Le 13 avril, les députés ont débattu des élections régionales, dont la date reste finalement le mois de juin. Question néanmoins scabreuse en pleine épidémie, avec le spectre d'une abstention massive si la situation sanitaire reste tendue ! Emmanuel Macron a hésité longtemps avant de décider : faire approuver cette décision par le seul bloc des députés LREM lui a paru dangereux. L'exécutif a donc tenté, avant le débat parlementaire, de "mouiller" d'autres interlocuteurs…
D'abord le conseil scientifique : mais celui-ci n'a pas voulu d'une responsabilité qui n'était pas la sienne. Se souvenant des réactions d'une partie de l'opinion contre la “dictature sanitaire” en 2020, il a répondu que la date des régionales n'était pas du ressort de médecins et de biologistes.
L'exécutif s'est alors tourné vers les maires. Pourtant l'Association des maires de France (AMF) avait déjà donné son avis : via son vice-président, le maire de Sceaux Philippe Laurent, elle aussi refusait la responsabilité d'un report…
“C'est exclusivement une décision du gouvernement et du président de la République. Si le gouvernement souhaite maintenir les dates des élections, les maires de France, qui sont légitimistes, organiseront ces élections", déclarait prudemment Philippe Laurent.
Sondage d'urgence chez les maires
L'exécutif a donc voulu contourner l'AMF en interrogeant en urgence et individuellement les 35 000 maires : on leur a donné 48 heures, le temps d'un week-end, pour dire aux préfets s'ils jugeaient tenables des élections en juin. Réponse par oui ou par non, comme pour un sondage d'opinion ; 56 % ont répondu oui.
Mais cette opération, organisée pour soutenir moralement une décision gouvernementale avant le débat au Palais-Bourbon, a fait mauvais effet dans l'opposition. Le président LR du Sénat, Gérard Larcher, a annoncé le 11 avril qu'il saisirait le Conseil constitutionnel si l'Elysée et Matignon reportaient une fois de plus les élections régionales.
Le chef de file des sénateurs socialistes, Patrick Kanner, tempêtait : "Le gouvernement a peur de cette échéance électorale, donc finalement, il s'est défaussé sur les 35 000 maires de France en espérant qu'ils répondraient de manière négative sur leurs capacités à pouvoir organiser ces élections ! Scandaleux ! On était face à une manœuvre politique du gouvernement, et je pèse mes mots, pour tenter une nouvelle fois de reporter cette élection dont il ne veut pas parce qu'elle sera mauvaise pour la majorité en place."
Marlène Schiappa
veut dédramatiser
Le débat parlementaire s'est ouvert après la décision de l'Elysée. D'où l'offensive préalable du gouvernement pour essayer de dédramatiser l'enjeu. Mission confiée notamment à Marlène Schiappa, ministre déléguée en charge de la Citoyenneté…
Favorable comme beaucoup à la décision de maintenir le vote en juin, elle estime pourtant, “à titre personnel”, qu'un report du scrutin en octobre n'aurait pas eu de vraies conséquences : “La situation politique et les équilibres électoraux n'allaient pas varier entre juin et septembre", affirme-t-elle, et les quatre semaines de septembre auraient suffi pour faire campagne ; d'autant que la situation sanitaire aurait été plus confortable dans les bureaux de vote, le nombre de vaccinés devant fortement augmenter durant le printemps et l'été.
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