Dans ce récit de sept pages publié cette semaine, la députée de Paris, à la peau noire, "expérimente la responsabilité des Africains dans les horreurs de l'esclavage" au XVIIIe siècle, selon la présentation qu'en fait le magazine. Des dessins de Mme Obono, collier en fer au cou, accompagnent ce "roman de l'été".
Le chef de l'Etat Emmanuel Macron a appelé la députée samedi pour lui faire part de sa "condamnation claire de toute forme de racisme", a indiqué l'Elysée à l'AFP.
Dénonçant "une insulte à (ses) ancêtres, sa famille" et "à la République", Danièle Obono a dit samedi soir sur BFMTV "réfléchir" à porter plainte. Cette publication est selon elle "une souillure qui ne s'effacera pas", mais surtout "l'aboutissement d'un acharnement médiatique" contre elle.
La députée demande "des actes". "Ça fait trois ans qu'on alerte sur le fait qu'il y a un processus de racialisation, de racisme dans ce pays", a-t-elle ajouté.
Dès vendredi, elle avait dénoncé sur Twitter une "merde raciste dans un torchon", accusant "l'extrême-droite, odieuse, bête et cruelle. Bref, égale à elle-même".
Le Premier ministre Jean Castex a déploré sur Twitter une "publication révoltante (qui) appelle une condamnation sans ambiguïté", assurant partager "l'indignation de la députée" et l'assurant "du soutien de l'ensemble du gouvernement". "La lutte contre le racisme transcendera, toujours, tous nos clivages", a ajouté le chef du gouvernement.
"Le racisme est un mal nocif. Il détruit. Il est un délit", a aussi rappelé la ministre déléguée à la Ville Nadia Hai sur le réseau social.
"On est libre d'écrire un roman nauséabond, dans les limites fixées par la loi. On est libre aussi de le détester. Moi je le déteste et suis (aux) côtés" de la parlementaire, a écrit le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti.
"harcèlement nauséabond"
Réprouvant vivement un "cortège de haines, comme l'ont déjà expérimenté beaucoup de responsables politiques noirs ou d'origine maghrébine ces dernières années", l'association SOS Racisme a indiqué étudier "les suites judiciaires envisageables".
Le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon s'était élevé contre un "harcèlement nauséabond" envers la députée.
Mais, a répondu le magazine d'opinion sur Twitter, "il s'agit d'une fiction mettant en scène les horreurs de l'esclavage organisé par des Africains au XVIIIème siècle", "terrible vérité que les indigénistes ne veulent pas voir".
Sur BFMTV, Tugdual Denis, directeur adjoint de la rédaction de Valeurs actuelles, a fait amende honorable: "On comprend, avec la charge symbolique extrêmement violente de cette image, que Danielle Obono soit choquée. On s'excuse auprès d'elle à titre personnel", a-t-il dit, assurant que son journal n'était "pas raciste".
L'objectif était "de faire une fiction, certes complexe, certes tirée par les cheveux, peut-être mal venue, peut-être malaisante, mais jamais malveillante et jamais méchante", a-t-il affirmé.
Un responsable du Rassemblement national, Wallerand de Saint-Just, a condamné sur Twitter la publication, "d'un mauvais goût absolu": "le combat politique ne justifie pas ce type de représentation humiliante et blessante d'une élue de la République".
Le président de l'Assemblée Richard Ferrand (LREM) a critiqué une "ignoble représentation d'une parlementaire". "Tout mon soutien personnel et celui de l'Assemblée nationale face à ces abjections", a-t-il twitté, suivi par de nombreux députés de tous bords.
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