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La "seconde révolution" des polices communautaires au sud du Mexique

Dans les montagnes du violent Etat de Guerrero, au sud du Mexique, les civils armés qui patrouillent le secteur racontent tous la même histoire: "J'ai été séquestré par le crime organisé et pour cette raison j'ai pris les armes".

La "seconde révolution" des polices communautaires au sud du Mexique
Un membre de la police communautaire de l'état du Guerrero monte la garde dans les collines de Carrizalillo au Mexique, le 24 mars 2018 - Pedro PARDO [AFP]

Juan Carlos Ramos, 30 ans, protège Teloloapan, son village natal, un fusil à la main, et un pistolet à la ceinture.

"J'ai été séquestré il y a sept mois par la Familia Michoacana (un groupe criminel de l'Etat voisin du Michoacan); mon frère a lui été séquestré durant quatre mois" avant finalement d'être libéré par les militaires, raconte-t-il à l'AFP.

Dans cet Etat du Guerrero, 2.318 assassinats ont été recensés en 2017 - le chiffre le plus élevé du Mexique. Au niveau national, le pays a enregistré l'an passé un chiffre record de meurtres.

C'est son enlèvement qui a poussé Ramos à rejoindre son frère dans la police communautaire.

"La majorité d'entre nous voulons la tranquillité", explique ce garagiste qui porte désormais un uniforme beige de combat. "C'est une autre révolution", ajoute son frère Luis Alberto, un chauffeur routier de 32 ans, également armé.

La police communautaire de Ramos et son frère n'est pas la seule police communautaire dans le secteur. Dès 1995, des polices communautaires se sont formées dans cet Etat tumultueux, s'organisant en coordination régionale.

Mais avec la vague de violences liée au crime organisé qui a frappé la région, les groupes civils armés se sont multipliés.

"La Familia Michoacana nous ont enlevé ma femme et moi. Après, ils ont enlevé mon fils" déplore Misael Figueroa, 46 ans, professeur reconverti en un des leaders de la police communautaire de Apaxtla.

Pour lui, la police communautaire est "une seconde révolution", après la Révolution mexicaine de 1910, quand les paysans ont pris les armes contre un gouvernement jugé trop éloigné des préoccupations des classes populaires.

Communautés contre la violence

Mi-mars, dans la localité de Tlacotepec, des centaines de membres de cette police communautaire se sont rassemblés pour exiger du gouvernement de cet Etat de mettre fin aux violences.

Ces civils armés ont arpenté les rues, certains avec des armes parfois rustiques, d'autres équipés de fusils d'assaut, le doigt sur la gâchette.

Figueroa et les frères Ramos étaient présents. Les trois hommes sont arrivés en pick-up dans cette localité où ils n'ont croisé que deux policiers désarmés, avant de rejoindre les arènes pour écouter les leaders.

Selon ces derniers, il y aurait 1.500 civils armés dans le seul secteur de Heliodoro Castillo. Si on y ajoute les localités voisines, on arrive au chiffre de 7.000 hommes armés.

Beaucoup disent que des "donations" servent à financer ces groupes. Néanmoins chaque groupe a ses particularités et certains admettent cultiver le pavot à opium, à partir duquel on fabrique l'héroïne.

Dans cet Etat, l'un des plus pauvres du pays, beaucoup de familles vivent de cette culture illégale.

Un des coordinateurs de la police communautaire de Tlacotepec, s'exprimant sous le couvert de l'anonymat, indique qu'un groupe d'hommes se dédie dans cette localité à la culture du pavot. Ils ne pratiquent pas d'enlèvements, ni d'extorsions, mais "protègent leur peuple", assure-t-il.

Les polices communautaires armées ont accompagné l'AFP jusqu'à des champs de pavot à opium, dont les fleurs aux couleurs intenses rompent avec la monotonie du décor.

"Pourquoi ils n'implantent pas une entreprise ici pour que les gens n'aient pas à se consacrer à ce genre de culture?" interroge ce leader pour se justifier.

"Pas une vie"

A environ 80 km de Tlacotepec, Misael Figueroa et la police communautaire de Apaxtla doivent combattre les enlèvements et l'extorsion.

"La seule chose que nous voulons c'est voir revenir ceux que nous aimons, et retrouver notre tranquillité", dit-il installé de nuit dans un poste de surveillance.

Plusieurs confessent rêver de déposer les armes et revenir à leur travail antérieur.

"Ce n'est pas une vie que de vivre dans cette tension" regrette Laurencio Miranda, 45 ans, un instituteur vêtu d'un gilet pare-balles, équipé d'un fusil et d'un pistolet.

"Les autorités doivent remplir leur rôle. A nous, les stylos et les outils" dit-il.

Pour l'heure, la trêve n'est pas envisagée. Au cours des deux premiers mois de 2018, 367 homicides ont été recensés au Guerrero.

"Mon espoir, c'est que je puisse un jour ranger mon arme et vivre tranquillement" commente Juan Carlos Ramos.

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