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Saint-Étienne (AFP). Devant le tribunal, l'octogénaire qui a aidé sa femme à mourir, assume son geste

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Saint-Étienne (AFP). Devant le tribunal, l'octogénaire qui a aidé sa femme à mourir, assume son geste
Jean Mercier le 13 janvier 2015 à Saint-Etienne - AFP/Archives
Il n'a pas de regrets, souhaite une condamnation et réclame une loi digne de ce nom sur la fin de vie: Jean Mercier, 87 ans, a assumé mardi devant le tribunal de Saint-Etienne les petits gestes qui ont permis à sa femme malade et dépressive de mourir en 2011. Josanne, 83 ans, souffrait de douleurs chroniques dues à l'arthrose depuis trois ans. Elle était également dépressive depuis 30 ans et avait fait plusieurs tentatives de suicide. Jusqu'au 10 novembre 2011, jour où son mari accepta de l'aider à décapsuler une quantité importante de médicaments et de lui apporter un verre d'eau, pour qu'elle les avale. Il avait attendu qu'elle décède pour appeler un médecin: un "geste d'amour", souligne le conseil de M. Mercier, Me Mickaël Boulay. Poursuivi pour non-assistance à personne en danger, Jean Mercier, qui souffre de la maladie de Parkinson et d'un cancer de la prostate, comparaissait mardi devant le tribunal correctionnel de Saint-Etienne. Avant l'audience, l'octogénaire, qui encourt cinq ans de prison et 100.000 euros d'amende, a dit qu'il n'avait "pas de regrets". "Je n'ai pas de regrets. Ce serait le cas si, au contraire, je ne l'avais pas fait" et "ce qui m'importe, c'est que la loi change car la mort est un sujet qu'on n'ose pas aborder sereinement", a-t-il expliqué. "La moindre douleur lui devenait insupportable", a-t-il raconté au sujet de son épouse. Devant le tribunal, l'octogénaire a assumé ces petits gestes et ces quelques moments où il avait laissé partir sa femme sans occulter les doutes qui furent les siens pendant plusieurs mois. Il a aussi confessé avoir connu par la suite "un apaisement incroyable, une vie plus pleine et un rapprochement avec (ses) enfants". Une position qui n'a pas eu l'heur de convaincre le procureur de la République de Saint-Etienne, Jean-Daniel Regnauld, qui a estimé que M. Mercier aurait pu, aurait dû, appeler les secours dans le laps de temps entre l'absorption de médicaments mortelle et le décès de son épouse. - Sursis requis - "Il avait possibilité d'agir et il ne l'a pas fait parce qu'il avait peur de se faire réprimander si elle revenait à la vie", a dit M. Regnauld. "Ce n'est pas très glorieux mais il avait peur d'elle", a ajouté le magistrat. "Qui est juge dans cette affaire? () Qui est le plus libéré des deux dans cette affaire ? (?) je crois en l?altruisme envers les inconnus plutôt qu'envers les proches", a déclaré M. Regnauld, suscitant la colère de la fille du prévenu, présente à l?audience. A l'encontre de l'octogénaire, dont la défense a plaidé la relaxe, le parquet a requis au moins trois ans de prison avec sursis. En réponse, M. Mercier a interpellé le tribunal: "Si vous pensez que je suis l'homme décrit par le procureur, je suis un lâche qui mérite la prison sans sursis." Le vieil homme, ancien de l'Indochine devenu contrôleur de barrages en construction, a pu compter sur le soutien de Jean-Luc Romero, président de l'Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD). Pour lui, Jean Mercier "est une victime de la loi française". En février, le tribunal de Saint-Etienne avait rejeté une Question prioritaire de constitutionnalité (QPC) soulevée par la défense, relative à l'assistance au suicide, qui estimait que la loi française devait intégrer les règles dégagées par la Convention européenne des droits de l'Homme, en faveur de l'émergence d'un droit au suicide assisté. Le débat sur la fin de vie devrait rebondir prochainement avec l'examen en deuxième lecture par l'Assemblée nationale d'un projet de loi rejeté en juin par le Sénat. Jean Mercier connaîtra, lui, la décision du tribunal de Saint-Etienne le 27 octobre.

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