour ça", avance-t-il pour expliquer son succès. Depuis des décennies, la région est pourtant connue pour ses plans sociaux: en trente ans, le nombre d'emplois dans le textile est passé de 30.000 à 3.000. Blanc des Vosges a encore embauché six couturières en 2015. Aujourd'hui l'entreprise en compte 90, sur 130 salariés. Au rez-de-chaussée, le bruit des machines à coudre résonne. Les bouchons d'oreille sont de rigueur pour les ouvrières qui travaillent sur les derniers draps, taies ou housses de couettes - les hommes sont rares à cet étage. Des piles et des piles de tissus, du blanc classique aux motif colorés, attendent d'être coupés. Les plus fragiles le sont à la main, sans rien pour guider les doigts des ouvrières. Irène, chez Blanc des Vosges depuis 1974, a vu "les clients vouloir des choses plus précises, plus pointues. Avant c'était beaucoup juste du blanc, c'était moins diversifié", explique-t-elle en enfilant le gant en cote de maille qui protège sa main avant de suivre, à l'oeil nu, un trait de crayon à papier formant le patron d'un drap. Quelques mètres plus loin, Sophie Vincent, 18 ans d'entreprise, soulève les draps qui protègent les machines les plus précieuses de l'usine. Des italiennes, vieilles de plus d'un siècle. "Le jour où elles se cassent, on ne peut pas les remplacer, c'est fini", explique M. Birac. Délicatement, les doigts de la couturière guident le tissu. A la voir penchée sur l'ouvrage, on imagine la tension accumulée dans les bras, qui ne doivent pas trembler. "Il ne faut pas loucher non plus", sourit-elle. - "Savoir-faire ultra-précieux" - Le savoir-faire des Vosges, le jeune fabricant de jeans "1083", basé à Romans (Drôme), y tient aussi: c'est dans le massif qu'il fait filer ses tissus, explique son directeur, Thomas Huriez. "Le savoir-faire qu'on a réussi à trouver dans les Vosges est ultraprécieux. On a le sentiment que si on le perdait on aurait beaucoup de mal à le retrouver ou le reconstruire", explique le jeune homme, dont les jeans ne coûtent pas plus cher que d'autres produits à l'étranger. "Quand j'ai voulu créer ma marque, tout le monde m'a dit que ce n'était pas possible parce que le coût du travail était trop cher. Mais je me suis aperçu que le coût du travail n'était pas la seule cause: ce qui a changé c'est le modèle économique d'une filière qui connaît maintenant bien plus d'intermédiaires de distribution qu'il y a 50 ans", ajoute Thomas Huriez. Pour maintenir ce savoir-faire, il faudra séduire une nouvelle génération de couturières. Or le métier est dur, et souffre d'une mauvaise image, sans compter la faiblesse du salaire (un smic) et des perspectives d'évolution au cours de la carrière, reconnaît le patron de Blanc des Vosges. "Quand on visite une usine, c'est pas hyper sexy comme conditions de travail", admet Thomas Huriez. "On pense qu'il y a besoin de valoriser ces métiers, pas nécessairement financièrement mais humainement", ajoute-t-il. Pour cela, 1083 a intégré à tous ses jeans un QR code: lorsqu'il le flashe, le client a la photo de toutes les personnes qui ont travaillé sur le jean, du fileur à la couturière.

Newsletter

Restez informé ! Recevez des alertes pour être au courant de toutes les dernières actualités.
Réagir à cet article

L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.

En direct
Petites Annonces
Immobilier
Appartement 2 pièces meublé
Appartement 2 pièces meublé Toulouse (31000) 600€ Découvrir
GARAGE / GARDE-MEUBLE
GARAGE / GARDE-MEUBLE Allemans-du-Dropt (47800) 1€ Découvrir
Grand T1  avec place de parking à St Ferjeux
Grand T1 avec place de parking à St Ferjeux Besançon (25000) 580€ Découvrir
Villa à ST PRIEST (RHONE) à vendre
Villa à ST PRIEST (RHONE) à vendre Saint-Priest (69800) 430 000€ Découvrir
Automobile
Renault Kangoo
Renault Kangoo Noyal-sur-Vilaine (35530) 21 500€ Découvrir
4x4 haut de gamme
4x4 haut de gamme Andainville (80140) 21 000€ Découvrir
MERCEDES GLA 200 CDI
MERCEDES GLA 200 CDI Hazebrouck (59190) 16 500€ Découvrir
Twingo
Twingo Saint-Quentin-la-Motte-Croix-au-Bailly (80880) 2 500€ Découvrir
Bonnes affaires
ACHETE / Tissus anciens, beau linge brodé, dentelle
ACHETE / Tissus anciens, beau linge brodé, dentelle Saulieu (21210) 0€ Découvrir
Pergola verrière - T.B.E.
Pergola verrière - T.B.E. Brignais (69530) 1 200€ Découvrir
IPHONE 13 PRO MAX 512GB
IPHONE 13 PRO MAX 512GB Paris (75001) 150€ Découvrir
barre de son DENON
barre de son DENON Vernon (27200) 100€ Découvrir
L'application mobile de Tendance Ouest
Tendance Session
Inscrivez vous à la newsletter
Les pronostics avec Tendance Ouest
L'emploi avec Tendance Ouest
L'agenda des sorties de Tendance Ouest
Les concerts avec Tendance Ouest
Gérardmer (France) (AFP). Les couturières des Vosges, gardiennes d'un savoir-faire fragile