La circulation du virus causant la maladie "reste intense" en France, selon le point épidémiologique publié vendredi par Santé Publique France (SPF), qui souligne toutefois un début de décélération.
Selon Daniel Levy-Bruhl de la direction des maladies infectieuses de SPF, compte tenu d'une faible progression du taux d'incidence (nombre de nouveaux cas sur 100.000 habitants sur 7 jours) sur la semaine du 9 août, on peut émettre l'hypothèse qu'on serait parvenu à "un mini-plateau" en métropole dans la quatrième vague de l'épidémie.
En revanche, aux Antilles, la situation est "très critique en Martinique et Guadeloupe", avec des taux d'incidence "extrêmement élevés (respectivement à plus de 1.000 et environ 2.000 cas contre 245 pour 100.000 en moyenne en métropole, ndlr), des capacités hospitalières saturées et un excès important de la mortalité".
Plus de 400 personnels soignants ont été dépêchés vendredi après-midi vers la Martinique et la Guadeloupe, après l'envoi d'environ 120 autres mardi, a constaté un journaliste de l'AFP à l'aéroport. Des évacuations sanitaires vers la métropole sont en outre prévues pour tenter de désengorger des hôpitaux débordés.
"Bénéfice du vaccin"
Les Antillais sont "en train de réaliser la sévérité de la vague et les bénéfices du vaccin", a déclaré le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon qui assistait au départ des renforts.
Les taux de vaccination sont encore très faibles dans les Antilles avec environ 20% seulement de personnes complètement vaccinées.
Si une décrue paraît s'amorcer en métropole malgré une hausse des hospitalisations (plus de 2.000 patients en soins critiques jeudi soir sur plus de 10.000 hospitalisés) et des décès (112 de plus jeudi soir), liée à la flambée de l'épidémie dès le début de l'été, le retour des vacanciers prévu à partir de samedi et l'approche de rentrée scolaire inquiètent.
Les signaux d'amélioration en métropole découlent, selon Daniel Levy-Bruhl, de la "couverture vaccinale très honorable" atteinte avec désormais 70% de Français primo-vaccinés.
La progression a été très forte chez les 12/17 ans qui peuvent se faire vacciner depuis la mi-juin et étaient déjà 54,6% au 17 août à avoir reçu une première injection, contre 24% à la mi-juillet. En outre, les personnels soignants, qui étaient à la traîne, sont bien mieux vaccinés désormais (à plus de 80%).
Autres facteurs ayant contribué à cette "évolution positive": les mesures barrière, le pass sanitaire généralisé à tous les établissements recevant du public depuis le 9 août, et le traçage des cas contacts, énumère M. Levy-Bruhl.
La grande inconnue concerne la rentrée scolaire dans un contexte où le variant Delta est trois fois plus contagieux que les souches précédentes, ce qui fait des enfants des vecteurs de transmission.
Le retour des vacances, la rentrée, tout cela va "rebattre les cartes" avec une "activité sociale plus intense" qui peut "influer sur le taux de transmission", selon M. Levy-Bruhl, qui a recommandé des "protocoles très stricts" dans les écoles, surtout pour les moins de 12 ans qui ne peuvent pas être vaccinés.
"Dans le déni"
Pour l'épidémiologiste Mahmoud Zureik, signataire d'une tribune au Monde parue jeudi, le ministre de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer est "dans le déni" en pensant que les plus petits se contaminent moins à l'école qu'en famille.
Sur l'antenne de France Info, il a déploré aussi des défaillances dans le dépistage scolaire.
"On ne recommande pas de faire le dépistage à l'école parce que probablement on ne sait pas le faire. C'est comme pour le masque: quand il y avait une pénurie, c'était inutile et quand il y avait des masques, c'est devenu obligatoire".
Avant le retour en classe dans dix jours, "il faut sécuriser les écoles pour protéger les enfants", a-t-il martelé, jugeant indispensable d'établir rapidement les conditions (en présence, à distance ou en formule mixte) dans lesquelles se fera la rentrée puisque "le niveau actuel de circulation virale est cinq fois plus élevé" qu'en septembre 2020.
Tout aussi essentiel à ses yeux: "il faut mesurer la qualité de l'air". "Quand le niveau de CO2 est élevé, il faut aérer en ouvrant les fenêtres. Et quand ce n'est pas possible, il faut fournir des purificateurs d'air", a-t-il dit.
Dans le protocole sanitaire publié fin juillet, ces dispositions ne sont que "recommandées", alors qu'il faudrait, selon l'expert, les "systématiser".
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