Il n'y avait guère que l'éparpillement dans la pièce et les distances sociales - contexte sanitaire oblige - pour rompre la monotonie. La septième réunion du comité de la transparence et du dialogue, organisée le vendredi 5 juin, est à nouveau revenue sur les suites de l'incendie de Lubrizol et ses conséquences pour l'agglomération de Rouen et les autres communes impactées, avec des questions récurrentes et de nouvelles interrogations soulevées par l'assistance.
Liste des produits toxiques
C'est l'un des points d'achoppement, entre les associations de victimes et les autorités. D'un côté, la préfecture assure avoir communiqué la liste complète des produits qui ont brûlé dans la nuit du 26 septembre 2019. De l'autre, les riverains ne semblent pas contester le tonnage, mais ils assurent que "seulement 30 % des produits qui ont réellement brûlé ont été renseignés". Un écart qui les empêche, selon elles, de lancer des études sur les risques à long terme avec l'aide de l'Université de Rouen.
Reconnaissance des victimes
Pointé du doigt pour sa communication et pour avoir évoqué "zéro victime" par le passé, le préfet Pierre-André Durand a tenu à se justifier : "Il n'y a pas eu de suraccident, de mort ou de blessé (...). Ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas eu des victimes sur d'autres points : des victimes économiques, comme les agriculteurs, ou des personnes choquées psychologiquement."
Pollution et analyses
Les autorités sanitaires l'assurent : l'Interprétation de l'état des milieux (IEM), qui évalue la pollution, est positive. Seules quelques traces de plomb et d'arsenic ont été relevées par endroits, mais elles "résultent d'une pollution historique due au passé industriel de la région".
Une procédure qui choque les membres de l'association Rouen respire, qui ne comprennent pas que cette IEM ait été confiée aux exploitants et qui dénoncent un conflit d'intérêts. "Elle n'a pas été confiée, mais imposée aux exploitants (Lubrizol et Normandie logistique, NDLR), à leurs frais. Les prélèvements sont encadrés par l'État et les laboratoires qui les analysent respectent les protocoles", assure pour sa part Pierre-André Durand.
Où en sont les indemnisations ?
Le montant global n'est pas connu, mais les indemnisations progressent, à en croire Isabelle Striga, la directrice générale de Lubrizol France. Au total, 1 662 dossiers ont été ouverts et répartis en deux fonds. Dans le premier, dédié aux agriculteurs, "92 % des 1 113 demandes ont été traités". Dans le second, consacré aux collectivités et aux autres acteurs économiques, "98 % des 549 dossiers ont été traités".
Enfin une étude sur l'impact sur la santé
Elle arrive trop tard, selon les associations, mais elle va finalement être menée. Santé publique France et son représentant, l'épidémiologiste Pascal Empereur-Bissonnet, ont annoncé la finalisation d'une étude auprès de la population, pour quantifier la gêne et les inquiétudes créées par le sinistre. Le questionnaire sera soumis à 4 100 adultes et 1 200 enfants de 122 communes de Seine-Maritime. L'étude pourrait être menée en août et en septembre, pour une publication des résultats espérée en fin d'année ou au début 2021.
Odeurs et réouverture
C'est le point qui perturbe encore le quotidien des riverains : les odeurs qui se dégagent toujours du site. Selon la Dréal, le chantier de remise en état avance bien, puisque la phase 1 est maintenant terminée. La deuxième, qui consiste à retirer les gravats et nettoyer le sol en surface, doit se tenir jusqu'au 26 septembre 2020 et ne devrait pas arranger la situation. Mais Pierre-André Durand assume le fait de vouloir "avancer vite" pour refermer cet épisode. De plus, il craint que "les fortes chaleurs prévues pendant l'été" ne soient le principal facteur de gêne.
Enfin, concernant la demande de reprise d'activité beaucoup plus poussée formulée par Lubrizol, le préfet assure qu'il "ne veut pas se prononcer" avant le résultat de l'instruction du dossier. S'il est conforme et validé par la Dréal, ce dossier pourrait être entériné par le prochain Conseil départemental de l'environnement et des risques sanitaires et technologiques (Coderst), le 7 juillet prochain.
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