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Percer le mystère du "sang des glaciers", les microalgues de montagne

International. Au printemps, elles colorent de rouge la neige comme une scène de crime: dans les pentes du col du Galibier (Hautes-Alpes), une poignée de scientifiques prélèvent des microalgues et débutent, à 2.350 mètres d'altitude, un vaste programme de recherche.

Percer le mystère du "sang des glaciers", les microalgues de montagne
Algue d'altitude "sanguina" visible le 18 juin 2021 près de Villar d'Arêne, dans les Alpes - PHILIPPE DESMAZES [AFP/Archives]

Malgré cette couleur vive qui intrigue les montagnards depuis l'Antiquité, Sanguina, de son nom latin, ou "sang des glaciers" pour des locaux, est l'une de ces algues unicellulaires d'altitude très mal connue des spécialistes.

Une équipe de chercheurs basés à Grenoble compte mieux connaître ces micro-organismes "avant que les choses ne changent trop vite et qu'on ne puisse plus les comprendre," explique Eric Maréchal, directeur du laboratoire Physiologie cellulaire et végétale au CEA-Grenoble et meneur de ce projet, Alpalga.

En raison du réchauffement climatique, cet écosystème de montagne "est en train d'évoluer très vite, il y a urgence à l'étudier", poursuit-t-il.

Selon des témoignages de locaux recueillis, ces apparitions rouges sont de plus en plus fréquentes sur la neige au printemps.

Un vendredi matin de juin, sur les pentes partiellement enneigées du vallon de Roche Noire, ils sont une poignée à chercher dans la neige ces bloom, taches ocres où se concentre suffisamment Sanguina pour être visible à l'œil nu.

Ce printemps, ces plaques rougeâtres de quelques dizaines de centimètres sont peu visibles, recouvertes par un manteau jaune pastel, dépôt de sable du Sahara tombé en fin d'hiver.

Mais il leur faut absolument en trouver quelques-unes et les marquer au GPS: à partir du printemps prochain, les scientifiques viendront prélever la neige au fil des semaines, avant que cette couleur ne se forme, pour les analyser et récupérer des données.

"On est parti pour 10 ans"

Ce travail de terrain, de collecte d'informations brutes, constitue la première brique de la science, indispensable à la construction de la connaissance.

La science a besoin de données: la petite équipe collecte également ce jour-là acidité, conductivité et réfléchissement de la neige - les algues rendent la neige plus sombre, ce qui la fait fondre plus vite.

L'enjeu est de taille pour les chercheurs car ils pensent avoir trouvé dans ces algues un marqueur significatif du changement climatique.

Contrairement aux écosystèmes de montagne, particulièrement fragiles face à ces dérèglements, ces algues pourraient en bénéficier. Elles vivent, entre autres, du CO2, principal gaz à effet de serre: plus il est présent, plus elle se développent, selon leur hypothèse de travail.

Des névés de plus en plus rouges pourraient ainsi inscrire dans les paysages alpins du printemps le changement du climat qui va bouleverser toute la planète dans les décennies à venir.

Encore faut-il pouvoir prouver ce lien scientifiquement. Au bord de la route du col du Galibier, Eric Maréchal prélève dans de petits tubes la neige maculée d'un bloom "magnifique" d'algues, normalement vertes mais devenues rouges avec leur bouclier moléculaire constitué pour se protéger du soleil.

Penché dans la neige, Stéphane Ravanel, un collègue de laboratoire, prélève lui de la neige blanche pour l'analyser, afin de savoir pourquoi des taches apparaissent ici et non là.

Une fois ces tubes classés, retour au camp de base, un laboratoire de l'Université de Grenoble-Alpes et du CNRS perché à 2.050 mètres d'altitude, au Col du Lautaret.

La petite équipe déballe ses tubes de neige rougeâtre, et place une goutte d'algues sous un microscope: apparaissent alors des amas de cercles rouges de 20 à 30 microns de largeur.

Cet échantillon "qualité premium" partira probablement pour le séquençage génétique, quand d'autres tubes iront au microscope à haute résolution de Grenoble. Les résultats seront ensuite décortiqués, discutés, publiés...

"On est parti pour durer 10 ans," lance le biologiste, excité comme un enfant devant le microscope. "C'est comme si on avait l'océan à étudier et qu'on débutait."

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