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A Carmaux, terre de Jaurès, des électeurs de gauche désabusés

"Ma fleur est fanée". A Carmaux, berceau du socialisme ouvrier sous la figure tutélaire de Jean Jaurès, les électeurs déçus par le hollandisme sont désabusés et ne savent pas quel bulletin mettre dans l'urne à la présidentielle.

A Carmaux, terre de Jaurès, des électeurs de gauche désabusés
Une habitante devant le buste de Jean Jaurès le 3 février 2017 à Carmaux - ERIC CABANIS [AFP]

"On est déçus du système, un système dont on ne veut plus", s'écrie une employée de la plus vieille mairie socialiste de France, depuis 1900.

"Il n'y a pas grand chose à attendre de la présidentielle", renchérit Adeline, une jeune mère de famille ergothérapeute devant les étals du marché. "Hollande n'a pas fait spécialement bouger les choses".

"Lorsque Jean-Christophe Cambadelis est venu, je n'ai pas été l'accueillir. Ma fleur est fanée", témoigne Pierre Santoul, 85 ans, un vieux militant PS qui vend ses salades sur le marché.

Mais "je veux cultiver malgré tout un pied porteur d'un bouton de rose", poursuit l'ancien directeur de l'école Jean Jaurès, qui a "accueilli Benoît Hamon" pendant la campagne de la primaire.

A Carmaux (Tarn), l'âge d'or de l'industrie minière est fini depuis 1997. Avec la fermeture des mines, la ville a perdu plus de 4.000 habitants, soit près d'un tiers de sa population, en près de cinq décennies, le chômage est monté en flèche au même rythme que la pauvreté, atteignant des taux de près de 20% (chiffres Insee, 2013).

Dans ce bastion de gauche de 9.500 âmes, François Hollande avait récolté 70,8% des suffrages au second tour de 2012 (près de 42% au 1er tour).

Deux ans après, venu commémorer les 100 ans de la mort de Jaurès, il était hué par des manifestants: "Monsieur le président, vous ne tenez pas vos promesses! Pensez à nous! Jaurès ne parlait pas comme ça!", l'avait interpellé une habitante.

Aujourd'hui, les critiques sont encore plus virulentes. Et le "ras-le-bol" général, Jean-Marie Buchard, propriétaire du bar "le Gambetta", assure l'entendre enfler derrière son zinc.

"Quand mes clients discutent, je sens monter l'écoeurement. Il n'y a personne pour leur apporter ce qu'ils attendent", déplore cet ex-électricien et syndicaliste CGT qui dénonce "le virage à droite" du PS, "la trahison" de Hollande.

Ce Ch'ti s'était installé à Carmaux en 2000 avec "l'espoir de tomber sur des camarades" et de "retrouver du travail". Aujourd'hui, il avoue sa déception. En cause: "le repli sur soi" de la cité ouvrière et même la "montée du racisme".

Nostalgie

A l'ombre de la statue de Jaurès, où François Mitterrand avait lancé sa campagne en 1981, le FN souhaite surfer sur le filon de la nostalgie des gueules noires pour s'enraciner.

Après un score de 17% à la dernière présidentielle, le parti d'extrême droite a remporté trois sièges aux municipales et son vice-président Louis Aliot a fini à seulement trois points derrière la socialiste Carole Delga (35%) aux régionales.

"Les politiques, c'est fripouille et compagnie", critique Francis, ex-mineur de 80 ans et frontiste de longue date.

"A l'époque j'aurais voté Jaurès. Aujourd'hui, il n'y a pas d'alternative" à Marine Le Pen, renchérit Jean-Marie, agriculteur de 51 ans, remonté contre la politique étrangère de Hollande: "A cause de l'embargo russe, je gagne trois euros de l'heure".

Devant une boulangerie, communistes et militants FN battent campagne à cinq mètres les uns des autres. "Il y a quelques années le FN aurait été chassé. Maintenant, il a pignon sur rue", s'agace Laurent Léopardi, conseiller municipal FG.

"A Carmaux, le FN bénéficie de l'abstention, du vieillissement de la population et de nos divisions", observe un responsable local socialiste.

Au Gambetta, la "France insoumise" reste toutefois à l'honneur. "Des tribuns comme Mélenchon me donnent envie de me battre", lance Alain, 61 ans, infirmier. "S'il n'est pas au second tour, je me pends", renchérit son collègue Dominique, 62 ans.

Quant aux propositions des candidats, personne n'y croit.

Gilles Jeanjean, ancien mineur reconverti en magicien, ne s'illusionne pas. Mitterrand, Royal hier ou Hamon, Mélenchon aujourd'hui, "tous se revendiquent de Jaurès", remarque ce partisan de Philippe Poutou (NPA), "mais lors des grèves, Jaurès était avec les grévistes, alors que la gauche, elle, envoie les CRS".

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