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Après la prison, d'anciens membres de l'ETA croient toujours à l'indépendance

Antton Lopez Ruiz a passé plus de 26 ans en prison pour des attentats commis au nom de l'ETA. Aujourd'hui, ce passé sanglant est derrière lui mais pas son désir de voir un Pays basque indépendant.

Après la prison, d'anciens membres de l'ETA croient toujours à l'indépendance
Les anciens membres de l'ETA Carlos Saez de Egilaz et Oihana Garmendia à San Sebastian, le 6 septembre 2018 - ANDER GILLENEA [AFP]

"Quand quelqu'un me dit +tu as tué+, c'est indéniable", dit Lopez Ruiz, 64 ans, qui a accepté de s'entretenir avec l'AFP avec deux autres anciens membres de l'organisation séparatiste basque, Oihana Garmendia et Carlos Saez de Eguilaz.

Figure du groupe séparatiste, Lopez Ruiz, sorti de prison en 2013, est notamment connu pour l'exécution en 1986 de Maria Dolores Gonzalez Catarain alias "Yoyes", ancienne responsable de l'ETA qui avait abandonné l'organisation avant d'être assassinée devant son jeune fils.

"Nous savons que nous avons fait du mal, nous l'assumons", soutient-il, assis dans un local du parti indépendantiste Sortu, à Saint-Sébastien (nord), où il milite désormais avec les deux autres anciens etarras pour le rapprochement des prisonniers de l'ETA au Pays Basque.

Il juge ainsi que l'attentat le plus sanglant de l'ETA - qui avait tué 21 personnes en 1987 dans un supermarché de Barcelone et suscité une immense réprobation - a porté "un coup dur" à l'organisation.

Mais "l'Etat espagnol a aussi ses victimes, il a fait du mal mais ne veut pas le reconnaître", s'empresse d'ajouter l'ancien etarra, peu de temps avant une cérémonie qui doit célébrer lundi à Madrid la coopération entre la France et l'Espagne dans la lutte contre l'ETA, dissoute en mai.

Au moins 853 morts sont attribués au groupe séparatiste basque tandis que 300 crimes restent non résolus.

Mais dans le camp indépendantiste, beaucoup rappellent qu'au moins 62 personnes ont été tuées par des groupes para-policiers ou d'extrême droite formés dans les années 1970 et 1980 pour contrer l'ETA.

Et les ex-etarras assurent qu'eux-mêmes ou des proches ont été torturés. Selon un rapport commandé par le gouvernement régional basque, plus de 4.100 plaintes pour tortures policières ont été déposées entre 1960 et 2014.

Aux origines de l'ETA

La répression de l'identité basque menée par le dictateur Francisco Franco (1939-1975) est souvent citée comme raison d'engagement au sein de l'ETA. Mais fondée en 1959, l'organisation a toutefois mené la plupart de ses attentats meurtriers après la fin de la dictature.

L'usage de la langue basque était réprimé, et M. Lopez Ruiz assure que l'on pouvait être emprisonné pour le simple fait de porter les couleurs du drapeau basque.

L'ancien etarra - qui dit avoir commencé à travailler à 14 ans dans une usine dominée par les militants de gauche influencés par les "luttes armées" contre la colonisation - a fini par gagner la France pour rejoindre l'ETA.

Tout en allaitant son bébé, Oihana Garmendia, 42 ans, revient aussi sur ses débuts d'etarra, se gardant d'évoquer son rôle au sein de l'organisation.

Contrairement à Antton Lopez Ruiz, elle est née après la mort de Franco en 1975 et a grandi dans une Espagne démocratique. Mais issue d'un milieu populaire, elle assure que dans son village, la répression s'est poursuivie dans les années 80.

"J'ai des images qui sont gravées, je me souviens de la police entrant chez mes voisins, d'une voisine torturée" pour ses idées indépendantistes, alors qu'elle n'était pas membre de l'ETA. "Elle avait été brûlée aux tétons, ils lui avaient introduit des bâtons dans le vagin", affirme-t-elle.

C'est ce qui a conduit Mme Garmendia à finalement rejoindre l'organisation. "J'ai dû m'enfuir en 2003 parce que la police est venue me chercher à la maison", raconte-t-elle.

Arrêtée en France en 2009, elle a été accusée d'avoir recruté pour l'ETA. Carlos Saez de Eguilaz, 54 ans, a lui été interpellé en 2003 pour extorsion de fonds.

268 prisonniers

Tous trois militent à présent pour améliorer le sort des 268 ex-etarras détenus (selon les chiffres d'une association), pour la plupart à des centaines de kilomètres de leur famille.

Le nouveau gouvernement du socialiste Pedro Sanchez a promis d'oeuvrer au rapprochement des prisonniers. Deux ont déjà été transférés au Pays basque. Mais ce rapprochement reste vivement contesté par la droite et certaines organisations de victimes, qui jugent que les prisonniers devraient renier l'ETA avant d'être transférés.

Dans leur grande majorité, ces détenus sont placés sous le régime pénitentiaire le plus strict, appliqué aux criminels les plus dangereux. "Une politique pénitentiaire fondée fondamentalement sur la vengeance", accuse Carlos Saez de Eguilaz, et qui "incite à faire renaître la haine", selon Lopez Ruiz.

S'ils ont, comme l'ETA, tiré un trait sur la lutte armée, ces trois ex-etarras restent fermement indépendantistes.

Et considèrent que le référendum d'autodétermination organisé en 2014 en Ecosse, puis la vaine tentative de sécession de la Catalogne en octobre 2017, marquent une nouvelle tendance. L'indépendance, "on y arrivera", veut croire Oihana Garmendia.

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