Une décision "mûrie comme toute décision importante", fondée sur l'idée que "dans une démocratie, le fondement de la légitimité, c'est l'élection", et que "nos concitoyens ne veulent surtout pas de responsables politiques hors-sol", justifie vendredi dans le quotidien Paris-Normandie celui qui a déjà dirigé la cité normande de 2010 jusqu'à son entrée à Matignon en 2017.
M. Philippe, attendu vendredi soir en meeting au Havre, avait avivé l'hypothèse de sa candidature en septembre dernier en rappelant, dans une déclaration d'amour publique à la ville, que ses "tripes" d'arrière-petit-fils de docker avaient "un goût d'eau salée".
Alors qu'on lui avait prêté des intentions à Paris en vue de ce scrutin, il assure n'avoir "jamais envisagé un engagement politique ailleurs qu'au Havre", où il est élu depuis 2001 et a construit son parcours politique, d'abord sous le tutorat de l'emblématique maire Antoine Rufenacht.
"C'est la ville que j'aime. C'est là que sont mes attaches", a plaidé celui qui ne manque pas une occasion de chanter les mérites du port dans ses interventions publiques.
- "Voler l'élection aux Havrais" -
Elu au premier tour en 2014 sous l'étiquette UMP (désormais Les Républicains) avec 52% des voix, M. Philippe a souligné que "sa plus grande ambition" était de redevenir maire à terme.
En attendant, "si le président de la République continue à m'accorder sa confiance, je continuerai à remplir ma mission de Premier ministre parce qu'on ne se dérobe pas quand il s'agit de servir son pays", a-t-il poursuivi.
Ainsi, s'il était élu au soir du 22 mars prochain, M. Philippe proposerait que l'actuel maire (LR) Jean-Baptiste Gastinne conserve le fauteuil. Et "le jour où ma mission s'achèvera à Matignon, je souhaite, si les Havrais me font confiance évidemment, redevenir maire parce que c'est là que je veux continuer à m'investir", a-t-il expliqué.
Sa candidature suscite les critiques de l'opposition, de droite comme de gauche.
"Il va voler l'élection municipale aux Havrais", car le scrutin risque de "se transformer en référendum pour ou contre la politique nationale" du gouvernement, au détriment des enjeux locaux, a estimé auprès de l'AFP le député PCF Jean-Paul Lecoq, également candidat à la mairie.
Mais, veut-il espérer, ce pourrait aussi être aussi l'occasion pour la gauche de se "rassembler", alors qu'EELV et le PS, sans le PCF, feront liste commune.
Edouard Philippe "s'est un peu servi du Havre comme d'un marche-pied, il ne faudrait pas que ça devienne un trampoline non plus, mais clairement, c'est son plan de retraite", tacle l'écologiste Alexis Deck, élu municipal depuis 2014 au Havre et à la tête de cette liste.
L'eurodéputé EELV Yannick Jadot juge pour sa part cette candidature "profondément scandaleu(se)" au moment où la France est "en burn out social et démocratique", et tandis que la réforme des retraites continue son parcours.
Le député La France insoumise Eric Coquerel a appelé pour sa part le Premier ministre à "démissionner dès maintenant puisque son choix est manifestement de redevenir maire du Havre".
Cela en dit "beaucoup sur la fébrilité de La République en marche" à l'approche des municipales, considère le porte-parole du Rassemblement national Sébastien Chenu, pour qui LREM "déguise des Républicains (...) ou des élus socialistes en marcheurs" pour pallier "un personnel politique pas au niveau".
Mais Edouard Philippe récuse toute tentative de "tirer des élections du Havre des leçons nationales", affirmant sa volonté de "parler du Havre", en laissant "les commentateurs" commenter.
Sans préciser les contours de son programme qu'il qualifie d'"ambitieux", il a assuré dans Paris-Normandie qu'il mènerait "une campagne intense au Havre", tout en remplissant ses "obligations à Paris".
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