Grâce aux prêts nombreux de la cinémathèque française, la nouvelle exposition temporaire du musée des Beaux-arts de Rouen (Seine-Maritime) témoigne des influences réciproques des arts visuels et plastiques. Organisée de manière chronologique, elle est introduite par les impressionnistes et met en lumière les liens entre la naissance du cinéma et la vision des peintres avant-gardistes.
Représenter le mouvement
C'est avec une des versions de la gare Saint-Lazare de Monet que cette exposition commence. Les impressionnistes et les membres de l'école de Rouen cherchent à saisir l'instant et à reproduire les effets atmosphériques fugaces observés. Le parcours muséal reconstitue le contexte scientifique dans lequel ces œuvres impressionnistes voient le jour : études de Muybridge ou d'Etienne Jules Marey sur le mouvement ou, bien sûr, l'émergence du 7e art grâce aux frères Lumières. Ces innovations techniques ont interpellé les artistes d'alors, mais d'emblée, on comprend que ces scientifiques ont aussi été stimulés par la démarche des peintres avant-gardistes.
L'homme et la machine
La technologie et la mécanisation croissante fascinent, mais sont rapidement perçues comme de potentielles menaces dont témoigne Charlie Chaplin dans Les temps modernes. L'exposition établit des ponts entre cubisme et cinéma, dévoile en particulier l'intérêt de Fernand Léger pour le cinéma. L'artiste compose des génériques de film ou participe à la fascination pour l'objet manufacturé dans son Ballet mécanique en 1924.
Le rapport entre l'homme et la machine est aussi une source inépuisable d'humour, dont tire parti George Monca dans cette fiction humoristique de 1912, dans laquelle on découvre un certain peintre Rigadin dans son atelier avec ses modèles cubistes. C'est aussi dans un esprit cubiste que Picasso imagine les costumes du ballet Parade, mis en scène par Cocteau en 1917, d'après la partition de Satie. Les artistes participent aussi au 7e art par la création de décors ou de costumes.
Champs d'expérimentation
La peinture s'est-elle nourrie du cinéma ou le cinéma de la peinture ? L'exposition prouve en fait que ces disciplines se sont nourries l'une de l'autre, jusqu'à flouter les frontières des genres. On retrouve dans la vidéo d'Alice Guy, la danse serpentine, une réflexion sur le mouvement qui fait écho aux roto-reliefs de Duchamps : un mouvement hypnotique et une image filmée qui tend peu à peu vers l'abstraction.
Les artistes créent aussi des films, comme Dali et son chien Andalou, manifeste du surréalisme, mais le cinéma permet aussi de saisir le geste de l'artiste : que ce soit le dripping de Pollock ou le geste unique de Picasso. On peut alors se demander où est l'œuvre. Le film qui documente et explicite la technique de l'artiste a-t-il également valeur d'œuvre d'art ? Une intéressante mise en abyme.
Jusqu'au 10 février 2020 au Musée des Beaux-arts de Rouen. 3 à 6 €. Tél. 02 35 71 28 40
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