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L'Iran défend à l'ONU l'accord nucléaire face au "voyou" Trump

L'Iran respecte l'accord nucléaire de 2015 mais réagira avec "détermination" si Donald Trump, qualifié de "voyou", devait le dénoncer, a prévenu mercredi le président iranien Hassan Rohani devant l'ONU, au lendemain d'un virulent discours du président américain.

L'Iran défend à l'ONU l'accord nucléaire face au "voyou" Trump
Le président iranien Hassan Rohani devant l'ONU, le 20 septembre 2017 New York. - ANGELA WEISS [AFP]

"Nous n'avons trompé personne" dans l'application de l'accord, mais Téhéran "réagira avec détermination" à toute violation du texte, a ajouté M. Rohani, alors que les Etats-Unis menacent de plus en plus de dénoncer l'accord. "Il serait dommage que l'accord soit détruit par des nouveaux voyous en politique internationale", a-t-il lancé.

Mardi, le président américain avait attaqué l'Iran en le qualifiant d'"Etat voyou" et de "dictature corrompue", à la même tribune de l'Assemblée générale des Nations unies. Lors de son allocution, le président iranien s'est fait le chantre de la "modération" et de la "démocratie".

Le bras de fer sera au menu plus tard dans la journée à New York d'une réunion des pays signataires du texte historique, qui donnera lieu à la première rencontre entre le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson et son homologue iranien Mohammad Javad Zarif depuis le changement d'administration américaine en janvier.

Au coeur de la crise entre les deux pays, l'accord signé par Téhéran et les grandes puissances - dont les Etats-Unis -, que Donald Trump voue aux gémonies.

Le président américain doit "certifier" d'ici mi-octobre auprès du Congrès que Téhéran respecte bien ses engagements, censés garantir la nature exclusivement pacifique de son programme nucléaire. Une non certification ouvrirait la voie à une réimposition de sanctions déjà levées, ce qui équivaudrait selon certains diplomates européens à "une mort politique" de l'accord.

Un retour des sanctions, casus belli pour Téhéran, risque de faire voler en éclats un pacte bâti sur leur levée progressive en échange de l'engagement iranien de ne pas se doter de l'arme atomique.

'50/50'

Le milliardaire républicain a assuré mercredi avoir pris déjà sa décision, mais sans en dire davantage. "Ce qui est clair, c'est qu'il n'est pas heureux avec cet accord", a expliqué l'ambassadrice américaine à l'ONU Nikki Haley sur la chaîne de télévision CBS.

L'éventualité inquiète les autres signataires: France, Grande-Bretagne, Russie, Chine et Allemagne. "Nous exhortons sans cesse les Etats-Unis à ne pas le déchirer. Je dois dire que les chances sont peut-être de 50/50", a dit le ministre britannique des Affaires étrangères Boris Johnson au journal Guardian.

"Le JCPOA (acronyme de l'accord) est un résultat important du multilatéralisme. C'est un exemple de la façon de résoudre une crise internationale à travers la politique et la diplomatie", a insisté pour sa part la diplomatie chinoise.

Hormis le soutien d'Israël, les Etats-Unis sont isolés, d'autant que l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), chargée de vérifier le respect des engagements des Iraniens, a sans cesse validé leur attitude depuis la conclusion de l'accord en juillet 2015.

"L'accord appartient à la communauté internationale et pas à un ou deux pays", a fait valoir Hassan Rohani à l'ONU, reprenant presque mot pour mot une formule de la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini.

Pyongyang 'observe de près'

Pour tenter de le sauver, des tractations semblent en cours en coulisses pour apporter des "compléments" à ce qui a été acté en 2015.

Les Etats-Unis ne resteront dans l'accord que si des "changements" sont "introduits", car le texte "doit vraiment être revisité", a prévenu mardi Rex Tillerson. Selon lui, "le défaut le plus flagrant" est qu'il "ne fait que remettre le problème à plus tard".

"Nous devons garder l'accord de 2015 car c'est un bon accord", a plaidé mercredi le président français Emmanuel Macron. Mais il a proposé d'"ajouter deux ou trois autres piliers" semblant répondre aux préoccupations américaines: "Un pour un meilleur contrôle des missiles balistiques et des activités balistiques, qui ne sont pas couverts par l'accord de 2015; un deuxième pour l'après-2025 parce que l'accord ne couvre pas la situation après 2025; et un troisième pour ouvrir des discussions avec l'Iran sur la situation actuelle dans la région".

Washington reproche à Téhéran de "déstabiliser" le Moyen-Orient, notamment en Syrie, au Liban et au Yémen.

Si le président Rohani n'a pas répondu à ces propositions dans son discours, selon des diplomates français, toute réouverture des débats reste pour l'instant une "ligne rouge" pour les Iraniens.

Plusieurs diplomates s'inquiètent en outre des répercussions négatives d'une volte-face américaine sur l'Iran, alors que la communauté internationale espère encore faire revenir la Corée du Nord à la table des négociations pour lui faire renoncer à ses propres ambitions nucléaires.

Selon Stewart Patrick, chercheur au Council on Foreign Relations, "les Nord-Coréens observent de près comment est traité l'Iran", pour voir "quel serait leur propre sort s'ils devaient un jour accepter de renoncer à leurs armes nucléaires".

Behnam Ben Taleblu, du groupe de pression conservateur Foundation for Defense of Democracies, très critique envers l'accord iranien, pense au contraire qu'une "ligne dure contre Téhéran" renforcerait la "crédibilité des Etats-Unis" et les placerait en position de force lors d'éventuelles futures négociations avec la Corée du Nord.

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