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Montevideo ne veut plus être la capitale oubliée du tango

Tous les soirs, Edinson Rios choisit parmi ses 11 paires de chaussures, enfile un beau costume et sort danser le tango à Montevideo, une tradition en quête d'un nouveau souffle dans la capitale de l'Uruguay, longtemps éclipsée par sa géante voisine Buenos Aires.

Montevideo ne veut plus être la capitale oubliée du tango
Des danseurs de tango lors d'une représentation le 29 avril 2018 à Montevideo - Pablo PORCIUNCULA BRUNE [AFP]

"Cela fait dix ans que je danse" et cette sortie est un rituel quotidien "quelle que soit la météo", confie ce militaire en retraite de 69 ans, sourire malicieux et cheveux soigneusement peignés en arrière.

D'un signe de tête, comme il se doit, il invite une jeune femme sur la piste où se croisent avec adresse une dizaine de couples, dans une salle au coquet parquet, presque cachée au fond d'un marché couvert.

C'est là que l'association Joventango ("tango jeune") organise chaque semaine des milongas, soirées ouvertes aux initiés comme aux curieux et aux touristes.

Née à la fin du XIXe siècle dans les maisons closes de Buenos Aires et Montevideo, cette danse, véritable corps-à-corps passionné, fut d'abord jugée trop sulfureuse pour être pratiquée en public, puis gagna sa popularité et ses lettres de noblesse après un détour par Paris.

Ironie de l'histoire, elle est aujourd'hui vue en Uruguay "comme quelque chose pour les vieux", déplore Martin Borteiro, ancien danseur professionnel comme sa femme Regina Chiappara.

En début d'année, Martin et Regina ont été chargés par la mairie d'établir un diagnostic du patient "tango" à Montevideo, en vue d'élaborer un plan stratégique.

Le tableau dressé par le couple n'est guère flatteur: de moins en moins de milongas, des danseurs toujours plus âgés et peu de soutien public. Signe de ce déclin, il ne reste qu'un seul fabricant local de chaussures pour le tango dans la capitale uruguayenne.

"La communauté actuelle du tango est très fragile", note Martin. "A Montevideo, une ville où est né le tango, il y a un risque de disparition d'une part de notre identité, de notre tradition."

"Comme perdre le football"

Joselo Ferrando, 45 ans, qui gère l'un des principaux salons de milongas de Montevideo, le Chamuyo, est lui aussi préoccupé. Il se souvient qu'en ouvrant sa salle, il n'a reçu qu'une modeste aide publique pour acheter des chaises et juge "dommage" que, dans une ville tant liée au tango, "cela ne soit pas soutenu, valorisé, choyé".

Esteban Cortez, professeur de tango de 43 ans, refuse, lui, de croire que les jours du tango sont en danger à Montevideo.

Perdre cette danse, "pour moi c'est comme perdre le football, ça n'arrivera jamais", dit-il, dans ce pays où le ballon rond a presque valeur de religion.

Sa femme Virginia Arzuaga, 40 ans, elle aussi professeure, rappelle que le tango a été classé par l'Unesco au patrimoine culturel de l'humanité en 2009.

Presque tous les jours de la semaine, le couple enseigne les pas de cette danse très codifiée à un public de tout âge, dont beaucoup de célibataires ou divorcés qui espèrent peut-être rencontrer l'amour au détour d'une milonga.

"Il y a des gens qui disent, et c'est vrai, que quand le virus du tango te pique, tu es perdu, c'est un voyage sans retour", assure Virginia en racontant la frénésie actuelle autour de cette danse dans divers pays du monde comme la Turquie, la Russie ou la France.

Musée, festival

Les amateurs uruguayens regardent avec envie de l'autre côté du Rio de la Plata, qui les sépare de l'Argentine, où le tango est roi et reconnu internationalement. Cousins mais souvent rivaux, les deux pays se disputent la nationalité de Carlos Gardel, légendaire chanteur de tango.

"Buenos Aires en a fait une question d'identité et a travaillé en ce sens, dans le pays et à l'extérieur, vers le tourisme qui est une source de revenus importante", souligne Joselo.

Mais à Montevideo, "tout reste à faire, et cela passe par la diffusion de la musique dans les médias, l'enseignement de la danse dans les écoles, la formation de professeurs."

Depuis quelques mois, le vent semble enfin tourner: un musée du tango a ouvert ses portes et un grand festival, "Montevideo Tango" est prévu le 27 octobre.

Le pianiste Alberto Magnone, 71 ans, travaille sur un parcours de statues et peintures murales, à travers le centre historique, pour rappeler aux Uruguayens comme aux touristes que Montevideo a joué un rôle central dans l'histoire de cette danse. C'est là qu'a été composée, en 1917, "La Cumparsita", tango le plus célèbre au monde.

"Le tango est une oeuvre commune de l'Uruguay et de l'Argentine, mais nous, nous n'avons pas su lui donner la place qu'il mérite", affirme-t-il.

"Tango de proximité"

La mairie espère lancer en juillet son plan, basé sur le diagnostic établi par Regina Chiappara et Martin Borteiro.

"Le plan stratégique va être: +Montevideo, tango de proximité, loin du tango-spectacle, sur scène+", explique Jorge Navratil, directeur du département promotion culturelle de la ville.

Objectif: "générer de nouveaux publics, tant au niveau local qu'international, et replacer Montevideo sur la carte internationale" du tango, avec notamment la création d'un orchestre municipal dédié, des actions dans les lycées, des spectacles et un travail de préservation du patrimoine.

Car le tango, "c'est comme une langue: quand on arrête de la parler, elle se transforme en langue morte".

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