En ce moment

Au phare de Cordouan, "on attend toujours le dernier moment pour fermer la porte"

International. C'est quand se referme la lourde porte de bois du phare de Cordouan, alors que la marée montante vient lécher l'escalier de pierre, que l'isolement commence : les visiteurs repartis, il ne reste que deux hommes, chargés de bichonner cet édifice candidat au patrimoine mondial de l'humanité.

Au phare de Cordouan, "on attend toujours le dernier moment pour fermer la porte"
Le phare de Cordouan à marée basse, le 10 juin 2021 au Verdon-sur-Mer, en Gironde - Philippe LOPEZ [AFP]

"On attend toujours le dernier moment avant de fermer et d'être isolés", souffle Nicolas Quezel-Guerraz, l'un des gardiens de ce temple maritime.

Les flots mêlés de l'Atlantique et de la Gironde encerclent le phare, les côtes girondines et charentaises se détachent au loin et la journée de travail de Nicolas et de son collègue Thomas Dalisson, qui viennent de guider quelques dizaines de visiteurs dans ce lieu quadricentenaire, continue.

Au programme : ménage (notamment cuivres, laitons, boiseries et parquets), petite maintenance (huisseries, électricité, plomberie) ou vérification des réserves (huile, gazole pour les générateurs, eau douce de récupération pour la douche et la vaisselle).

"Balayer, ça reste un des boulots qu'on fait le plus souvent", explique Thomas, pieds nus en cette chaude journée. "Cordouan, c'est une vieille baraque en pierres au milieu de l'océan , elle perd beaucoup de poussière, même si les récents travaux ont permis de changer beaucoup de pierres attaquées par le sel."

"C'est sympa de balayer dans un tel endroit", assure Nicolas, sous la voûte de la chapelle, où la lumière filtre par les vitraux.

Il faut aussi nettoyer minutieusement les plaques de verre de la lanterne, à 67 mètres en surplomb de l'eau.

Le mécanisme est automatisé, mais l'ampoule de 250W qui génère le faisceau lumineux, doit parfois être changée. "Et là, on est content d'avoir rallumé le phare!", ironise Thomas.

"On vit avec les éléments"

A ces tâches s'ajoutent l'assistance aux secours en cas d'échouements dans cette zone périlleuse, la surveillance du site pour éviter pillage ou vandalisme et, surtout, l'accueil du public (avril-octobre) et d'ouvriers l'hiver.

Car Cordouan s'est refait une beauté pour l'Unesco, dont la décision de classement au patrimoine mondial de l'humanité est attendue à partir de samedi.

"Et quand il n'y a plus rien à réparer ou nettoyer, il y a la mer à regarder", glisse Thomas Dalisson.

Auparavant, face aux visiteurs, il louait sur un ton badin sa "vie idyllique" en montrant le quartier des gardiens : "lambris aux murs, parquet au sol, chauffage en hiver...". Sans parler de la cuisine équipée.

Avec quatre autres collègues, Thomas et Nicolas effectuent des rotations d'une à deux semaines, pour autant de repos à terre, et toujours en binôme. Ils sont employés par le Syndicat mixte pour le développement durable de l'estuaire de la Gironde, gestionnaire du phare.

Une vie qui intrigue. "Les questions des gens, c'est plutôt +Votre femme, elle en dit quoi ?+" que +D'où vient ce marbre?+", remarque ainsi Nicolas, 43 ans, lunettes de soleil sur le front.

Il a commencé cette année : "C'est un choix de vie de quitter sa famille la moitié du temps. Mais on n'est pas aussi isolé que ça, avec les ouvriers l'hiver, le public l'été". Il dit même se sentir davantage reclus chez lui, dans la maison qu'il retape dans le Médoc, qu'au phare.

"Pas un jour ne ressemble à un autre, que ce soit la météo ou l'activité. C'est excitant de ne pas savoir de quoi la journée sera faite", dit-il. "On ne prend pas notre voiture pour venir travailler. On vit avec les éléments, on est tributaires d'eux", notamment pour la relève et l'approvisionnement par bateau.

Thomas, 38 ans dont cinq à Cordouan, était cuisinier à Bordeaux mais a préféré ce métier unique par "envie de changement, de sérénité, de vivre plus en rapport avec la nature".

Et celle-ci le lui rend bien. Notamment, dit-il, quand après une nuit à la belle étoile, le soleil se lève et le phare "devient rouge".

Galerie photos

Newsletter

Restez informé ! Recevez des alertes pour être au courant de toutes les dernières actualités.
Réagir à cet article

L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.

En direct
Petites Annonces
Immobilier
Chambre meublée, idéale jeune travailleur
Chambre meublée, idéale jeune travailleur La Tronche (38700) 390€ Découvrir
Location garage
Location garage Nieul-le-Dolent (85430) 105€ Découvrir
Location BOX/CONTENEUR
Location BOX/CONTENEUR Nieul-le-Dolent (85430) 99€ Découvrir
Logement en colocation pour 3 personnes de 72m²
Logement en colocation pour 3 personnes de 72m² Strasbourg (67000) 450€ Découvrir
Automobile
Toyota Yaris IV Première 2021 en très bon état
Toyota Yaris IV Première 2021 en très bon état Lyon (69001) 22 900€ Découvrir
4 pneus DUNLOP SPORT MAXX RT 2 – état récent – à saisir
4 pneus DUNLOP SPORT MAXX RT 2 – état récent – à saisir Le Plessis-Robinson (92350) 150€ Découvrir
BMW 325i E36
BMW 325i E36 Veyrier-du-Lac (74290) 10 000€ Découvrir
RENAULT 5 GT TURBO
RENAULT 5 GT TURBO Talloires-Montmin (74290) 18 000€ Découvrir
Bonnes affaires
Chaise de bureau Seattle – Confort, design & vérin à gaz NEUF
Chaise de bureau Seattle – Confort, design & vérin à gaz NEUF Le Plessis-Robinson (92350) 80€ Découvrir
Scie à bûches
Scie à bûches Bouix (21330) 350€ Découvrir
Echelle 3 plants
Echelle 3 plants Bouix (21330) 1 200€ Découvrir
Fauteuil en rotin
Fauteuil en rotin Carcagny (14740) 50€ Découvrir
L'application mobile de Tendance Ouest
Inscrivez vous à la newsletter
Les pronostics avec Tendance Ouest
L'emploi avec Tendance Ouest
L'agenda des sorties de Tendance Ouest
Les concerts avec Tendance Ouest
Au phare de Cordouan, "on attend toujours le dernier moment pour fermer la porte"