Les diplomates étaient engagés dimanche dans d'ultimes tentatives à Vienne pour éviter une prolongation des négociations sur le programme nucléaire de Téhéran, à la veille de la date butoir pour sceller un accord historique entre l'Iran et les grandes puissances.
La journée est décisive pour, soit arracher un véritable accord politique, soit envisager une nouvelle prolongation des négociations, qui serait très périlleuse politiquement.
"Il n'y a pas de discussion en cours sur une prolongation. Tout le monde travaille pour parvenir à un accord politique", a affirmé une source russe à l'agence de presse Ria Novosti. "Pour l'instant, toutes les négociations sont consacrées à la recherche d'une solution possible avant le +deadline+" de lundi soir, a confirmé une source iranienne, dans un climat frénétique de tractations quasiment ininterrompues.
Les chefs de la diplomatie américaine et iranienne, John Kerry et Mohammad Javad Zarif, se sont rencontrés en tête-à-tête dimanche matin pour la cinquième fois depuis jeudi soir, sous l'égide de la négociatrice européenne Catherine Ashton. De source iranienne, ils se retrouveront dans l'après-midi.
Leur homologue russe Sergueï Lavrov est attendu dans la soirée dans la capitale autrichienne pour tenter de débloquer les débats, de même que le Français Laurent Fabius et le Britannique Philip Hammond. Ces deux derniers doivent dîner avec M. Kerry et l'Allemand Frank-Walter Steinmeier.
- Prolonger,"un moindre mal" -
Mais à une trentaine d'heures de la limite imposée, et alors que des divergences profondes demeurent, tant l'Iran que les "5+1" (Allemagne, Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie) évoquent le scénario d'une éventuelle prolongation.
Les Etats-Unis ont ainsi admis pour la première fois samedi soir, à demi-mot par la voix d'un diplomate, envisager des solutions de substitution à un accord complet et définitif. Plus précise, une source iranienne a fait savoir dimanche à l'AFP qu'en cas d'échec, Téhéran serait prêt à prolonger de nouveau "pendant six mois ou un an" l'accord intérimaire de Genève de novembre 2013.
Cet accord expirant lundi soir a permis de lancer la négociation après 12 ans de tensions. Prolongé déjà une fois en juillet, il prévoit le gel d'une partie des activités nucléaires de l'Iran contre une levée partielle des sanctions internationales.
Le proroger encore "serait le moindre mal", a plaidé la source iranienne, en expliquant que le pire serait "un climat de confrontation avec une escalade de part et d'autre. Par exemple, qu'on réponde à de nouvelles sanctions par un développement du programme nucléaire."
La communauté internationale exige que l'Iran réduise ses capacités nucléaires afin d'exclure tout débouché militaire. Téhéran, qui soutient que son programme nucléaire est strictement pacifique, revendique son droit à une filière nucléaire civile complète et demande la levée des sanctions économiques qui l'asphyxient.
- Un accord "tôt ou tard" -
Un accord redonnerait du souffle à l'économie iranienne, en particulier grâce à la levée de l'embargo occidental sur le pétrole. Il ouvrirait aussi la voie à une normalisation des relations entre l'Iran et l'Occident, voire à des coopérations sur l'Irak et la Syrie.
Après près d'un an de dialogue, les points d'achoppement restant sont le rythme de levée des sanctions d'une part et d'autre part les capacités iraniennes à enrichir de l'uranium.
Toutefois, "aucune des parties ne peut se permettre un échec des discussions", juge l'experte en non-prolifération nucléaire Kelsey Davenport, de l'Arms Control Association. "Un bon accord est plus important qu'une date butoir", souligne-t-elle.
"Tôt ou tard, l'Iran et le 5+1 signeront un accord", a de son côté assuré Ali Akbar Salehi, chef du programme nucléaire iranien et ancien chef de la diplomatie, à la chaîne de télévision libanaise Al-Manar samedi soir.
A Vienne depuis jeudi soir, M. Kerry, dont l'administration bataille pour un règlement avec l'Iran, a multiplié les consultations sur place ou au téléphone avec ses homologues européens, turc et arabes et avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui redoute un rapprochement Washington-Téhéran.
John Kerry s'entretient aussi à Vienne avec son ami, le chef de la diplomatie saoudienne Saoud al-Fayçal, dont le pays est le grand rival régional de l'Iran.
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