Nazareth (Israël) (AFP). Israël: maintien en garde à vue d'une figure de l'extrémisme juif

La justice israélienne a ordonné mardi le maintien en garde à vue d'une figure de l'extrémisme juif tandis qu'un deuxième activiste de cette mouvance radicale a été arrêté après la mort d'un bébé palestinien vendredi en Cisjordanie occupée. Ces deux arrestations, peu après l'incendie criminel d'une maison palestinienne en Cisjordanie occupée qui a entraîné la mort d'un nourrisson brûlé vif, sont présentées comme la preuve de la détermination des autorités israéliennes à combattre les groupes les plus extrémistes. A Nazareth (nord d'Israël), un tribunal a décidé de maintenir en détention jusqu'à dimanche Meïr Ettinger, arrêté lundi et qui était ces dernières années l'objet d'une surveillance particulière du service de sécurité intérieure (Shin Beth) parmi les extrémistes juifs, selon les médias. En soirée, le Shin Beth a annoncé l'arrestation d'un autre extrémiste juif, Eviatar Slonim, "pour appartenance à une organisation extrémiste". Aucune autre précision n'a été donnée sur les soupçons pesant sur lui. Le suspect le plus connu, Ettinger, 23 ans, a-t-il quelque chose à voir avec l'incendie criminel qui a suscité la consternation et l'indignation en Israël et à l'étranger, et la colère dans les Territoires palestiniens ? Au tribunal, les mains libres entre deux gardes dans le box, il est en tout cas apparu détendu et s'est contenté de répondre par des sourires aux questions des journalistes admis avant l'audience à huis clos. "Tout ça, c'est de la poudre aux yeux, il n'y a rien dans le dossier", a clamé son avocat Yuval Zemer après les débats. Invoquant le black-out ordonné par les autorités sur l'information, il n'a rien dit lui non plus sur les raisons exactes de l'arrestation de son client. Ni la police, ni le Shin Beth n'ont dit après son arrestation si Ettinger était soupçonné d'implication directe dans l'incendie qui a tué Ali Dawabcheh, 18 mois vendredi près de Naplouse, ou mis en cause pour d'autres faits. - 'Force de la Torah' - La presse israélienne lie en effet Meïr Ettinger tantôt à un autre incendie criminel, le 18 juin contre l'église de la Multiplication des pains, un haut lieu du christianisme dans le nord d'Israël, tantôt à un projet d'attentats antipalestiniens en 2014. Le 30 juillet, il avait répondu le 30 juillet sur un blog au soupçon d'être à la tête d'une organisation extrémiste. "Cette histoire est une fabrication du Shin Beth pour dissimuler un mouvement populaire de la part de juifs forcés de passer à l'action devant la profanation perpétrée par l'Etat israélien qui autorise la présence d'églises chrétiennes et donc l'idolâtrie sur la terre sainte juive", disait-il alors. Il affirmait sa solidarité avec ces juifs qui "savent que leur droit sur la terre (d'Israël) provient de la force de la Torah, et non pas des lois de l'Etat". L'arrestation d'Ettinger, petit-fils du rabbin Meïr Kahane, fondateur du mouvement raciste anti-Arabes Kach et assassiné en 1990 à New York, était la première après l'incendie de la maison de la famille Dawabcheh. Les inscriptions retrouvées sur place et les témoignages désignent l'acte d'extrémistes juifs. - Réponse de Netanyahu - Depuis des années, des extrémistes juifs agressent, sous le label du "prix à payer", des Palestiniens et des Arabes israéliens et même des soldats israéliens, et vandalisent des lieux de culte musulmans ou chrétiens. Mais la mort d'Ali Dawabcheh a braqué les projecteurs depuis vendredi sur cet extrémisme juif violent et suscité des accusations de complaisance à l'encontre des autorités israéliennes. "Notre politique est celle de la tolérance zéro contre le terrorisme, d'où qu'il vienne", a assuré le Premier ministre Benjamin Netanyahu mardi en rendant visite à une Israélienne hospitalisée après une attaque au cocktail Molotov contre sa voiture lundi soir, comme il avait rendu visite au petit frère d'Ali Dawabcheh, gravement brûlé.