A l'affiche : à perdre la raison

Dès leur première rencontre, Murielle et Mounir sont tombés fous amoureux l’un de l’autre. Mounir, qui vit depuis toujours chez le docteur Pinget, son riche père de substitution qui ne l’a cependant jamais adopté, installe la jeune femme tout naturellement chez lui.

Inspiré de faits réels 

Très vite, le couple a plusieurs enfants, pour la plus grande joie du docteur. Mais leur dépendance matérielle et affective vis-à-vis de ce dernier s’accentue de jour en jour. Peu à peu, la jeune femme perd pied…

En s’inspirant d’un tragique fait divers survenu en Belgique, Joachim Lafosse signe une œuvre originale et bouleversante, qui met en scène la lente dérive d’une jeune femme vers la folie. Surtout, il montre, avec beaucoup de subtilité, que la générosité peut devenir une terrible perversité.

Un film et des acteurs impressionnants 

Sans jamais verser dans l’outrance, avec des petits riens et de menus détails, il décrit le parcours tragique d’une femme, piégée par une trop grande bonté, aussi doucereuse qu’étouffante.

Le film est à l’image de Niels Arestrup, exceptionnel de suavité perverse. Avec Tahar Rahim, impeccable, il reconstitue le couple ambigu de "Un prophète", de Jacques Audiard. Mais c’est Emilie Dequenne, impressionnante de subtilité et de désespoir larvé, qui confirme, s’il en était besoin, l’immense actrice qu’elle a toujours été depuis "Rosetta" des frères Dardenne. Cette tragique descente aux enfers d’une femme fragile et dépassée est poignante, mais parfaitement maîtrisée.

Drame belgo-luxembourgeois-franco-suisse (2011). De Joachim Lafosse, avec Emilie Dequenne (Murielle), Niels Arestrup (André Pinget), Tahar Rahim (Mounir), Baya Belal (Rachida), Stéphane Bissot (Françoise), Yannick Renier (le radiologue) (1h51).

Marie-Christine d’André

● Drame belgo-luxembourgeois-francosuisse (2011). De Joachim Lafosse, avec Emilie Dequenne (Murielle), Niels Arestrup (André Pinget), Tahar Rahim (Mounir), Baya Belal (Rachida), Stéphane Bissot (Françoise), Yannick Renier (le radiologue) (1h51)