Un retour des électeurs dans les bureaux de vote est-il possible le dimanche 27 juin ? Ce serait une surprise. L'abstentionnisme du 20 juin est lourd de sens. En boycottant les urnes, la grande majorité des Français ont donné une claque aux sondages qui avaient tous annoncé un bond du RN et un flottement de LR, alors que LR allait tenir bon… Quant au RN, en chute par rapport à 2015, il n'a plus d'espoir qu'en PACA : mais Thierry Mariani lance un appel anxieux aux électeurs RN qui ont fait défaut dimanche dernier, alors que les sondages les avaient déclarés “seule famille d'électeurs résolue à voter”.
Le véritable grand perdant de ces régionales est le parti présidentiel. LREM a subi une déroute, plusieurs de ses listes étant même éliminées au premier tour. La pire mésaventure est dans les Hauts-de-France, où le score de 9,5 % inflige un ridicule aux cinq ministres placés sur la liste par l'Elysée : Gérald Darmanin, Eric Dupond-Moretti, Agnès Pannier-Runacher, son homologue des PME Alain Griset, et la tête même de cette liste : Laurent Pietraszewski, secrétaire d'Etat chargé des retraites… En privant ces personnalités de figurer au second tour, nombre d'électeurs se sont sans doute donné l'impression de censurer tout le gouvernement.
Bertrand triomphal, Attal évasif
Quant au président des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, il triomphe d'avance et ses amis raillent la “présomption” des amis de Macron. Le 9 mars, en effet, Pietraszewski avait raillé “l'ambition” d'un Xavier Bertrand “tourné vers la présidentielle”. Le soir du 21 juin, c'est au même Xavier Bertrand qu'il apporte son soutien ! Pourquoi ? Pour maintenir l'idée d'un front républicain contre un grave danger lepéniste : danger-repoussoir que Macron exploiterait si son challenger final en 2022 était tout de même Marine Le Pen.
Le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, botte en touche. Dans le désastre LREM du 20 juin il ne voit que l'effet de trois causes pratiques : 1. le déconfinement et l'obstination de LR à vouloir des régionales fin juin ; 2. Le refus du vote électronique par le Sénat ; 3. et le retard de distribution des professions de foi dans certaines villes – mais Attal promet que ça va changer : les deux sociétés distributrices, La Poste et Adrexo, “ont été convoquées dès le 21 juin à l'Elysée”…
D'autres partis accusent la complication d'un scrutin unissant régionales et départementales, ainsi que l'ignorance où seraient les gens du rôle des régions et des départements. Tout cela reste à prouver.
Malaise chez l'électeur français
Mais le caractère massif de l'abstentionnisme montre qu'il doit avoir d'autres causes, plus profondes que des questions de dates ou de courrier. L'une des explications possibles serait l'idée répandue que les questions importantes, y compris pour notre vie quotidienne, ne se décideraient plus à l'intérieur de l'Hexagone mais sur le plan multinational : économie, finance, technologies… Il suffit de comparer les courbes de participation aux élections françaises depuis la fin des années 1980 : toutes fléchissent au fil du temps, dramatiquement pour les régionales, insensiblement pour les présidentielles elles-mêmes. La seule courbe ascendante est celle des européennes. Comme si, dans beaucoup d'esprits, un Parlement européen même limité dans ses pouvoirs avait désormais plus de portée que les institutions de la République française. Il y a là un malaise. Et l'urgence d'une réflexion de fond.
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