L'aviation russe a mené mercredi ses premiers bombardements en Syrie à la demande du président Bachar al-Assad, Vladimir Poutine aassurant qu'il fallait prendre les "terroristes" de vitesse et les frapper avant qu'ils ne viennent "chez nous".
Ces frappes, dont les objectifs ont soulevé des doutes notamment à Paris, sont intervenues quelques heures avant que la Russie ne présente à l'ONU un projet de résolution visant à "coordonner toutes les forces qui font face à l'Etat islamique et aux autres structures terroristes".
Il y a "des indications selon lesquelles les frappes russes n'ont pas visé Daech" (acronyme arabe de l'EI), a déclaré à la presse à New York le chef de la diplomatie française Laurent Fabius, ajoutant qu'il "faudrait vérifier quels étaient les objectifs" des avions russes.
L'accélération de l'engagement de Moscou s'inscrit sur fond de bras de fer entre le président américain Barack Obama et son homologue russe sur le sort à réserver à Bachar al-Assad, "tyran" pour l'un et rempart contre les jihadistes du groupe Etat islamique (EI) pour l'autre.
Mécontent, le secrétaire d'Etat américain John Kerry s'est plaint auprès de son homologue russe Sergueï Lavrov et a jugé ces bombardements contre-productifs. Washington a toutefois estimé que l'intervention russe ne changerait rien aux missions anti-EI de la coalition.
- Moscou, au centre du jeu -
En frappant dans trois régions syriennes, la Russie prend une nouvelle fois les Etats-Unis de vitesse et rappelle qu'elle est un soutien indéfectible au président syrien, toujours au pouvoir après plus de quatre ans d'une guerre qui a fait plus de 240.000 morts.
La Russie, qui s'est replacée de manière spectaculaire au centre du conflit syrien et du grand jeu diplomatique, intervient aussi loin de son territoire pour la première fois depuis 36 ans: à l'époque, en 1979, il s'agissait pour les troupes soviétiques d'envahir l'Afghanistan.
L'annonce des frappes est venue de Washington avant d'être confirmée à Moscou par le ministère de la Défense. L'aviation russe a procédé à des "frappes de précision", détruisant notamment des "équipements militaires", des moyens de communication et des "stocks d'armes et de munitions" de l'EI, selon un porte-parole militaire russe.
Selon une source de sécurité syrienne, les frappes visaient "des positions terroristes" dans les provinces de Hama, Homs et Lattaquié, dans le nord-ouest et le centre du pays.
Les zones visées à Homs et Lattaquié sont tenues par le Front Al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda, et des rebelles islamistes, tandis qu'à Hama sont présents les jihadistes de l'EI.
"Le seul moyen de lutter efficacement contre le terrorisme international -- en Syrie comme sur les territoires voisins -- () est de prendre de vitesse, de lutter et de détruire les combattants et les terroristes sur les territoires qu'ils contrôlent et ne pas attendre qu'il arrivent chez nous", a justifié Vladimir Poutine lors d'un conseil des ministres, selon des propos retransmis à la télévision russe.
- Assad et l'opposition -
Le maître du Kremlin a parallèlement appelé Bachar al-Assad au "compromis" avec l'opposition tolérée par le régime.
"Le règlement définitif et durable du conflit en Syrie n'est possible que sur la base d'une réforme politique et d'un dialogue avec les forces saines du pays", a-t-il déclaré, ajoutant que le président syrien était "prêt à un tel processus".
Il a en outre affirmé que les bombardements étaient conformes au droit international puisqu'ils répondaient à une demande d'aide militaire formulée par la présidence syrienne, qui a confirmé qu'une lettre en ce sens avait été envoyée par Bachar al-Assad, à défaut d'une résolution à l'ONU.
Le président russe a également confirmé que le dispositif ne concernait que des frappes aériennes en soutien aux forces gouvernementales, excluant ainsi l'engagement de troupes au sol.
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