Ville côtière du grand lac Michigan, Kenosha a connu des nuits d'émeutes la semaines dernière après les graves blessures infligées par la police à Jacob Blake, un Afro-Américain sur lequel un agent a fait feu à sept reprises lors d'une interpellation filmée.
A quelques semaines de l'élection présidentielle du 3 novembre, ces images ont ravivé la vague historique de colère contre le racisme et les brutalités policières aux Etats-Unis. Et suscité des réactions aux antipodes chez Donald Trump et Joe Biden.
L'ancien vice-président de Barack Obama "mènera une réunion à Kenosha afin de rassembler les Américains pour panser leurs plaies et répondre aux défis auxquels nous faisons face", a indiqué mercredi l'équipe de campagne du démocrate.
Son épouse Jill Biden fera avec lui une "étape locale" dans le Wisconsin, qui n'a pas encore été précisée.
Donald Trump, lui, martèle son mot d'ordre de campagne, rétablir "la loi et l'ordre".
Il avait créé la surprise en 2016 en remportant de peu cet Etat du Midwest, où sa rivale Hillary Clinton n'avait pas fait campagne. Cette fois, tous les regards sont tournés vers le Wisconsin.
"Terrorisme intérieur"
Le président républicain a devancé Joe Biden en visitant dès mardi Kenosha, contre l'avis du maire et du gouverneur démocrates qui craignaient un nouvel embrasement.
Donald Trump a inspecté les ruines de commerces brûlés, remercié la police et assimilé à du "terrorisme intérieur" les manifestations violentes. Mais il n'a pas nommé Jacob Blake.
Hospitalisé depuis le 23 août, cet Afro-américain de 29 ans a la moitié inférieure du corps paralysée.
Après la diffusion d'une vidéo de son interpellation, des manifestations contre les brutalités policières ont dégénéré en émeutes à Kenosha.
La tension a culminé le 25 août quand un jeune homme de 17 ans a tiré au fusil semi-automatique, dans des circonstances floues, sur trois manifestants, faisant deux morts. Son arrestation le lendemain a ramené un calme précaire.
Donald Trump a refusé de condamner les actes de ce jeune homme, Kyle Rittenhouse, inculpé pour meurtre avec préméditation. Selon les médias américains, il est un partisan du président, amateur d'armes, et s'était joint à des milices censées "protéger" Kenosha des émeutiers.
364,5 millions de dollars
Accusé par le républicain de tolérer les violences, Joe Biden a tenté la contre-offensive lundi lors d'un discours à Pittsburgh, première sortie en avion après des mois passés chez lui à Wilmington, dans le Delaware, ou aux alentours, à cause de la pandémie de Covid-19.
"Piller, ce n'est pas manifester. Mettre le feu, ce n'est pas manifester. (...) C'est de l'anarchie", a-t-il martelé.
Mais contrairement à son rival, il dénonce sans relâche le "racisme institutionnel" aux Etats-Unis, n'hésite pas à nommer Jacob Blake et s'est entretenu dès la semaine dernière avec sa famille.
Venu à Wilmington pour un nouvel acte de campagne de Joe Biden, mercredi, le sénateur démocrate Chris Coons a confié à l'AFP que le candidat parlerait, à Kenosha, de ses liens avec la famille de Jacob Blake, tout en rappelant qu'il est "contre la violence sous toutes ses formes (...) mais qu'il défend fermement les manifestations pacifiques en faveur d'une réconciliation entre les communautés et d'une réforme de la police".
Joe Biden mène Donald Trump dans la moyenne des sondages nationaux mais l'écart est plus serré dans les Etats pivots, qui pourraient déterminer l'issue du scrutin en basculant pour un parti ou l'autre.
Alors qu'il partait avec un sérieux retard financier sur le président sortant, qui prépare sa réélection depuis son arrivée à la Maison Banche en 2017, le démocrate affiche désormais des comptes florissants.
Il a annoncé mercredi avoir récolté 364,5 millions de dollars en août, dont 205 millions en petites donations en ligne. Soit "le meilleur mois de levées de fonds en ligne de l'histoire politique américaine", a écrit son équipe.
Bien conscients de l'importance du Wisconsin, les démocrates avaient choisi d'organiser cet été leur convention d'investiture de Joe Biden dans la plus grande ville de l'Etat, Milwaukee. Mais elle a finalement été rendue entièrement virtuelle à cause de la pandémie.
Si les électeurs démocrates disaient comprendre cette décision pendant la convention (17 au 20 août), tous affirmaient que Joe Biden devait absolument visiter bientôt leur Etat. Quitte à l'envoyer en hélicoptère quelques heures seulement, avait plaisanté, à moitié, le responsable démocrate d'un comté rural.
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