"L'impact positif d'une chanson peut être extraordinaire. Il me donne de l'espoir, et la foi" pour faire "face aux injustices, aux guerres, aux famines, à l'indifférence qui s'installe", confiait-il en 2014 au journal La Croix.
Né à Wellington, en Nouvelle-Zélande, le 7 novembre 1926, Graeme Allwright a découvert le jazz, les crooners et le folk en écoutant les programmes radios de la base militaire américaine installée dans la capitale néo-zélandaise.
A 22 ans, il obtient une bourse pour suivre des cours de théâtre à Londres, dans l'école fondée par Michel Saint-Denis, voix de l'émission "Les Français parlent au Français" sur les ondes de la BBC et neveu de l'homme de théâtre Jacques Copeau.
Le jeune homme est recruté par le prestigieux Royal Shakespeare Theatre. Mais, amoureux de la fille de Jacques Copeau, Catherine Dasté, il décline l'offre et le couple part s'installer en France, près de Beaune.
Graeme Allwright exerce une multitude de métiers: ouvrier agricole, apiculteur, machiniste et décorateur pour le théâtre, professeur d'anglais, maçon, plâtrier, vitrier...
Hymnes de mai 68
Ce Néo-Zélandais, qui ne connaissait pas un mot de Français, apprend peu à peu la langue de Molière et les subtilités de son argot, qu'il utilisera abondamment dans ses adaptations.
A mesure que son français s'améliore, il renoue avec la scène, jouant notamment dans la troupe de Jean-Louis Barrault.
Ce n'est qu'à 40 ans qu'il se lance dans la chanson.
"L'idée a peut-être germé dans mon esprit lorsque j'ai interprété quelques chansons de Brassens et Ferré, au cours d'une tournée avec une pièce de Brecht trop courte, racontait-il (...) j'ai pris ma guitare et je suis parti chanter des +folksongs+ américaines et irlandaises au cabaret de la Contrescarpe (au coeur du Quartier Latin à Paris, ndlr), sept soirs sur sept pour des clopinettes".
La chanteuse Colette Magny remarque sa voix, teintée d'une pointe d'accent, et le présente à Marcel Mouloudji, qui lui conseille d'écrire une trentaine d'adaptations et produit son premier 45 tours "Le trimardeur" (1965).
Son répertoire contestataire, antimilitariste et profondément humaniste, puisé chez les "protest singers", résonne avec les aspirations de la jeunesse française de l'époque.
"Petites boîtes" (adaptation de Malvina Reynolds), "Jusqu'à la ceinture" (Pete Seeger), "Qui a tué Davy Moore ?" (Bob Dylan), "Johnny" (texte original) et surtout "Le jour de clarté" (Peter, Paul & Mary), son plus grand succès, deviennent les hymnes de la contestation en mai 68.
Touché par Cohen
En 1973, il va voir Leonard Cohen à L'Olympia et en ressort profondément touché par le mysticisme et la sensualité du Canadien, dont il adapte de nombreux textes ("Suzanne", "Les soeurs de la miséricorde"...)
Il fait salles pleines dans ses concerts et se pose alors en premier concurrent d'Hugues Aufray, autre importateur du folk en France.
Mais le succès l'effraie. Celui qui est aussi connu pour "Sacrée bouteille" prend ses distances en parcourant l'Egypte, l'Ethiopie, l'Amérique du Sud et surtout l'Inde.
Entre deux voyages, il rentre en France où il reprend ses concerts. En 1980, il partage la scène avec Maxime Le Forestier, pour une tournée dont les bénéfices sont reversés à l'association Partage pour les Enfants du Tiers-Monde.
Il continue également d'enregistrer. Dans les années 80, il revient d'un voyage à Madagascar avec des musiciens qui donnent une nouvelle tonalité à sa musique. En 2000, il sort un premier album d'inspiration jazzy, enregistré avec The Glenn Ferris Quartet ("Tant de joies").
Depuis 2005, les concerts du chanteur aux pieds nus, qui continuait de sillonner l'Hexagone malgré son âge avancé, commençaient par un rituel immuable : une vibrante Marseillaise qu'il avait "adaptée" avec des paroles pacifistes. "Pour tous les enfants de la terre, Chantons amour et liberté", entonnait-il...
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