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[Dossier] Le Havre. Avant le nouveau terminal, la croisière en plein boom

Paquebot. Plus de 150 paquebots sont attendus cette année au Havre, un record. Une économie parfois contestée, mais qui devrait encore se développer avec la rénovation du terminal croisières.

[Dossier] Le Havre. Avant le nouveau terminal, la croisière en plein boom
Le vendredi 19 mai, 600 passagers embarqueront à bord du Queen Mary 2.

"Wilkommen !" Stationné place Perret, Bouna Diarra, cofondateur de Bee Le Havre, accueille les croisiéristes allemands du paquebot AIDAPrima. Voilà sept ans que la société havraise propose des visites audioguidées de la ville, à bord de son minibus jaune. "Il n'y avait qu'une centaine d'escales maritimes lors de notre lancement. En 2023, on annonçait 192 paquebots au début de l'année, cela a presque doublé", se réjouit le chef d'entreprise. En réalité, le nombre de paquebots attendus a été revu à la baisse, avec notamment seize annulations liées à un retard de chantier et une dizaine d'escales annulées en raison des grèves contre la réforme des retraites. Mais l'année s'annonce tout de même exceptionnelle, selon Jean-Baptiste Gastinne, vice-président de Le Havre Seine Métropole en charge du tourisme : plus de 150 escales, "c'est un record absolu. On devrait atteindre les 400 000 passagers, en 2023." L'objectif affiché pour 2030 est d'atteindre les 600 000 voyageurs en escale, à la faveur du nouveau terminal croisières, dont les travaux débuteront à la fin de cette année.

Le bus jaune de Bee Le Havre fait le plein quand les croisiéristes sont en ville.

Être tête de ligne, un enjeu

Désormais, Le Havre accueille des navires toute l'année, notamment celui de la compagnie allemande AIDA. L'hiver, son paquebot si caractéristique, avec un visage peint sur la coque, est désormais rejoint par le MSC Virtuosa, de MSC Croisières, qui propose depuis deux ans des embarquements réguliers depuis Le Havre. À partir de la fin juin, c'est un tout nouvel acteur, la Compagnie française de croisières (CFC), qui proposera des escales au départ du Havre, avec son paquebot Renaissance, aux faux airs du France. "Les embarquements et débarquements au Havre sont un de nos objectifs, poursuit Jean-Baptiste Gastinne. Quand les gens démarrent leur croisière ou la terminent quelque part, les retombées économiques et sociales sont plus importantes encore." Ce développement, auquel s'ajoutent les 192 escales fluviales sur la Seine, favorise notamment les voyagistes, autocaristes ou sociétés de taxis. "C'est une sécurité, avec du travail touristique régulier. La Normandie attire de plus en plus de monde", constate Louis Mazars, directeur commercial de l'entreprise yvetotaise Hangard, qui emploie 220 salariés, entre ses sept agences de voyages et sa société d'autocars. Bouna Diarra, de Bee Le Havre, le rejoint : "La ville du Havre devient une destination touristique à part entière." Bien référencée sur les réseaux sociaux, la société au bus jaune enregistre même des réservations de croisiéristes "avant même les escales". Si les croisières maritimes sont "plus aléatoires" pour l'autocariste Hangard que le fluvial, "elles ont l'avantage de dynamiser des périodes plus creuses". Le marché au départ du Havre est encore en développement, mais constitue "une nouvelle offre de proximité qui rend le voyage plus simple et permet de rassurer la clientèle". Y compris sur une gamme plus luxueuse, avec la Cunard, qui affrète le célébrissime Queen Mary 2. Le paquebot embarquera 600 passagers au Havre, vendredi 19 mai, pour un voyage transatlantique vers New York.

Autocaristes, taxis, guides… Ce sont les retombées possibles de la croisière.

Renaissance, comme un air du France

Le Havre. Renaissance, comme un air du France
CFC a investi dix millions d'euros pour transformer l'ancien paquebot Maasdam à son image. Il entrera sur le port lundi 8 mai. - CFC

Avec quatre mois de retard, la Compagnie française de croisières (CFC) lancera officiellement sa saison avec le paquebot Renaissance, au Havre, jeudi 29 juin.

Avec sa coque noire et son étrave effilée, il n'est pas sans rappeler le France, emblématique paquebot transatlantique. Renaissance prendra la mer à la fin du mois de juin, au Havre, après deux reports consécutifs de son baptême, en raison de retards sur son chantier de rénovation. Ce bateau de croisière battra pavillon français, "une première depuis 1984", aiment à rappeler Clément Mousset et Cédric Rivoire-Perrochat, cofondateurs de la Compagnie française de Croisières (CFC).

L'ambiance des voyages au long cours

Avec pour port d'attache Marseille, il desservira Le Havre à hauteur d'une vingtaine d'itinéraires par an, de février à août, direction l'Irlande, l'Islande, l'Espagne et le Portugal, les îles Anglo-Normandes, la Norvège. "Deux autres choix s'offraient à nous : le port de Calais ou celui de Cherbourg, indique Clément Mousset. Par rapport à Calais, Le Havre nous fait gagner une journée de navigation pour desservir le sud de l'Europe."

Quant au port du Cotentin, il pâtit de son manque d'infrastructures routières et ferroviaires pour "arriver rapidement", depuis Paris notamment. "Au Havre, c'est comme s'il y avait le train au pied du paquebot, poursuit le cofondateur. Et puis, c'est le port emblématique de l'épopée transatlantique." Car le duo entend faire goûter à ses passagers l'ambiance des voyages au long cours d'antan.

La gastronomie française à l'honneur

La compagnie a investi vingt millions d'euros pour des travaux techniques et la décoration du paquebot, qui s'appelait autrefois Maasdam. À bord, pas de tyrolienne, de toboggans géants ou de simulateur de surf. Outre les deux piscines (dont une avec toit amovible), le théâtre, le café-bibliothèque, le piano-bar, l'auditorium de 200 places, Renaissance compte… des terrains de pétanque et une zone de sport doux (yoga, pilates). Il y a 629 cabines, de 16 à 97 m2, dont une centaine de cabines individuelles, sans supplément sur le prix. Il y aura au maximum 1 100 passagers à bord, avec un équipage francophone de 560 personnes. "Nous avons investi à un niveau sans pareil pour la gastronomie", affirme Clément Mousset, cofondateur. Huîtres et fromages normands seront au menu. Le gestionnaire du bateau va par ailleurs travailler avec une cave havraise.

Les agences de voyages locales ont aussi été sollicitées pour travailler avec CFC. "Cela fait appel à l'imaginaire autour du France, il y a beaucoup de nostalgie", constate Anne-Sophie Lecarpentier, directrice générale de la société lillebonnaise Périer Voyages, qui accueille positivement l'arrivée de ce nouvel acteur. "Les départs régionaux rassurent les clients, cela permet d'éviter des frais d'acheminement, poursuit-elle. Nous travaillons aussi avec Croisieurope, MSC, etc. Mais ce sont des concepts différents, qui touchent davantage les familles."

Une première saison amputée

Côté réservations, l'objectif initial des 34 000 passagers ne pourra pas être rempli pour cette première année d'exploitation, en raison des reports. Avant le second, annoncé fin avril, Clément Mousset indiquait faire face à "une situation attentiste au niveau du réseau de distribution". La compagnie avait donc misé, avant le printemps, sur une campagne de publicité, notamment dans le métro parisien et à la télévision. "On a vraiment envie de développer un partenariat avec Le Havre", affirmait alors Clément Mousset, qui redoute toutefois l'impact des futurs travaux sur le terminal, empêchant les triples escales. Le 3 septembre prochain, Renaissance sera ainsi contraint de "se réfugier" à Honfleur, la place étant déjà occupée par le Queen Mary 2 et le Riviera.

MSC Croisières : "Le Havre est le port de Paris, une opportunité inouïe"

Le Havre. MSC Croisières : "Le Havre est le port de Paris, une opportunité inouïe"
Patrick Pourbaix est le directeur général France de la compagnie MSC.

Patrick Pourbaix est le directeur général France de la compagnie MSC.

Pourquoi avoir choisi Le Havre comme port d'embarquement, depuis l'hiver 2021 ?

"L'initiative vient au départ des marchés britannique et allemand, qui ont été des locomotives pour notre croisière hivernale vers 'Les perles de l'Europe' que sont Zeebruges en Belgique, Amsterdam aux Pays-Bas, Hambourg en Allemagne et Southampton au Royaume-Uni. Ce programme permet aux passagers de découvrir les marchés de Noël du nord, très réputés, puis de profiter, au printemps, d'une période plus calme que l'été dans les grandes villes, loin des fortes chaleurs."

Avez-vous atteint vos objectifs ?

"La première année, nous embarquions environ 200 passagers par escale, près de 300 cette année. Nous n'étions pas loin d'atteindre les 5 000 embarquements au Havre, mais les cinq derniers départs ont été annulés en raison des grèves. C'est regrettable, mais nous savons que c'est une conséquence du climat national. Cela ne nous démoralise pas. Nous reviendrons en force l'an prochain, au Havre, avec un bateau de la même taille, l'Euribia."

Comment percevez-vous l'arrivée
d'une compagnie concurrente, CFC ?

"Nous sommes ravis de voir d'autres acteurs partir d'ici, ils nous aident à lancer ce marché. Je suis convaincu que l'on passera de quelques centaines aujourd'hui à quelques milliers de passagers qui embarqueront au Havre, d'ici quelques années. C'est le port de Paris, une opportunité inouïe, notamment pour les croisiéristes américains. Ils sont la deuxième nationalité à embarquer, après les Français. Ils en profitent pour découvrir les plages du D-Day."

Un terminal neuf et moderne en 2025

Le Havre. Un terminal neuf et moderne en 2025
Le nouveau terminal croisières du Havre entrera en service en 2025. - Vize rending for Enia Architectes

Cent millions d'euros vont être investis sur la pointe de Floride, au Havre, pour bâtir trois terminaux de croisières modernes.

Sur la pointe de Floride, les vieux hangars du terminal croisière contrastent avec le faste des paquebots qui accostent au Havre. D'ici 2026, ce site, qui fait face au quai de Southampton et sa célébrissime catène de conteneurs, aura totalement changé de visage. Sur la partie sud, les hangars 12 et 13 existants seront réhabilités et étendus pour créer les terminaux 2 et 3. L'ouverture est prévue début 2025. "Nous avons imaginé le bâtiment de façon qu'il puisse servir d'équipement public quand il n'y aura pas de croisières, pour accueillir par exemple des concerts, colloques, etc. dans les salles de bagages", précise Brice Piechaczyk, de l'agence parisienne Enia Architecture, qui travaille sur le projet avec l'atelier Bettinger-Desplanques, basé au Havre.

Un lieu de promenade

Sur la partie nord, les hangars 1, 2 et 3 existants seront démolis pour laisser placer au terminal 1, permettant l'accueil des paquebots jusqu'à 330 mètres de long. Son ouverture est programmée pour l'automne 2025. "Sa toiture sera accessible, offrant un belvédère sur l'entrée du port et le centre reconstruit, où l'on pourra boire un verre, écouter un concert…", indique l'architecte. "Un point de vue exceptionnel qui n'existe pas aujourd'hui au Havre", selon Édouard Philippe. Au centre, une allée végétalisée, ouverte là encore au public, sur 320 mètres.

Cette reconversion de la pointe de Floride coûtera au total cent millions d'euros.

Une industrie de la croisière qui a aussi ses opposants

Le Havre. Une industrie de la croisière qui a aussi ses opposants
Le collectif Pas Que Beaux avait lancé la lutte en musique, le 30 septembre dernier, après la présentation du projet de terminal.

Créé à l'automne dernier, le collectif Pas Que Beaux s'oppose à la rénovation du terminal croisières, une industrie jugée polluante.

À quelques semaines de sa croisière inaugurale, la Compagnie française de croisières (CFC) pensait s'afficher pendant quatre jours sur le Volcan du Havre, par un système de projection. C'était sans compter l'intervention du collectif Pas Que Beaux pour faire cesser ce qu'il qualifie de "publicité sauvage" sur un bâtiment emblématique du centre-ville reconstruit, classé à l'Unesco. Alertée par les militants, la municipalité a demandé l'arrêt la projection, qu'elle n'avait pas autorisée.

Pas convaincus par l'électrification

Une victoire pour Pas Que Beaux, qui s'est toutefois lancé dans un combat bien plus complexe : il s'oppose à la rénovation du terminal croisières du Havre, qui doit débuter à la fin de l'année. "On veut accueillir 200 paquebots au Havre, c'est l'équivalent de 10 millions de tonnes de CO2", déplorait Grégoire Théry, membre du collectif, au micro de Tendance Ouest, lors du lancement officiel du projet, fin septembre. L'électrification des quais, qui permettra de brancher trois paquebots simultanément, ne convainc pas les opposants. "Un paquebot branché, c'est l'équivalent de la consommation électrique d'une ville de 10 000 à 15 000 habitants, au moment où l'on nous demande d'être sobres énergétiquement", pointe le collectif. Il invite plutôt à réfléchir à l'électrification des quais dédiés aux porte-conteneurs, "plutôt que de dérouler le tapis à rouge à une industrie polluante".

Face à ces critiques, particulièrement fortes à Marseille, où l'association Stop Croisières se fait régulièrement entendre, les compagnies développent des technologies moins gourmandes en énergie. "Nous sommes des transitionnistes hyperactifs", affirme Patrick Pourbaix, directeur général France de MSC Croisières. L'an prochain, elle déploiera au Havre un paquebot propulsé au gaz naturel liquéfié (GNL), l'Euribia. "Ce n'est pas la réponse ultime mais une transition, qui permet de réduire de 25 % le CO2 et de supprimer à 85 % l'oxyde d'azote, 99 % l'oxyde de soufre et toutes les particules fines." Patrick Pourbaix pointe aussi les efforts en matière de gestion des déchets et de l'eau, grâce à un système de dessalinisation. Le paquebot Renaissance de la compagnie CFC est quant à lui équipé de scrubbers (système de lavement des fumées), de filtres catalytiques, d'un système de gestion des eaux usées ou encore de branchements électriques à quai. Les cofondateurs annoncent un effort sur la consommation de carburants. S'il peut naviguer à 22 nœuds en vitesse de croisière, les itinéraires du paquebot sont conçus pour avancer à une vitesse inférieure à 14 nœuds.

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