Semaine étrange en France : dans nombre de régions, beaucoup d'auditeurs et téléspectateurs ont l'impression que ce qu'ils vivent sur place, et ce que téléphonent les auditeurs aux radios, ne concorde pas vraiment avec ce qu'annoncent les ministres et les dépêches.
Le 18 janvier en effet, Olivier Véran promet que “plus d'un million de vaccinations seront réalisées d'ici à la fin janvier, et de 2,4 millions à 4 millions d'ici à la fin février”. Pour commencer cette offensive sanitaire de masse, dit-il, la vaccination est “élargie dès maintenant aux plus de 75 ans” et à diverses catégories de patients à risques. Et, affirme-t-il, “plus d'un million de rendez-vous“ sont “déjà pris” auprès des “833 centres ouverts et accessibles à la réservation”. Ces paroles sont réconfortantes à entendre… Mais sur le terrain, beaucoup de Français – appartenant aux catégories prioritaires – échouent à s'inscrire dans les centres de vaccination. Les lignes téléphoniques sont saturées. Des centres “ouverts” sont fermés aux inscriptions, faute d'être approvisionnés en doses de vaccin. Les sites de ces centres affichent cette réponse : “Face au manque de vaccin nous sommes dans l'obligation d'interrompre les prises de rendez-vous en attendant la montée en puissance du dispositif de l'Etat. Merci de votre compréhension.”
Pourquoi le manque de doses de vaccin
Les vaccins arrivent par petites quantités : c'était annoncé par Bruxelles. Les vaccins Pfizer et Moderna doivent être conservés à moins 70 degrés : ça freine leur distribution. Et le gouvernement français a attendu le dernier moment pour s'organiser : "Au rythme actuel de livraison, il faudra plus de quatre mois et demi pour vacciner les seules personnes de plus de 75 ans", ironisent les maires de Dijon et Besançon. Le syndicat de médecins MG France accuse le gouvernement de n'organiser que "des files d'attente"…
A ces embrouilles s'ajoutent des bizarreries du côté des producteurs de vaccins. Pfizer annonce la semaine dernière qu'il met en panne son usine belge jusqu'en février pour des travaux “afin d'augmenter la production” ! Devant la colère européenne exprimée au téléphone par Ursula von der Leyen, il fait savoir que finalement l'arrêt ne dépassera pas huit jours… Ce qui déclenche une marée d'hypothèses soupçonneuses sur les réseaux sociaux.
Puis c'est Sanofi qui crée le trouble : le 18 janvier, on apprend qu'il supprime 400 postes dans son secteur-clé, la recherche, après une précédente charrette qui a causé – selon les syndicats – l'échec de Sanofi pour son propre vaccin. Complétant le malaise, le groupe français, dirigé par un Britannique, annonce qu'il pourrait produire sur ses propres sites les vaccins anglo-américains !
Relocaliser les industries de la santé
Moralité, tirée publiquement par le généticien et député MoDem Philippe Berta : “Au fil des décennies, la France s'est totalement déshabillée de certaines activités. Depuis les années 1980, quand je rentre dans un laboratoire de recherche, si je regarde les outils utilisés, il n'y a plus de 'made in France'… On s'est créé une dépendance totale vis-à-vis de l'étranger pour les masques, pour produire des machines à PCR, et bien sûr pour les médicaments… J'espère que cette pandémie va faire comprendre que la santé est une priorité sur laquelle on ne transige pas et que, dans ce secteur, on doit pouvoir garantir à notre population une souveraineté : au moins à l'échelle européenne, voire à l'échelle nationale.”
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