Le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer s'est déclaré satisfait de sa rentrée sous Covid. "C'est plutôt une bonne semaine, même s'il y a évidemment toujours des problèmes à noter".
Selon les derniers chiffres de son ministère, 22 établissements et une centaine de classes ont dû fermer en raison de contaminations.
Mais la très grande majorité des structures scolaires (60.000 écoles, collèges et lycées) ont fonctionné normalement lors de cette reprise, qui cristallisait beaucoup de questions et d'inquiétudes.
"Ça s'est très bien passé !", lâche Nathalie, directrice d'une école rurale dans la région Centre, qui se disait un peu "pétrifiée" avant la rentrée.
"J'ai eu l'impression que les enfants étaient super heureux et que les parents n'étaient pas spécialement stressés... peut-être parce que notre département est moins touché que d'autres par le virus", ajoute-t-elle.
En juin, tous les enfants de son école étaient retournés en classe. "Clairement, ça a aidé", estime aujourd'hui la directrice, "ils ont pu intégrer les gestes barrières".
Même son de cloche dans ce collège de Maisons-Alfort (Val-de-Marne), où Hugo Demousseau enseigne l'histoire-géo. "Mis à part les masques, c'est une rentrée très classique", juge le prof.
Son établissement a procédé à quelques aménagements pour favoriser la distanciation: des escaliers "montants", d'autres "descendants" - "pas forcément respectés", s'empresse-t-il de noter- ou des tables disposées en L dans les classes.
"J'ai eu le sentiment que les élèves reprenaient facilement le chemin de l'école, que contrairement à nous, enseignants, ils ne se posaient pas beaucoup de questions", raconte-t-il. "Ils sont là, ils ont des masques, fin de l'histoire".
Lui aussi s'"adapte" au masque, même s'il regrette de ne plus pouvoir transmettre à ses élèves une "forme de bienveillance, qui passe souvent par le sourire".
"Epée de Damoclès"
"Le masque en tissu fourni par l'éducation nationale est très épais, les enfants ne nous entendent pas bien et on respire mal", déplore pour sa part Brigitte, professeure en CM1, près de Lille.
Elle espère s'y "habituer" vite, quitte à venir avec les siens, plus légers. Quant aux élèves, "ils sont moins angoissés" qu'en mai, après le déconfinement, estime-t-elle.
Reste maintenant à connaître leur niveau, pour constater si des disparités se sont creusées.
"J'ai déjà fait passer des tests de positionnement, pour vérifier les bases. Je m'attendais à de plus grosses difficultés générales", se réjouit Brigitte.
Mais une de ses collègues "s'inquiète à l'inverse du niveau de certains enfants", qui n'ont bénéficié d'aucun suivi à la maison pendant le confinement.
D'autres sujets de préoccupation persistent pour les semaines à venir.
Renaud, professeur de sciences économiques dans un lycée de Seine-et-Marne, craint notamment les conséquences d'effectifs très chargés: "on enseigne à des classes de 30-35 élèves, ça fait longtemps qu'on dit que cela pose des problèmes pédagogiques, mais maintenant ça va devenir des problèmes sanitaires", prévient ce syndiqué au Snes-FSU.
A cela s'ajoute "une exiguïté des locaux" qui rend selon lui toute distanciation impossible. "Les couloirs chez nous, ça ressemble à la gare du Nord. A la cantine, 1.200 lycéens vont se succéder chaque jour, il sera impossible de nettoyer et ventiler les locaux correctement", assure-t-il.
Et que se passera-t-il concrètement si des cas de Covid sont avérés dans leur établissement ? C'est encore la question que se posent bon nombre d'enseignants, quelques jours après la rentrée.
"Notre inspectrice nous a clairement conseillé de nous tenir prêts à des périodes de fermeture", relate Nathalie, la professeure du Centre.
"Ce qui est difficile à vivre c'est qu'on fait une rentrée normale mais que plane la menace des fermetures de classe", renchérit Thomas Saubaber, professeur des écoles syndiqué SE-Unsa dans le Val-d'Oise. "Comme une épée de Damoclès au-dessus de nos têtes".
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