"Nous n'avons aucun tabou et nous n'excluons rien", a déclaré la directrice générale par intérim, Clotilde Delbos, interrogée lors d'une conférence de presse sur la possibilité que des usines en France ou dans le monde puissent être fermées pour redresser l'entreprise.
"Notre objectif est de réduire nos coûts de structure d'au moins 2 milliards d'euros au cours des trois prochaines années", a-t-elle expliqué, soulignant que le groupe au losange annoncerait en mai son plan de redressement.
Renault a publié vendredi matin une perte nette de 141 millions d'euros sur 2019, affecté par le recul de ses ventes et de sa rentabilité opérationnelle, dans un marché mondial en baisse. Il subit aussi la chute de la contribution financière de Nissan, son allié japonais en difficulté, et l'abandon d'une créance fiscale en France se traduisant par une charge de 753 millions d'euros.
Le groupe a vu ses volumes reculer de 3,4% l'an dernier à 3,75 millions de véhicules. Et il ne voit pas encore le bout du tunnel. Pour 2020, dans un marché mondial toujours baissier, Renault anticipe une nouvelle dégradation de sa rentabilité opérationnelle.
"2019 a été une année difficile pour Renault (...). Nous ne sommes pas satisfaits des résultats", a commenté Mme Delbos. Mais elle s'est dite "convaincue" que le constructeur français avait "tous les atouts" pour se rétablir.
Elle a cité les véhicules électriques, dont Renault a été pionnier, et la gamme de véhicules "low cost" dont la filiale roumaine Dacia est le fer de lance en Europe.
Renault a vendu en janvier 10.000 exemplaires de sa citadine électrique Zoe récemment renouvelée, un chiffre record. Le constructeur assure avoir profité des progrès des dernières versions de ses "best-seller" Clio et Captur pour augmenter ses prix de ventes.
S'appuyer sur Nissan
Mais, comme ses concurrents, il doit investir des sommes importantes en recherche et développement pour accélérer l'électrification de ses modèles afin de respecter les plafonds d'émissions de CO2 fixés par l'Union européenne dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Pour Mme Delbos, c'est un sujet d'inquiétude, alors que les constructeurs sont "sans certitude sur l'appétence des clients" pour ces véhicules.
Renault entend s'appuyer sur le partenaire Nissan, dont il détient 43%, pour faire des économies. Après des mois de crise dans le sillage de l'affaire Ghosn, les deux groupes entendent mettre davantage en commun leurs technologies et leurs usines pour dégager des synergies qui se font attendre depuis des années.
Le président de Renault, Jean-Dominique Senard, arrivé il y a un an, a affirmé sa confiance dans la nouvelle équipe dirigeante, avec l'arrivée prévue en juillet de Luca de Meo, transfuge de Seat (groupe Volkswagen) et aussi le recrutement de Gilles Le Borgne, chef de l'ingénierie venu du rival PSA (Peugeot, Citroën).
"L'intensité du travail de l'alliance n'a jamais été aussi forte depuis que j'ai rejoint le groupe", a assuré M. Senard, laissant entendre que la phase d'instabilité, qui a suivi l'arrestation de Carlos Ghosn au Japon sur une dénonciation de Nissan en novembre 2018, était désormais surmontée.
En revanche, "la Chine est une source d'inquiétude". Renault est très loin de ses objectifs de ventes dans le pays ce qui a conduit à une dépréciation de 400 millions d'euros l'an dernier.
Par ailleurs, les prévisions 2020 ne tiennent pas compte d'un éventuel impact de la crise sanitaire du nouveau coronavirus, impossible à évaluer. "Quelques pièces commencent à manquer dans certaines usines, donc nous pourrions avoir quelques jours d'arrêt ici ou là dans les prochaines semaines. Ce n'est rien de majeur si la production redémarre vite", a expliqué Mme Delbos.
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