L'enjeu est de taille puisqu'il s'agit de déterminer les conditions dans lesquelles l'activité et la vie quotidienne des Français vont pouvoir redémarrer à partir du 11 mai, date choisie par l'exécutif pour le déconfinement progressif du pays.
Mais pour Olivier Faure, premier secrétaire du PS, "rien n'est prêt pour le 11 mai, y compris sur l'application +Stop Covid+" et l'Assemblée aura "à voter sur des généralités", a-t-il déclaré dimanche soir.
Il a demandé à ce que les députés puissent voter sur ce plan uniquement "lorsque nous aurons l'intégralité des solutions proposées".
Car à l'issue de la présentation de la "stratégie nationale du plan de déconfinement" par le Premier ministre Edouard Philippe mardi après-midi à l'Assemblée nationale, un débat est prévu. Suivi immédiatement d'un vote, malgré les protestations de l'opposition.
C'est un véritable exercice d'équilibriste auquel le gouvernement doit se livrer: relancer l'économie sans relancer l'épidémie.
Le tout dans un contexte de défiance: les Français ne sont que 39% à lui faire confiance pour faire face efficacement au coronavirus, selon un sondage Ifop pour le JDD.
Tous azimuts
Sans doute la raison pour laquelle des consultations tous azimuts se sont déroulées pour faire les arbitrages.
Les maires ont ainsi été reçus par le président Emmanuel Macron jeudi, les régions et départements par Edouard Philippe jeudi et vendredi.
L'objectif est de "co-construire" ce plan avec élus, syndicats et patronat, a assuré le Premier ministre.
Cela fait presque six semaines que le pays est confiné pour freiner la propagation du nouveau coronavirus qui, selon le dernier bilan dimanche soir, a fait depuis le 1er mars 22.856 morts dans le pays, dont 242 nouveaux décès en 24 heures.
Parmi les morts: l'ancien sénateur Henri Weber, cofondateur de la Ligue communiste révolutionnaire, figure de la gauche et de mai 68, décédé à 75 ans.
La situation dans les hôpitaux s'améliore encore un peu avec 152 décès en 24 heures --bilan quotidien le plus faible en cinq semaines-- et une baisse continue depuis dix-huit jours des patients en réanimation pour Covid-19 (4.682 personnes).
Mais les services de réanimation/soins intensifs --qui comptaient 5.000 lits avant la crise-- restent sous pression avec encore 7.553 hospitalisés, toutes causes confondues.
A deux semaines du début du déconfinement, les questions sont nombreuses: où rendre les masques obligatoires? Quels tests et pour qui? Réouverture des commerces partout ou par régions? Quid des entreprises? Et les vacances d'été?
Le Conseil scientifique chargé d'éclairer le gouvernement a livré samedi soir ses recommandations pour une "levée progressive et contrôlée du confinement".
Divergence
Divergence notable avec les choix gouvernementaux, il préconise que crèches et établissements scolaires restent fermés jusqu'en septembre mais a pris "acte de la décision politique" de les rouvrir progressivement dès mai, en "prenant en compte les enjeux sanitaires mais aussi sociétaux et économiques".
"Le conseil scientifique est là pour donner un certain nombre d'informations mais c'est le pouvoir politique qui décide", a expliqué à l'AFP son président, Jean-François Delfraissy.
"Sur le plan sanitaire, si vous demandez à des gens qui gèrent une épidémie, ils aimeraient que tout le monde reste à domicile jusqu'à ce qu'il n'y ait plus un cas. Bien évidemment ce n'est pas possible", a souligné lundi sur franceinfo Franck Chauvin, président du Haut conseil de la santé publique.
Pour la rentrée scolaire, qui doit être progressive, le conseil préconise notamment le port obligatoire d'un masque antiprojections dans les collèges et lycées, pour le personnel et les élèves.
Les experts suggèrent aussi le déjeuner en classe, la prise de température à la maison chaque matin avant l'école et des stratégies pour éviter les brassages d'élèves. Mais ils écartent la faisabilité et l'intérêt d'un dépistage massif.
Cette note devrait servir de "base", a jugé Jean-Michel Blanquer, ministre de l'Education nationale. "Mission impossible", a rétorqué Philippe Vincent, secrétaire général du SNPDEN, premier syndicat des chefs d'établissement. "La somme de toutes les préconisations du Conseil, si elles étaient retenues, est infaisable dans l'état actuel de nos capacités, avec du personnel qui ne sera certainement pas présent à 100%", craint-il.
Au-delà des questions scolaires, le Conseil scientifique préconise d'autoriser les déplacements entre régions par transports en commun si les mesures de précaution sont respectées. Il déconseille cependant "fortement" les déplacements internationaux pendant encore quelques mois.
Pourra-t-on alors partir en vacances cet été? "Les deux mois qui viennent sont cruciaux", a expliqué Franck Chauvin. "Si le nombre de nouveaux cas par jour commence à ré-augmenter, c'est que l'épidémie va repartir, et donc il va falloir reprendre des mesures".
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