Dans le centre de Bamako, les milliers de partisans de l'opposition, qui manifestaient depuis juin pour réclamer le départ du président Keïta, dit "IBK", ont célébré sa chute à l'appel de la coalition d'opposition du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP).
"Nous avons gagné (...) c'est la victoire du peuple", jubilait Mariam Cissé, 38 ans.
Une mission de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) attendue samedi sera conduite par l'ancien président nigerian Goodluck Jonathan, accompagné du président de la Commission de la Cédéao, Jean-Claude Kassi Brou, et du ministre des Affaires étrangères du Niger, Kalla Ankourao.
La junte recevra "avec plaisir" samedi cette délégation, a assuré à l'AFP un responsable de la junte, alors que plusieurs manifestants à Bamako brandissaient des pancartes hostiles à l'organisation ouest-africaine qui a réclamé jeudi le "rétablissement" du président Keïta, qui était au pouvoir depuis 2013.
Jeudi soir, les putschistes avaient permis à une équipe de l'ONU de rendre visite aux personnalités qu'elle détient, dont le président renversé et son Premier ministre Boubou Cissé, arrêtés avec d'autres par les militaires lors de leur coup d'Etat mardi.
"Hier dans la soirée une équipe des #DroitsdelHomme de la Minusma s'est rendue à #Kati dans le cadre de son mandat de protection des droits de l'Homme et a pu avoir accès au président Ibrahim Boubacar Keïta ainsi qu'aux autres détenus", a indiqué sur Twitter la mission de l'ONU au Mali.
Encore 17 détenus
Les putschistes retiennent les personnalités arrêtées au camp militaire de Kati, dans la banlieue de Bamako, devenu le centre du nouveau pouvoir.
"Nous avons autorisé une mission des droits de l'homme de l'ONU au Mali à rendre visite à tous les 19 prisonniers de Kati, y compris l'ex-président Ibrahim Boubacar Keïta et l'ancien Premier ministre Boubou Cissé", a déclaré à l'AFP un responsable de la junte s'exprimant sous couvert d'anonymat.
Parmi les autres personnalités arrêtées figurent le ministre de la Défense et celui de la Sécurité, les généraux Ibrahima Dahirou Dembélé et M'Bemba Moussa Keïta, le président de l'Assemblée nationale Moussa Timbiné et le chef d'état-major de l'armée, le général Abdoulaye Coulibaly.
"Nous avons libéré deux prisonniers, l'ancien ministre des Finances et de l'Economie Abdoulaye Daffé et Sabane Mahalmoudou", le secrétaire particulier du président, a affirmé le responsable de la junte, "c'est la preuve que nous respectons les droits de l'Homme".
Abdoulaye Daffé est considéré comme proche du chérif de Nioro, autorité musulmane et mentor de l'imam Mahmoud Dicko, figure de proue de la contestation.
IBK "fatigué mais serein"
Le président déchu et son Premier ministre ont été transférés dans une villa de Kati, ville-garnison proche de Bamako, où ils sont privés de télévision, de radio et de téléphone, selon deux personnes ayant assisté à la visite, dont un responsable de la junte.
"Leurs conditions de détention sont acceptables", le président malien "avait l'air fatigué mais serein", selon une de ces sources. Quant à Boubou Cissé, il était d'un "calme olympien".
Les autres sont détenus dans les locaux d'un centre de formation de Kati, où ils "dorment sur des matelas et partagent une même télévision", selon des témoins interrogés par l'AFP.
Les responsables du Comité national pour le salut du peuple (CNSP) mis en place par les militaire et dirigé par un colonel de 37 ans, Assimi Goïta, ont rencontré jeudi des membres de la société civile et des dirigeants politiques, dont des représentants des partis de la majorité soutenant IBK.
La junte entend mettre en place "un conseil de transition", avec un président qui sera "un militaire ou un civil". Elle a annoncé la réouverture dès vendredi des frontières terrestres et aériennes, même si les pays de l'Afrique de l'Ouest ont décidé de fermer les leurs avec le Mali, sauf pour les denrées de première nécessité, les médicaments et l'énergie.
Par ailleurs, le chef de l'opposition malienne Soumaïla Cissé, enlevé par de présumés jihadistes le 25 mars, en pleine campagne législative, a transmis des lettres à sa famille, sans contact avec lui depuis des mois, a annoncé vendredi le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).
Il s'agit d'une des premières preuves de vie de l'ancien candidat aux présidentielles de 2013 et 2018, même si le président Keïta avait assuré mi-juin que son rival était "en vie".
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