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Venezuela: dans Maracay, en proie aux pillages

"Les policiers l'ont tué!" crie Yofran. A ses côtés, un jeune homme vient de s'écrouler. Nous sommes mardi dans la ville vénézuélienne de Maracay, transformée en zone de non-droit par des hordes de pillards qui cassent tout sur leur passage.

Venezuela: dans Maracay, en proie aux pillages
Un pillard s'enfuit avec des bouteilles de bière volées dans un magasin mis à sac à Maracay, le 27 juin 2017. - Federico Parra [AFP]

Le jeune homme a reçu une balle en plein visage pendant des affrontements avec la police, laquelle tentait vainement d'empêcher la foule de continuer à piller les magasins à Santa Rita, un des quartiers les plus dangereux de cette ville industrielle située à 120 km à l'ouest de Caracas.

Après la fusillade, la police finit par battre en retraite. La foule, parmi laquelle des hommes armés de couteaux, s'en prend alors à un magasin de spiritueux. Au total, une trentaine de boutiques seront dévalisées pendant la nuit, et un militaire sera tué par balles en tentant de s'opposer aux émeutiers, selon les services du procureur.

Pendant que Yofran pleure à genoux devant le corps inerte de son ami, des dizaines de personnes courent autour de lui en transportant des caisses de rhum et de bière.

Yofran, 23 ans, ne connaissait pas le nom de la jeune victime, mais il l'appelle son "frère".

"Les policiers l'ont tué! Nous n'avons pas d'armes, nous voulons que ce pays de merde change enfin, que Maduro s'en aille. Cela fait plus d'une heure qu'on nous tire dessus", pleure-t-il, en dissimulant son visage derrière un T-shirt.

Il jette un drap sur le cadavre, puis se joint aux pilleurs. Quelques instants plus tard, le corps est ramassé par des agents de la police scientifique armés de mitraillettes et emporté à bord d'une camionnette.

'C'est du vandalisme'

Au milieu du chaos, l'équipe de l'AFP se fait voler une caméra vidéo et un photographe se fait frapper à la tête par des assaillants qui tentent, sans succès, de lui voler son appareil.

Les troubles ont éclaté lundi, pendant des manifestations contre le président Nicolas Maduro au cours desquelles les protestataires ont érigé des barricades dans les rues. Depuis près trois mois, les violences ont fait 76 morts dans le pays.

Supermarchés, boulangeries, boucheries, pharmacies: aucun commerce ne semble échapper aux pillages. Les attaquants s'en prennent aussi à un bâtiment de la compagnie téléphonique publique et à une permanence du parti au pouvoir, qui sont partiellement incendiés.

A l'aide d'un camion, les émeutiers enfoncent la porte d'un entrepôt dont ils repartent les bras chargés de sacs de grain, de beurre, de boissons, de papier hygiénique... Une femme aux yeux exorbités vocifère en bourrant un charriot de marchandises volées. Non loin de là, un homme accuse la police d'avoir incendié sa moto, qui brûle près d'une barricade. Personne ne fait attention à lui.

"Non, ce ne sont pas des affamés, ce sont des vandales. Maintenant on n'a plus de boulangerie, c'était la seule qui existait par ici", se plaint Maria Velasquez, une ménagère de 54 ans qui, avec ses voisins, manifeste bruyamment son hostilité envers les pillards.

'Ils sont dangereux'

Après avoir mis à sac un deuxième magasin d'alcool dans le quartier, la foule avide essaye de s'en prendre à d'autres commerces. Les propriétaires ont fermé boutique et tentent de se défendre. Un homme lance des pierres contre des individus qui fuient à moto avec une caisse de rhum.

"On ne peut pas se laisser intimider, c'est de cette façon que le Venezuela est devenu comme ça!" se révolte Gabriela Rodriguez, 38 ans, propriétaire d'un magasin de cosmétiques.

"Ne leur dis rien! Ces gens sont dangereux", lui conseille une femme plus âgée. A côté, un commerçant se vante d'avoir repoussé les assaillants en tirant en l'air la nuit précédente.

Avec l'appui d'un blindé léger, un groupe de policiers se déploie dans le quartier et disperse les pillards à coups de grenades lacrymogènes. Les commerçants applaudissent. Le gouvernement annoncera plus tard 200 arrestations.

Gabriela Rodriguez, la propriétaire de la boutique de cosmétiques, affirme que les pillages ont commencé parce que les "colectivos" --des organisations de quartier progouvernementales-- ne reçoivent plus depuis des mois les sacs de vivres subventionnées que leur fournissait le gouvernement.

Le propriétaire d'une pharmacie saccagée a une autre explication: les pillages font partie d'un plan mûrement réfléchi "pour semer la terreur et désamorcer les protestations" contre Maduro.

Dans Santa Rita plongée dans la terreur et l'anarchie, les habitants craignent de ne plus avoir d'endroit pour s'approvisionner, dans un pays déjà soumis à une grave pénurie d'aliments et de médicaments.

Cela ne semble guère perturber une jeune fille qui, sous le soleil de plomb, se désaltère en buvant au goulot d'une bouteille de bière qu'elle vient de voler.

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