Les dirigeants français, russe, allemand et ukrainien travaillaient vendredi à Paris à faire avancer la paix en Ukraine, ex-république soviétique meurtrie par un an et demi d'un conflit séparatiste que Moscou est accusé d'avoir alimenté.
Les discussions, qui se tiennent dans l'ombre du conflit syrien au coeur d'un intense agenda diplomatique, pourraient déboucher sur un allègement dans les prochains mois des sanctions qui étranglent la Russie.
"Je vous garantis que nous n?allons pas y passer la nuit", a lancé M. Hollande au dirigeant ukrainien au début d'un entretien bilatéral avant la réunion, en référence au précédent sommet quadripartite à Minsk en février où les négociations avaient duré 17 heures. "Pourquoi pas !", a répondu en français son homologue, suscitant des rires parmi les délégations. "Il ne tient qu'à toi !", a rétorqué sur le même ton François Hollande.
Lors de cet entretien, M. Hollande a accepté une invitation à se rendre en Ukraine, selon le site internet de la présidence ukrainienne. Les deux hommes ont évoqué la situation dans la région industrielle du Donbass mais aussi dans la péninsule de Crimée annexée par la Russie l'an dernier.
Avant l'entame des travaux formels, un café a réuni les quatre responsables avec leurs conseillers sur la terrasse ensoleillée du Palais de l'Elysée, côté jardin, selon l'entourage du président français.
Depuis leur première rencontre le 6 juin 2014 en Normandie (France) pour tenter de résoudre une crise qui a déclenché les pires tensions entre la Russie et les Occidentaux depuis la Guerre froide, les quatre dirigeants s'étaient déjà retrouvés dans ce format à deux reprises.
Pour l'Ukraine, "le temps presse. Il faut travailler au plus haut niveau, créer un climat, +booster+ l'ensemble pour essayer de lever les obstacles" à l'application concrète des accords de Minsk 2 d'ici à la fin décembre, avait-on expliqué avant la rencontre de source diplomatique française.
Ces accords, conclus entre les mêmes protagonistes le 12 février dans la capitale bélarusse, visent à mettre fin à un conflit opposant les rebelles prorusses à l'armée ukrainienne, qui a fait plus de 8.000 morts dans l'Est ukrainien depuis avril 2014.
Le conflit ukrainien a conduit à l'isolement de la Russie, accusée d'avoir envoyé soldats et armes pour soutenir les rebelles du Donbass et visée depuis par de lourdes sanctions occidentales.
- 'Normalisation' -
"Beaucoup a été fait depuis (Minsk). Le plus important, le plus spectaculaire mais aussi le plus fragile, c'est le cessez-le-feu", souligne-t-on de source française. "L'ultime point des accords de Minsk, c'est la +normalisation+ en Ukraine, c'est-à-dire le retrait des forces stationnées dans ce pays et la sécurisation de la frontière russo-ukrainienne", dont 400 kilomètres sont aujourd'hui aux mains de séparatistes, ajoute-t-on de même source.
Cette normalisation passe aussi par des élections locales, qui permettraient de réintégrer le Donbass séparatiste dans l'ensemble ukrainien, et par l'octroi d'une plus grande autonomie à cette région dans le respect de la Constitution ukrainienne.
Ce processus politique, censé aboutir d'ici à la fin de l'année, avance très difficilement, les séparatistes entendant organiser les élections locales selon leurs propres règles et le Parlement restant divisé à Kiev sur le vote des mesures d'autonomie.
Le pouvoir pro-européen de Kiev réclame l'annulation des élections programmées par les séparatistes le 18 octobre à Donetsk et le 1er novembre à Lougansk ainsi que la libération de tous les prisonniers, dont la pilote militaire Nadia Savtchenko, au centre d'un procès très controversé en Russie.
Moscou pourrait de son côté espérer un allègement des sanctions qui pèsent fortement sur son économie si les accords de paix se concrétisent d'ici la fin de l'année. Les Européens doivent décider en décembre s'ils poursuivent cette politique de sanctions et selon quel format.
Ce sujet, qui inquiète au plus haut point les Ukrainiens, a été abordé lors d'un entretien téléphonique jeudi de MM. Hollande, Porochenko et Mme Merkel, a indiqué à l'AFP un responsable ukrainien sous couvert d'anonymat.
Kiev redoute que Moscou n'utilise la crise syrienne pour détourner l'attention de l'Ukraine et que les Occidentaux ne baissent la garde sur les sanctions s'ils coopèrent avec la Russie sur d'autes dossiers.
"La position de la France c'est que les sanctions doivent être levées si (l'accord de) Minsk est mis en oeuvre. C'est la même que celle de l'Allemagne et de l'Union européenne", a assuré un diplomate français.
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