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Brahim Kermaoui, l'enfant de la DDASS devenu chauffeur-écrivain

Volé à la naissance, élevé dans la plus grande misère, trimballé de foyers en familles d'accueil avant d'atterrir en prison, Brahim Kermaoui a vécu l'enfer avant de relever la tête; devenu chauffeur VTC, il a fait de son histoire un livre, qu'il vend à ses clients dans sa voiture.

Brahim Kermaoui, l'enfant de la DDASS devenu chauffeur-écrivain
Chauffeur VTC et écrivain, Brahim Kermaoui pose avec son livre "l'Enfant égaré" à Asnières-sur-Seine, au nord-ouest de Paris, le 13 décembre 2017 - CHRISTOPHE SIMON [AFP]

"Souffrance, douleur et tristesse": ces mots sortent spontanément de la bouche de Brahim lorsqu'on lui demande d'évoquer son enfance, passée à Gennevilliers (Hauts-de-Seine) dans les années 1980, aux côtés d'une mère souffrant de problèmes psychiatriques et d'un oncle alcoolique. Son père a disparu lorsqu'il avait 6 ans.

Il a longtemps gardé son histoire pour lui avant de se décider à l'écrire, puis à la diffuser pour "faire passer un message d'espoir, dire que dans les moments difficiles, il faut s'accrocher".

La révélation a lieu le jour où il découvre le destin de Gavin Escolar. Cet immigré philippin, chauffeur Uber à San Francisco, a fait fortune en vendant dans sa voiture des bijoux qu'il fabriquait lui-même. Brahim, qui travaille pour la même compagnie, voit enfin un moyen de diffuser son récit avec l'autorisation d'Uber.

Il imprime l'ouvrage, "L'enfant égaré", et l'édite à compte d'auteur, avant de le mettre à la vente sur la banquette arrière de son véhicule. "Quand je raconte ma vie aux clients, ils restent bouche-bée", s'amuse le chauffeur-écrivain.

Car l'histoire de Brahim, 39 ans, visage rieur aux yeux verts, est marquée par la violence et la maltraitance. Livré à lui-même dès son plus jeune âge, sous la coupe des grands du quartier qui le frappent et l'humilient, il se retrouve dès 11 ans à revendre de l'héroïne.

"Les toxicos qui venaient acheter ils hallucinaient quand ils me voyaient, j'étais tout petit", se rappelle-t-il.

En échec scolaire, vivant dans un appartement sans électricité et insalubre, Brahim est placé à la DDASS en sixième. Un soulagement et une déchirure à la fois: "Ma mère hurlait, elle s'accrochait à moi, c'était très dur. Même en parler aujourd'hui ça me fait pleurer", se remémore Brahim, bouleversé à l'évocation de ce souvenir.

"Je ne veux plus de lui"

Commence alors une longue errance de foyers en familles d'accueil, émaillée de petits larcins, de formations ratées avec, in fine, un retour au deal.

Malgré des visites hebdomadaires chez le psychologue, à qui il ne confie aucun de ses traumatismes par honte, Brahim "commence à sombrer" et se noie dans l'alcool.

La descente aux enfers se poursuit avec un cambriolage "complètement foireux, on était bourrés", qui le conduit en prison pour 6 mois. Il a alors tout juste 20 ans.

L'histoire serait presque tristement banale si un événement n'avait pas bouleversé l'existence de Brahim à son adolescence. A 14 ans, il est roué de coups par son oncle, avec une telle brutalité qu'il séjourne un mois à l'hôpital.

Convoquée par les services sociaux pour s'expliquer, sa mère, au bout du rouleau, balance que Brahim n'est pas son vrai fils. "De toute façon je ne veux plus de lui. Gardez-le. Il me coûte trop cher", assène-t-elle à l'éducateur de Brahim, sous les yeux de celui-ci sous le choc.

Les révélations ne font que commencer. Brahim apprend par un oncle que ses parents "adoptifs" avaient récupéré un premier bébé, à l'hôpital de Berkane, au Maroc, décédé au bout de 15 jours. Ils l'ont alors "échangé" contre un autre: Brahim. Aujourd'hui, convaincu d'avoir été volé, il cherche inlassablement sa famille biologique.

"Je ne suis pas le seul à qui c'est arrivé", affirme-t-il. "Quand je vois les histoires en Espagne, avec des enfants qui retrouvent leurs parents 50 ans après ça me donne espoir", veut-il croire, faisant référence aux affaires de "bébés volés", nés au Maroc dans les années 1970 et 1980 et vendus à de riches familles espagnoles.

Désormais marié et père de deux petites filles, Brahim raconte s'en être sorti notamment grâce à la religion. Ce récit, c'est aussi une forme de thérapie, une volonté de livrer ce qu'il a longtemps gardé en lui. Avec l'espoir un jour de retrouver sa vraie famille.

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