Inflexible depuis que la ministre des Sports Roxana Maracineanu l'a appelé à démissionner lundi, Gailhaguet, 66 ans dont plus de vingt comme président de la Fédération française des sports de glace (FFSG), résistera-t-il à ce nouvel épisode ?
Depuis plus d'une semaine, le sport français vit une crise sans précédent, déclenchée par une vague de révélations de violences sexuelles. Plusieurs anciennes patineuses ont accusé trois entraîneurs différents d'avoir abusé d'elles entre la fin des années 1970 et le début des années 1990, quand elles étaient adolescentes.
Sous pression, Gailhaguet a choisi la contre-attaque. En plusieurs étapes et avec plusieurs cibles. D'abord Marie-George Buffet, pour sa gestion au début des années 2000, quand elle était ministre des Sports, du cas Gilles Beyer, l'ex-entraîneur accusé de viols et d'agressions sexuelles par l'ancienne championne Sarah Abitbol dans son livre "Un si long silence" (Plon). Puis Maracineanu, qualifiée de "ministre moralisatrice".
Et il a annoncé qu'il attendrait les conclusions de l'enquête administrative lancée par le ministère des Sports avant toute décision sur une éventuelle démission.
"Ingérable"
Dans ce contexte, la réunion exceptionnelle convoquée samedi, qui doit débuter à 10h00 au siège de la fédération à Paris, pourrait se révéler décisive.
Sur le papier, c'est Gailhaguet lui-même qui réunit les membres de l'organe de surveillance et de contrôle de la fédération, "à la demande de la présidente du conseil fédéral", a expliqué à l'AFP Me Guy Paris, l'avocat de la FFSG.
Or il s'agit de la seule instance qui, selon les statuts de la FFSG, a le pouvoir de destituer le président de la fédération, par un vote à la majorité des deux tiers des 31 membres (présents ou ayant donné un pouvoir), à condition que la question soit mise à l'ordre du jour.
"C'est un point d'information pour savoir où on en est par rapport aux velléités de la ministre de le virer (Gailhaguet, ndlr)", a expliqué Me Paris.
La discussion pourrait-elle aller jusqu'à un vote sur une destitution ? "Ce n'est pas à l'ordre du jour mais tout est ouvert, il va y avoir une explication", a répondu l'avocat.
Membre de ce conseil fédéral, la présidente du club de Boulogne-Billancourt Fabienne Sebag est catégorique : c'est "avec une lettre de démission dans (son) sac" qu'elle s'y rendra. "Je ne reste pas dans ce truc si jamais ça ne va pas dans" le sens d'un départ de Gailhaguet, tranche-t-elle auprès de l'AFP. "Ne serait-ce que par soutien pour les victimes."
"Ça devient ingérable dans nos structures. Il faut faire quelque chose", abonde le président de l'Acsel Caen, Ludovic Le Guennec, également membre de l'instance.
Aucun pronostic
Pour autant, les acteurs du patinage ne se risquent à aucun pronostic.
Gailhaguet franchira-t-il l'obstacle ? Ou finira-t-il par rendre les armes ?
"Si je suis celui qui doit démissionner parce que c'est le seul moyen de débloquer, bien sûr que je le ferai", a-t-il concédé pour la première fois jeudi soir, sur le plateau de "C à vous".
Mais l'inamovible patron du patinage français s'est déjà sorti de périlleuses ornières.
Eclaboussé par une affaire de tricherie aux JO de Salt Lake City en 2002, il avait été interdit de toute fonction dans le patinage international pendant trois ans. En 2004, il avait également dû démissionner de la présidence de la FFSG à la suite d'un rapport de la Cour des comptes pointant des dérives de gestion.
Mais il s'était réinstallé dans le fauteuil de président en 2007. Et jusque-là, rien ni personne ne l'en a éjecté.
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