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Le retour en grâce de la bonne vieille grève

La grève contre la réforme des retraites qui dure depuis bientôt un mois, en particulier dans les transports publics, signe le retour en grâce d'un mode d'action classique, mais délaissé par les syndicats depuis une quinzaine d'années.

Le retour en grâce de la bonne vieille grève
Des danseuses de l'Opéra de Paris en grève contre la réforme des retraites interprètent des passages du "Lac des cygnes" devant l'opéra Garnier le 24 décembre 2019 - ludovic MARIN [AFP/Archives]

"Avec la grève, on obtient toujours quelque chose. Regardez, depuis deux semaines, on apprend chaque jour que tel ou tel régime spécial sera finalement maintenu", a lâché ce week-end le numéro un de la CGT Philippe Martinez (CGT).

Les aménagements acceptés par le gouvernement pour les pilotes, hôtesses, policiers, enseignants ou encore cheminots, sont selon lui déjà une première preuve de l'utilité de cette grève.

"C'est vrai que quatre semaines de grève, ce n'est pas banal, surtout replacé dans l'époque qui est la nôtre", relève Stéphane Sirot, historien des mouvements sociaux. Le dernier mouvement de cette ampleur est celui de l'hiver 1995, contre le plan Juppé (retraites et assurance maladie), qui est maintenant dépassé en nombre de jours.

"Depuis une quinzaine d'années, la manifestation avait tendance à remplacer la grève. Là, on a un retour en force des pratiques classiques", décrypte M. Sirot auprès de l'AFP, notant aussi, de pair, le retour des assemblées générales, "qu'on avait un peu oubliées".

Au grand dam des syndicats, les mobilisations dites "saute-mouton" de ces dernières années, où les journées d'actions se succèdent, n'ont eu aucun effet. Pour preuve l'opposition à loi de Travail en 2016 ou au passage de l'âge légal de départ à la retraite de 60 à 62 ans, en 2010.

Selon M. Sirot, le mouvement en cours s'explique d'ailleurs par "un retour d'expérience" sur "ces journées d'actions récurrentes qui ne parviennent pas à créer un rapport de force suffisamment important pour obtenir des concessions".

Ces dernières années, la question des modes d'action a traversé les organisations syndicales: comment faire pour se faire entendre?

"Évidemment, on déplore la grève mais à un moment donné c'est la seule arme qu'on a pour se défendre face à un gouvernement qui nous attaque", plaide Mathieu Bolle Redat, secrétaire général de la CGT-Cheminots de Versailles.

"Corps social brutalisé"

Côté contexte, depuis 2016, pour M. Sirot, il y a une "ébullition permanente" face au rythme des réformes: loi Travail, ordonnances Travail, réforme de la fonction publique, Ephad, gilets jaunes, hôpitaux...

"Le corps social s'estime tellement brutalisé qu'il n'en peut plus", estime l'historien. Un "malaise" que Bernard Thibault, ancien secrétaire général de la CGT, juge "plus fort" qu'en 1995, où il était l'un des leaders du mouvement.

"C'est un mouvement d'ampleur, sa longueur et sa popularité témoignent de la défiance envers le pouvoir", relève aussi Xavier Vigna, professeur d'histoire à l'université de Nanterre.

"Il y a des mécontentements sectoriels antérieurs à la réforme, comme à l'hôpital et chez les enseignants, qui sont énormes", relève-t-il. "Maintenant, se pose la question du débouché politique", ajoute-t-il.

Le conflit semble parti pour dépasser le record de 28 jours atteint en 1986-87 à la SNCF, également sans trêve de Noël, pour la défense des salaires et les conditions de travail.

"C'est quand même spectaculaire que le gouvernement n'ait pas réussi à retourner l'opinion alors que les difficultés des transports sont considérables en Ile-de-France", s'étonne d'ailleurs M. Vigna.

Un temps qui peut être mis à profit, expliquait récemment Nicolas Delalande, chercheur à Sciences-Po, dans une tribune à Libération.

"(...) L'épisode que nous vivons démontre une nouvelle fois que la grève est un moment privilégié d'appropriation politique, qui conduit les uns et les autres à expliciter, confronter et affiner leurs positions (...). Le gouvernement voulait jouer la montre, obscurcir les enjeux et diluer ses annonces. La grève provoque, à l'inverse, une condensation du temps politique, tout en étirant le temps social".

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