Thomas Devlaeminck, responsable marketing de 27 ans, enfourche son vélo tous les matins pour se rendre au travail. Habitant à Valence (Drôme), il parcourt les 4 km qui séparent son domicile de la gare, où il prend le train pour Romans-sur-Isère, éloigné d'une vingtaine de kilomètres. A l'arrivée, sa bicyclette lui permet de rejoindre le siège de son entreprise au terme d'un nouveau trajet de 4 km.
"J'ai abandonné la voiture en novembre 2018", confie-t-il à l'AFP. "Cela permet de faire un peu de sport tous les jours. Pour la santé, je vois vraiment la différence, et puis c'est très agréable le matin de commencer par le vélo".
L'intérêt est aussi budgétaire, l'abonnement de train lui coûte 30 euros par mois, alors que "le coût d'une voiture, c'est facilement 300 à 400 euros par mois", observe-t-il. "Et puis, comme ça je peux faire mon petit geste pour la planète".
Pourtant, son épouse Valérie, psychologue en Ehpad, n'a pas d'autre choix que la voiture. Elle travaille sur plusieurs établissements non desservis par les transports en commun et bien trop éloignés pour s'y rendre en vélo. "A Valence, le réseau de transport n'est pas celui de la région parisienne", constate Thomas Devlaeminck.
De plus en plus contestée au cœur des grands centres urbains, comme dans Paris intra-muros, l'automobile reste indispensable pour la plupart des Français qui vivent en province ou dans les banlieues des grandes villes.
Selon l'Insee, 70% des actifs vont travailler en voiture, premier mode de transport et de très loin, devant les transports en commun (environ 15%).
"Nos aires urbaines ne peuvent pas fonctionner sans voiture. On n'arrivera pas à construire des stations de métro suffisamment proches de tout le monde et les distances à parcourir restent souvent trop longues pour le vélo ou la trottinette", explique Joël Hazan, expert du Boston Consulting Group (BCG).
"Gaspillage gigantesque"
Il faudra pourtant réguler son usage en raison des embouteillages et de la pollution, car l'automobile représente un "gaspillage gigantesque", estime-t-il.
Cet expert recommande de développer les nouveaux services automobiles (covoiturage, autopartage et véhicules avec chauffeur partagés) tout en accélérant l'électrification des véhicules. On résoudrait ainsi à la fois le problème environnemental et celui des embouteillages.
La voiture est responsable de "20% des émissions de gaz à effet de serre". Elle "passe 95% de son temps stationnée, transporte en moyenne 1,1 personne avec 5 places, et 30% du temps de circulation est consacré à chercher une place de parking", détaille le consultant.
Pourtant, même pour les trajets de moins d'un kilomètre, qu'on peut parcourir facilement à pied, près de six personnes sur dix prennent leur voiture pour aller travailler, indique l'Insee.
Il ne faut pas être contre la voiture, mais "contre son usage excessif", estime M. Hazan, qui regrette la polarisation qui s'est installée dans le débat public entre partisans et adversaires.
Pour les distances jusqu'à quelques kilomètres, "le vélo est le meilleur mode de transport possible et c'est, à tout prix, ce que les pouvoirs publics doivent favoriser", assure-t-il.
"On est face à un profond paradoxe. D'un côté, l'automobile facilite la vie, elle permet de choisir où on veut vivre, de voyager... Mais elle est aussi source de nuisances", résume Jean-François Doulet, géographe et auteur de Atlas de l'automobile (Ed. Autrement).
Contrairement à des idées reçues, l'automobile, bien que contestée, est en "expansion mondiale", souligne-t-il. "Il y a de plus en plus d'automobiles, y compris dans les pays où il y en avait déjà beaucoup. En France, les gens sont de plus en plus équipés, notamment les jeunes".
Cela n'empêche pas son territoire de se réduire en centre-ville au profit des mobilités douces, avec des vitesses souvent réduites à 30 km/h. "Il faut être assez optimiste, car ce n'est pas un objet qui échappe aux politiques publiques, aux ambitions d'amélioration du cadre de vie", note M. Doulet.
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